• Quel coup ! Ce Mike Alistair Conroy est un joueur très intéressant, lança le journaliste.
• Oui, et il est bien parti pour être présent sur les deux journées à venir, enchaîna son collègue.
• Dommage que le réalisateur ne nous laisse pas sur cette partie. Ces deux jeunes gens sont en train de nous bluffer.
• Et tous les deux ont un drive impressionnant, sans pour autant dire que leur frappe soit forcée.
• Oui, d’ailleurs Mike est plus fluide dans ses mouvements.
• Et il a une qualité de putter tout aussi intéressante.
• Une belle doublette, je pense que nous devrions les revoir rapidement.

Olivia s’émerveilla de voir son petit-fils aussi à l’aise dans ce monde, il était à son affaire. Elle était fière de l’homme qu’il était devenu et eut une pensée pour sa fille et son beau-fils qui avaient mis le meilleur d’eux dans cet enfant. Pour être dans le « Cut », il fallait maintenir son avance sur les quatre derniers trous. Les poursuivants avaient terminé, il ne restait que peu de place. Le trou numéro quinze installa le doute en Mike, il venait de faire un double-bogey, après son coup de départ il avait perdu sa balle, avait dû droper pour finir sur le green par une balle qui effleura la lèvre, tournant autour pour finalement s’arrêter juste au bord sans ne jamais tomber. Joseph l’intercepta dès que Mike récupéra la balle, sentant qu’il était temps de lui offrir un petit peu d’oxygène. Mike ne montrait jamais sa frustration ou sa colère, là où certains auraient pu jeter la balle un peu sèchement au caddie ou lancer le putt. Mike se contenta d’avancer lentement vers le sac, rangea lui-même son putter, glissa la balle à Joseph et prit son carnet pour écrire une note.

« Toujours garder le contrôle de soi » et il le posa dans sa poche. À ce moment-là, Joseph lui tendit la bouteille d’eau.

• Merci Grand-Pa, tu es un précieux caddie, tu es mon meilleur atout.
• Nous en reparlerons ce soir, quand tu m’offriras un whisky pour fêter le « Cut ».

Après avoir réalisé le par au trou numéro seize, il devait se ressaisir pour n’avoir aucun regret. Alors qu’il consultait son carnet, un petit dessin s’en échappa, qu’il s’empressa de ramasser. C’était le cadeau d’Harrold et il se rappela du petit mot qu’il avait laissé « mon héros ». Il ne pouvait pas le décevoir ni tous ceux qui croyaient en lui, Arthur, Henriett, le Comte O’Brian et Grand-Pa. S’il ne le faisait pas pour lui, alors pour qui d’autre . Il arracha un birdie au trou dix-sept qui lui permettait de continuer d’y croire. Il jeta un coup d’œil sur le tableau de bord. Le dernier trou se présentait comme le dernier obstacle à franchir, la dernière montagne à gravir. Il lui fallait un maximum de concentration, de confiance en soi. Il prit son drive, ses doigts effleurèrent les mots que le Comte avait fait graver et il exécuta un dernier swing tout en maîtrise. Mike suivit la balle du regard, il voulait garder le contrôle de la situation. Les deux joueurs conclurent leur parcours avec chacun un birdie en poche. Ils se saluèrent chaleureusement, Wilco était à moins dix en dessous du par le plaçant dans les cinq premiers. Mike lui était moins sept.

• T’inquiète pas Mike, tu seras sur le green demain, lui dit Wilco, tout en serrant la main de Joseph.
• Il y a encore cinq joueurs susceptibles de me sortir, ajouta Mike.
• Regarde, il y en un qui vient de faire un double bogey, ça libère de l’espace, annonça Joseph.
• Allons signer nos cartes Wilco si tu veux bien, j’attendrai de voir ce qu’il en est.

Mike et Joseph se rendirent vers le club house après avoir réglé les parties administratives. Ils s’installèrent dans deux fauteuils quand Olivia les rejoignit. La salle était équipée de télévisions, et permettait de suivre les derniers participants sur le parcours. Les deux hommes en tête de classement étaient sur le point de finir à leur tour et le suspens était entier. Il y avait une certaine euphorie liée au tournoi et une atmosphère étrange dans la pièce. Mike ne tenait plus en place il était à l’heure actuelle vingt cinquièmes. Pourtant les cinq hommes encore sur le parcours pourraient lui voler cette chance de poursuivre l’aventure.