Chapitre 13 : Franchir le cut (Partie 2 : coup de stress)

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En entrant dans le golf, Mike et Joseph rencontrèrent les premiers participants qui se rendaient sur les greens.Le bas de tableau commençait toujours la compétition en premier, puis on remontait le classement au fil de la journée. Les joueurs passèrent comme la veille pour signer le cahier de pointage, récupérer leur matériel avant de pouvoir pénétrer dans la zone d’entraînement. Mike espérait pouvoir taper dans la balle et lâcher ses coups.

– Je passe au restaurant récupérer les bouteilles d’eau.En attendant tu devrais manger un morceau, proposa Joseph.

Il partit de ce pas vers le club house, et en chemin, croisa une jeune femme qui l’interpella.

– J’espère que notre télescopage d’hier n’a pas laissé de bleus ?

– Bonjour mademoiselle, non rassurez-vous, tout est rapidement rentré en ordre.

– D’après mon père, vous officiez en tant que caddie, voilà une grande responsabilité.

– Un peu, mais le joueur que j’accompagne est toujours bienveillant.

– Mon père qui apprécie particulièrement ce sport, après la première manche pense qu’il est prometteur. Je vous souhaite beaucoup de réussite.

– Merci bien mademoiselle, croiser votre route fut un plaisir.

En la quittant, il réalisa qu’il ne lui avait même pas demandé comment elle s’appelait. Il se retourna pour voir si elle était encore là, mais au milieu de cette foule, elle semblait s’être évaporée.

Mike était déjà sur le practice et enchaînait les frappes et semblait tellement concentré qu’il n’entendit pas Joseph lui parler. Il était dans son monde, cherchant le geste juste.

– Mike, nous devons y aller, j’ai entendu qu’ils annonçaient le départ de notre partie.

– Ok, je te suis.

– Tout va bien mon grand ?

– Super, allons-y.

Ils arrivèrent au départ du trou suivant, Wilco Nienaber était déjà là avec son caddie.

– Bonjour, Mike.

– Ravi de pouvoir jouer avec toi, j’ai vu tes résultats d’hier, je pense que nous allons pouvoir passer une bonne journée.

– Tout à fait d’accord, tu es un adversaire de choix.

– Et nous n’attendons pas le troisième joueur ? demanda Joseph.

– Non il vient d’être annoncé forfait, ajouta le caddie de Nienaber.

– Ce n’est pas de chance pour lui, regretta Mike.

Cet échange des plus cordiaux fut particulièrement apprécié des spectateurs présents. Le premier à entrer en lice fut Wilco, c’était l’un des fairways les plus larges du golf, il fallait rester prudent avec les hors limites à droite et à gauche. Avec ses trois cent soixante-seize yards, il pouvait sembler court pour un par quatre. Wilco visa à gauche, vers le buisson d’ajoncs au bord du Swilcan Burn. Mike commença par placer sa balle dans le Ruff bord du hors limite droit. C’était se mettre dans une situation inconfortable dès le début. Et cela se confirma par un par, là où son adversaire fit le birdie.

– Bon et bien ça s’est fait, annonça-t-il à Joseph avec un peu de résignation.

– Non, un départ un peu hésitant c’est tout. Tu as voulu trop en mettre.

Joseph perçut la nervosité qui gagnait Mike, pourtant il n’y avait pas de raison. C’était un peu tôt. Alors qu’il était en chemin pour le trou numéro deux, Joseph se rapprocha de Mike qui semblait perdu dans ses pensées. Il resta à ses côtés sans dire un mot.

Nienaber se plaça au départ du trou numéro deux, il avait remporté le précédent et gagnait ainsi le privilège de débuter. Il s’agissait d’un par cinq avec quatre cent onze yards. Wilco s’était muni de son driver, il voulait marquer le coup. Il se plaça à gauche du tee pour éviter les bunkers et les ajoncs qui se trouvaient sur la droite. Des applaudissements montèrent du public, il venait de réaliser un sacré coup se plaçant idéalement à droite du bunker. Il était parti pour réaliser un deuxième birdie consécutif.

Mike semblait perdu, hésitant entre son drive et son fer. Comme une marionnette à qui on venait de couper le lien qui l’unissait à l’artiste. Tel le pantin, il avait perdu tous ses repères, Mike errait sur l’aire de départ. Joseph commençait à s’inquiéter sentant la nervosité s’installer chez son protégé. Tous les regards étaient tournés sur lui, s’il prenait trop de temps, il récolterait d’un avertissement. Mais ce qui était le plus surprenant, c’est qu’il ne réagissait pas, jusqu’à ce que Joseph prenne les choses en main.

Il attrapa le driver encore emmailloté dans sa chaussette, et le tendit à Mike sans prendre la peine de l’enlever. Cette tâche incombait en principe au caddie, qui préparait le matériel et le donnait au joueur. Là il se garda de le faire, voulant provoquer une réaction. Au contact du lapin Jamy, Mike eut comme un électrochoc, comme si le doudou venait de le ramener à la vie. C’était ce que Joseph voulait, et il avait réussi son pari. Alors le driver en main, Mike se présenta face au tee et sans aucune préparation, il frappa la balle. Celle-ci s’envola et libéra toute la nervosité qui avait tétanisé le jeune homme. Ce jet fut une réussite, la balle roula sur le fairway pour aller se poser juste à côté de celle de Nienaber.

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