Céléna tourna les talons, laissant planter là le père et le fils. Elle avait dit ce qu’elle avait à dire, il tira son père par la main, ne voulant pas lui laisser le temps de faire quoique ce soit qu’il aurait par la suite regretter. La seule chose dont elle était persuadée c’est qu’ils n’en resteraient surement pas là. Mais là, au milieu du restaurant bondé, ils n’oseraient pas.

– Céléna, si tu veux, nous pouvons aller manger ailleurs, suggéra Harold.

– Non surement pas, je ne veux pas leur faire se plaisir, et puis là au moins ils sont à porter de vue.

– Je vais appeler l’inspecteur au cas où.

– Non surtout pas, il en tirerait profit.

– Par contre, j’irai dire ma façon de penser au directeur et lui dirait ce qu’il en ait de ses hôtes.

– Laisse tomber papa, ils n’en valent pas la peine. Allez, mangeons, tous ses plats me font bien envie. Et puis de cette table, tu vas pouvoir continuer à suivre le tournoi.

– Tu me surprendras toujours, tu tombes et tu te relèves encore et encore.

Céléna apprécia le repas avec son père, dégustant chacun des mets proposés en prenant tout son temps. Il était toujours là, quand elle avait besoin de lui, il était attentif tout en lui permettant de la laisser faire ses propres choix. Il était cette épaule où elle pouvait venir se poser. Il avait toujours su trouver les mots pour la réconforter, l’encourager. En le regardant, elle songea à la chance qu’elle avait et surtout elle comprenait l’amour que maman avait pour lui. Comment avait-elle pu se laisser berner par Martin ? Il était tout le contraire de l’homme attentionné et bienveillant qu’elle méritait. Elle savait parfaitement que le prince charmant n’existait pas et pourtant son père y ressemblait alors surement qu’un jour elle aussi pourrait-elle partager ses sentiments avec un homme. Alors que Céléna imaginait sa vie de femme mariée et de maman, Harold s’écria :

– Mais quel coup ! Il a réussi un eagle. Il est vraiment prometteur ce jeune.

Céléna leva les yeux vers son père, elle était heureuse de le voir plus détendu. Puis elle posa son regard sur l’écran pour voir ce qu’il en était. Et elle fut surprise de découvrir Joseph qui venait de récupérer la balle que le golfeur lui avait envoyé.

– Dis-moi, papa tu penses que je suis une fille facile et provoquante.

Harold ne s’attendait pas à une telle question et répondit aussitôt.

– Bien sûr que non, qui t’a mis cette idée en tête, c’est si peu te connaître. Je crois que j’ai ma petite idée de la personne qui a pu dire de tel propos. C’est un idiot, voilà tout.

Le téléphone bipa, un sms venait d’arriver.

– Mince quelle heure est-il ?

– Quatorze heure trente !

– C’est les garçons, ils m’attendent sur le parking. Il faut que je les rejoigne. Et ensuite il faut que j’aille récupérer la commande à l’aéroport à Edimbourg.

– Tu y vas toute seule.

– Oui, les garçons en ont déjà assez fait.

– Je t’accompagne alors.

– Non ça va aller et puis maman doit te rejoindre, elle vient de m’envoyer un message, elle a terminé, elle arrive.

– Tu es sure, avec Martin dans les parages.

– Oui, il n’y a aucun risque qu’il me suive. Je crois qu’il a déjà trouvé des bras pour se consoler.

– Bon laisse-moi t’accompagner jusqu’au parking.

– Oui si cela peut te rassurer.

Sam et Christophe avaient mené leur mission à bien, Céléna avant de partir leur demanda un dernier service pour la journée en les sollicitant pour aller déposer les cartons dans le bureau de Hugh qui serait fermé à double tour. Un peu de prudence était la bienvenue. Harold et les garçons regardèrent Céléna s’éloignait, elle semblait si sereine et eux si inquiets. Harold suggéra à Christophe de garder un œil sur Martin, voulant s’assurer qu’il ne la suivrait pas. Puis il appela l’inspecteur.