Le début du parcours fut mitigé mais régulier. Mike se présenta au départ du trou numéro dix, au nom emblématique de Bobby Jones, en ayant enchaîné neuf pars, résultats la plupart du temps dû à un départ timide. Joseph avait rapidement vu que son champion retenait ses coups sur cette première partie, voulant surement préserver son pouce. Une fois sur les greens, putter en main c’était une tout autre histoire et ses approches étaient à la hauteur de l’événement.

Ces deux adversaires quant à eux alternaient birdies, par ou bogey, ce qui permettait à Mike de rester dans la course avant l’entrée des leaders qui eux affichaient une carte de moins douze à l'issue des deux premiers tours.

Mike était driver en main prêt à en découdre avec ce par quatre. Il avait été trop timide jusqu’à présent, s’il voulait entrer dans le top dix, il se devait de revenir à la hauteur des meilleurs et se montrer plus offensif. Il se plaça face à la balle, ne la quittant pas de yeux, il fallait à tout prix la poser à droite sur le fairway. Son bras s’élança, et garda le contact avec le projectile le plus longtemps, tout en ramassant le tee, il savait qu’il avait réussi le coup. Il avait envoyé la balle à deux cent seize mètres, elle rebondit sur la petite butte et roula juste assez pour lui permettre un second coup bien plus favorable et qui sait aller chercher son premier birdie. Il pourrait ainsi le passer à moins huit en dessous du par. Joseph déposa une petite tape sur l’épaule de Mike

– Ça c'est fait, allez il ne te reste plus qu’à conclure.

– Oui, plutôt satisfaisant, et puis c’est le moment le temps semble vouloir tourner à l’orage.

Les nuages se faisaient de plus en plus menaçant, le vent lui tournoyait, ne facilitant pas les choses et surtout la température venait de chuter. C’était le bon moment pour attaquer le trou numéro onze, un par trois, où il était difficile de trouver le green, il s’inclinait de l’arrière vers l’avant. Finalement ce fut une formalité et il gratifia la foule amassée au bord d’un second birdie là où ses deux partenaires se contentèrent d’un par.

Les premiers entraient dans la danse et Mike avait refait son retard avant d’entamer le trou numéro douze. Sa carte était de moins neuf à trois coups des leaders. Il était au départ, et à cet instant, il prit conscience que rien ne pouvait l’arrêter. Il ne voulait surtout pas décevoir, ceux qui croyaient en lui. Même si son pouce le picotait, il avait assez retenu ses coups, il avait assuré l’essentiel, maintenant il allait pouvoir attaquer la balle comme il aimait à le faire, quand il était sur le practice.

Depuis tout petit, il éprouvait une certaine liberté, quand son driver venait entrer en contact avec la balle, et que celle-ci s’envolait, disparaissant un bref instant, jusqu’au moment où son œil averti l’a repérée, poseée, là où il le souhaitait. Joseph l’observait avec attention et quand il perçut le fer qu’il avait choisi pour ce par quatre, fondre sur le projectile, il sut que Mike allait en mettre plein la vue.

– Quel coup ! lança le journaliste à son collègue.

– Ce jeune homme a vraiment un swing très élégant, il est capable de mettre beaucoup de vitesse sans qu’on ait le sentiment de le voir forcer.

– La balle s’est posée idéalement à gauche du fairway, évitant ainsi les bunkers du milieu que l’on ne peut voir du départ.

– Oui et avec la vitesse et l’effet, elle a profité d’un rebond favorable pour rouler jusqu’au bord du green.

– Allons-nous voir le premier eagle du tournoi ?

– Surtout que jusqu’à maintenant, il nous a montré toute sa maitrise sur le green, et qu’il avait le sens des trajectoires pour putter.

– Je pense que la présence de son caddie est un plus, il y a une vraie complicité entre les deux hommes.

– Leur histoire est loin d’être des plus banales. Il est accompagné de son grand-père pour sa première participation sur un tournoi pro.

– Voilà une belle marque de reconnaissance.