Chapitre 16 : « Papa j’ai besoin de toi » (Partie 5 : Mr Duchay).

6 minutes de lecture

Céléna regarda avec tendresse partir ce monsieur qui lui avait tout du gentleman. Elle songea une fois de plus qu’elle ne connaissait que son prénom comment allait-elle pouvoir le contacter. Peut-être que papa le saurait ?

– Mon cœur, te voilà, je commençais à m’inquiéter.

– Papa j’ai tant besoin de toi, dit Céléna en éclatant à nouveau en sanglots dans les bras de son père.

Céléna ne voulait pas se laisser aller, et pourtant à force cela faisait beaucoup trop à encaisser. Tout semblait se compliquer et à chaque fois qu’elle faisait un pas en avant, elle prenait une claque.

Céléna s’assit dans l’herbe à côté de son père, l’agitation autour d’eux n’était qu’un bourdonnement dans ses oreilles, elle ne percevait que le battement de son cœur. Les mots glissèrent comme un flot, ne pouvant s’arrêter. Harold connaissait bien sa fille et ne voulut pas l’interrompre.

– À toute situation, il y a du bon, j’ai rencontré Joseph qui à chaque fois était là.

– Oui et il faut que tu me le présentes, je lui suis redevable.

– Je voudrai bien mais je ne connais que son prénom.

– Tu m’as dit qu’il avait une tenue de caddie et il me semble que tu m’en as parlé le premier jour.

– Ah oui, il était à côté du jeune golfeur que tu disais qu’il était prometteur.

– Je devrais facilement retrouver son nom, je regarderasi la liste des joueurs ayant franchi le Cut.

– Si tu veux bien, je vais rester avec toi le temps que les garçons arrivent.

Harold était ulcéré de tout ce qu’il venait d’entendre, il n’avait qu’une envie aller mettre les points sur les « i » avec Monsieur Duchay mais il savait que cela n’arrangerait rien. Il se mit à l’écart pour passer un coup de téléphone à l’inspecteur pour lui dire ce qu’il en était. Céléna, elle était restée assise au bord du parcours et elle regardait les joueurs évoluer dans leur élément. Elle était impressionnée par la précision de leur geste et commençait à mieux comprendre pourquoi son père était attaché à ce sport.

– Est-ce que tu veux que nous restions là pour voir les groupes suivants ou veux-tu poursuivre avec le même trio ?

– Je te laisse choisir après tout c’est toi l’expert.

– Suivons les, nous pourrons découvrir les prochains trous avant que les meilleurs commencent leur tour.

– Je te suis.

Céléna se prit au jeu, et être avec papa lui fit oublier ce démarrage de journée. Elle ne risquait pas de s’ennuyer et surtout ce samedi était loin d’être finie. Elle reçut un message de maman qui venait aux nouvelles, elle était encore sur place et en aurait pour plusieurs heures. Céléna lisait les mots les uns après les autres comme si chacun pansait les blessures qu’elles avaient en elle. Elle lui répondit tout en restant évasive, ne voulant pas l’inquiéter plus qu’elle ne devait l’être. De toute façon papa devait lui avoir raconter les péripéties. Ils avancèrent avec les golfeurs jusqu’au trou numéro 9, quand Harold proposa à Céléna d’aller manger un morceau au club house, si elle était partante.

– Oui, pourquoi pas, finalement j’ai très faim. Et puis j’ai vu le menu et il me semble à la hauteur de l’événement. Tu savais qu’ils avaient fait appel à un chef français pour l’occasion.

– Alors sans hésiter, allons goûter tu m’as donné envie.

Père et fille remontèrent la file des spectateurs de plus en plus nombreux, les leaders allaient entrer dans la danse et c’était un spectacle à ne pas manquer. Quand ils arrivèrent à la hauteur du trou numéro quatre, Céléna prit son père par la main et lui glissa à l’oreille

– Regarde, c’est Joseph là.

– Mais oui, je me souviens c’est le caddie de Alistair Conroy.

– Et bien maintenant je connais son nom, ce sera plus simple pour le remercier.

– Nous pourrions l’inviter à dîner à l’occasion.

– Oui ce serait une bonne idée, en plus il était jardinier avant sa retraite aussi j’avais songé peut-être lui demander des conseils pour les rénovations des extérieures de la distillerie.

Quand Céléna entra dans le restaurant, Hugh l’attendait.

– Je souhaiterai me faire pardonner pour ma maladresse. Je ne voulais pas vous froisser ou vous mettre mal à l’aise. Puis-je vous proposer de vous joindre à nous pour le déjeuner.

Harold regarda Céléna, ne comprenant pas trop ce qu’il en était. Il était amusé par la scène qui se jouait face à lui, ce grand jeune homme si sûr de lui dans les affaires semblait troublé en présence de sa fille.

– Mon père et moi serions ravis d’accepter votre invitation.

– Très bien, suivez-moi alors.

La table était dans la véranda, elle faisait face à l’océan, le ciel était toujours chargé, mais ce n’était rien face à l’orage interne que Céléna allait devoir traverser. Il était là assis avec son père comme si de rien n’était. Comment Mac Fish pouvait-il lui faire ça ? À moins que tout simplement, il ne sache pas. Elle vit les yeux de son père s’assombrir, les traits de son visage si doux étaient marqués. Que devait-elle faire pour que cela ne se transforme pas en un scandale ? Elle saisit le bras de son père, les muscles étaient tendus comme l’arc avant de décocher une flèche. Elle observa Hugh pour savoir si de son côté, il avait la moindre idée de ce qui se passait.

– Mademoiselle Mac Graigh, je voulais vous présenter M Duchay et son fils. Ils sont les généreux donateurs de notre tournoi cette année.

– Comment pouvez-vous me faire ça ?

Hugh regarda la jeune femme, ne comprenant pas ce qui lui arrivait mais rapidement il s’aperçut que quelque chose clochait, elle avait des larmes dans les yeux, elle serait le bras de son père pour éviter de ne pas tomber. Harold lui était toujours là debout très silencieux. Quand Monsieur Duchay se leva et tendit la main en direction d’Harold pour la lui serrer. Celui-ci eut un mouvement de recul, et malgré tout, prit sur lui pour lui serrer la main.

– Enfin nous nous rencontrons, je suis ravi de connaître le futur beau-père de mon fils.

Alors là c’était le pompon, on était en train de tourner un vidéo gag, Céléna se mit à éclater de rire.

– Vous plaisantez n’est-ce pas ? Vous avez décidé de me gâcher la vie encore longtemps. Le temps des mariages arrangés est révolu ! lança Céléna avec beaucoup de douceur voulant garder la maitrise de la situation.

De son côté Harold tenait toujours très fermement la main de Monsieur Duchay. Hugh réalisait que la situation était embarrassante et qu’il avait été manipuler lui aussi. Il se retourna vers Céléna et lui dit :

– Je ne savais pas ce qui allait se passer, je vous le promets. Mon directeur m’a demandé d’arranger ce repas pour son fournisseur.

– Je vous crois Hugh, vous n’y êtes pour rien. Ils sont tous les deux de grands manipulateurs. Ils ont abusé de votre gentillesse.

– Mais rassure moi, ce n’est pas…

– Si c’est bien lui, je te présente Martin Duchay, dit Céléna le regardant droit dans les yeux.

Martin n’avait pas encore ouvert la bouche, il se tenait au côté de son père comme un bon gros toutou docile. Finalement même lui n’avait aucun amour propre.

– Qu’est-ce que je peux faire pour rattraper la situation ? demanda avec inquiétude Hugh.

– Rien de plus, c’est déjà trop tard. À au fait, c’est lui le producteur du vin que vous m’aviez fait gouter et comme leur produit ils sont fades et insipides, ils piquent en bouche et on les digère difficilement.

Céléna le dit avec assurance, elle semblait avoir repris ses esprits. Elle regarda père et fils et leur annonça sans aucunes craintes

– Messieurs vous êtes ici sur ma terre d’Ecosse, et en tant que tels, vous n’êtes pas les bienvenus. Vous pouvez baratiner qui vous voulez, mais moi je ne tomberais pas dans vos filets. Aussi maintenant je vous demanderais de prendre vos cliques et vos claques et allez voir ailleurs.

Harold et Hugh la regardèrent avec attention, ils n’osèrent ni l’un ni l’autre l’interrompre.

– Donc écoutez moi bien, je ne veux plus rien avoir à faire avec vous. Je pense que raisonnablement vous devriez aller voir ailleurs si j’y suis. Quant à toi Martin, tu m’as assez gâché la vie, tu dois grandir et ce n’est pas en essayant de m’enlever que tu vas le faire. Quant à vous Monsieur Duchay se serait vous accordez une bien trop grande faveur de venir dans votre famille. D’ailleurs, je ne sais pas quelle fille pourrez l’accepter. Vous ne valez pas mieux que votre fils. Retournez à Bordeaux et restez-y. Maintenant excusez-nous, mais nous avons bien mieux à faire avec mon papa. Hugh pardonnez-moi, je vais allez manger à une autre table.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Attrape rêve ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0