Mike et Joseph avancèrent jusqu’au green et patientèrent jusqu’à l’arrivée de ses collègues qui s’étaient eux égarés dans les bunkers. Mike n’avait pas réalisé que sa balle était aussi idéalement placée.

– Alors là, tu leur en as mis plein les yeux, lui lança Joseph.

– Attends un peu que j’ai dompté le green.

– Méfie-toi, il y a une légère pente à droite puis un retour rapide vers la gauche.

Joseph tendit le club à Mike qui le saisit avec assurance. Ses yeux ne trompaient pas son grand-père, sa détermination était telle, qu’il n’y avait aucune place à l’approximation. Ils se concertèrent du regard, un bref instant, et Mike positionna ses appuis.

– Moment décisif, nous allons pouvoir voir de quel bois est fait ce jeune homme, dit le journaliste.

– Tout à fait, je serai curieux de connaitre ses capacités face à la pression.

– Et surtout, cela lui donnera la possibilité de prendre la troisième place.

À quelques centaines de kilomètres de là, Harrold était assis sur les genoux de son arrière-grand-père, leurs visages ne pouvaient pas quitter l’écran de télévision. Ils n’avaient même pas entendu Grand-Ma, quand elle leur avait déposé leur encas.

– Vas-y Mike, c’est toi le meilleur, cria Harrold.

– Allez Mike, c’est à toi de leur montrer que tu as ta place chez les Pros, ajouta le Comte.

– Tu crois qu’il va réussir ? demanda Harrold avec empressement.

– Nous en allons en avoir le cœur net, ça y est la balle est partie.

– Allez, avance, avance, avance, encouragea Harrold.

– Encore un effort, ajouta le Comte Harry.

La balle roulait sur le green, comme si elle était télécommandée, elle semblait suivre un rail invisible.

– Oui, il l’a fait. Il a réussi.

Harrold ne tenait plus en place, en sautillant dans tous les sens dans la pièce, le Comte allait l’imiter, quand sa jambe le rappela à l’ordre.

– Oui Harrold, Mike a réussi un eagle, deux en dessous du par. C’est le seul pour l’instant. Et regarde il est à la troisième place.

Mike ramassa la balle, il avait un sourire, qui ne trompait pas. Il venait de réussir un des coups majeurs de la journée, et peut-être du week-end. Il envoya la balle à Grand-Pa, qui l’attrapa avec facilité puis il rangea lui-même son club dans son sac. Il saisit son carnet pour ajouter une petite note. Joseph lui tapa sur l’épaule, et n’eut pas besoin de dire quoi que ce soit. Mike sentit son cœur vibré, il était tellement fier, de ce qu’il venait de réaliser. Il passait à moins onze, à un coup du leader. Il reçut un geste amical de Rozner qui avait apprécié son coup. Les trois hommes avancèrent avec leur caddie en direction du trou numéro treize quand un éclair zébra le ciel au-dessus de l’océan.

Les officiels ne pouvaient attendre plus longtemps, un long signal sonore se fit entendre signifiant l’interruption immédiate de la compétition, le public et les sportifs devaient dans le calme rejoindre un point à l’abri.

Peu de temps après l’orage s’installa sur les cours, déversant une bonne quantité d’eau en peu de temps. Mike et Joseph avaient rejoint le club house, la salle pour les athlètes étaient une vraie fourmilière, où chacun discutait des coups jouer. Quand Mike entra, il fut salué par les joueurs qui avaient eu vent de son eagle, ne s’attendant pas à un tel accueil, il sourit et balaya la pièce de son regard.

– Eh bien mon grand, voilà une façon de marquer les esprits.

– C’est fou et tellement excitant, il me tarde de retourner sur les greens pour poursuivre mon objectif.

– Tu vas devoir patienter, les juges viennent d’annoncer que nous pourrons reprendre dans une heure.

– Bon en attendant, un thé cela te dit, pour nous réchauffer avec les gâteaux que Mumy nous a laissés, ce sera un petit encas bienvenu.

– Attends-moi là, j’y vais, je crois que le journaliste veut te dire deux mots, proposa Joseph.