Dans la grande salle de réception pour le gala du soir, Isabel achevait les préparatifs en compagnie d’Olivia. Les deux femmes s’appréciaient particulièrement et avaient passé une bonne partie du week-end ensemble. La veille, elles avaient organisé un repas avec leurs maris respectifs. Joseph et Harold avaient rapidement sympathisé, ils avaient passé leur soirée à parler de golf et de whisky chacun partageant sa passion avec l’autre. Leurs femmes les avaient écoutés avec attention, leurs regards ne pouvaient tromper personne, ils étaient remplis d’affection, d’amour et de fierté pour les hommes qui partageaient leur vie depuis bien des années. Joseph avait pris des nouvelles de Céléna et dès ce moment-là leurs échanges tournèrent autour de leurs enfants. Isabel qui avait eu l’occasion de discuter avec Olivia savait qu’elle était la situation. Harold quant à lui découvrit que Mike était leur petit fils et réalisa alors qu’il était aussi intervenu pour sauver sa fille des griffes de ce maudit français. Isabel était plongée dans ses pensées quand Olivia l’interpella.

– Je pense que tout est en ordre. Est-ce que je peux te laisser ? Je voudrai profiter du dernier tour de Mike sur les greens, je lui ai promis d’être présente.

– Bien sûr, j’ai déjà pris de ton temps, de toute façon j’ai fini et si tu veux je t’emmène. Harold et Céléna doivent aussi m’attendre.

– Merci, j’accepte avec plaisir.

Les deux femmes filèrent en direction du Old Course ne se doutant pas ni l’une ni l’autre que cette journée allait être mouvementée et accompagnée d’un flot d’émotions.

Au club House, Christophe et Sam avaient repéré Martin qui errait au bar, s’enfilant whisky sur whisky. S’il était là, ils n’avaient rien à craindre, ils hésitèrent un moment. Devaient-ils aller le voir ou simplement devaient-ils se contenter de le surveiller de loin et ensuite rejoindre Céléna.

– Sam, il a l’air de vouloir se saouler.

Laissons-le là et rejoignons Céléna. Cela fait deux messages que je lui envoie et que je n’ai aucune réponse.

– Allons-y, de toute façon si nous sommes avec elle, il n’osera pas se montrer ou entreprendre quoi que ce soit. Il s’est déjà assez fait remarquer ces temps, je pense qu’il va éviter à nouveau de le faire.

– Tu as raison et Céléna doit avoir fini, nous irons ensuite rejoindre son père sur le parcours.

– Oui peut-être que nous pourrons encourager Mike.

Christophe et Sam se dirigèrent vers la cave. Martin surveillait du coin de l’œil et quand il les vit disparaitre à son tour, il se dirigea vers la sortie. Il semblait vouloir suivre un joueur qui venait de partir en direction de la plage.

– C’est étonnant, je viens de descendre et je n’ai pas trouvé Céléna lança Hugh Mac Fish qui venait à la rencontre des jeunes hommes.

– Oui d’autant qu’elle devait nous appeler quand elle aurait terminé pour qu’on l’aide à remonter les caisses.

Christophe arriva dans la salle voutée et dès qu’il aperçut la table où elle avait travaillé, il sut aussi sec que quelque chose clochait.

– Ce n’est pas normal, lança-t-il ! Sam remonte voir si Martin est toujours là.

– Qu’est-ce qui vous fais penser qu’il y a un problème ? s’enquit Hugh.

– Ses affaires sont étalées sans logique et quand on connait bien Céléna ce n’est pas possible.

Sam remonta en courant les escaliers, son cœur s’accéléra quand il découvrit que Martin n’était plus là. Il repartit aussitôt en sens inverse en s’écriant

– Il n’est plus là !

– J’en était sur et regarde ce que je viens de trouver.

Christophe tendit le papier qui était en boule sur la table, encore un indice, Céléna ne froissait pas ses brouillons, elle les déchirait toujours en petits morceaux. Sam le prit pour le lire et avant qu’il n’ait le temps de dire quoique ce soit, Hugh le devança

– La bouteille qui avait été volée, elle est là dans le carton !

– Appelons au plus vite Harold, je crains le pire.

Quelques minutes après avoir reçu le coup de fil de Christophe, il arriva essouffler. À son tour, il prit connaissance du mot qui ne le rassura pas plus.

– Il faut prévenir au plus vite l’inspecteur, annonça Hugh.

– Non attendez juste un moment, pour quel motif la bouteille vient de réapparaitre, les preuves viennent de s’envoler et le mobile avec.

– Mais pour la disparition de votre fille.

– Nous n’avons aucune preuve, si ce n’est ce brouillon.

Joseph apparut à son tour, le regard livide.

– Harold, on vient de me transmettre ceci. J’ai tout de suite compris qu’il y avait un problème en le voyant.

Joseph tendit la broche à Harold qui l’attrapa, ses mains tremblées, il ne savait plus quoi faire.

– Qui te l’a donnée ?

– Une jeune femme me l’a posée et elle est partie d’un coup d’un seul. Je n’ai pas eu le temps de la voir, tout s’est passé trop vite. Et le temps que je réalise ce qu’elle venait de me donner, elle avait disparue.

– Pourquoi à toi ?

–Surement parce que les deux fois où Céléna a perdu sa broche, les deux fois c’est moi qui lui aie rendu. Elle a dû penser que cela serait plus simple de me la transmettre et que je comprendrai qu’elle avait un problème.

– Il faut que nous retrouvions au plus vite cette femme, elle est forcément au courant de quelque chose. Joseph est-ce que tu peux nous aider ?

– Je vais essayer.

– Mais Mike ne t’attend pas, lança Sam.

– Je vais le prévenir que j’ai quelque chose d’urgent à faire. De toute façon il entre en jeu, seulement dans deux heures et il vient de partir en direction de la plage pour s’aérer et se mettre en jambes.

– J’appelle l’inspecteur, proposa Hugh.

– Oui, je pense que nous n’avons plus de temps à perdre en espérant que cela ne soit pas déjà trop tard.

– Joseph et moi allons voir si nous pouvons retrouver la femme qui lui a donné la broche.

– Ok, avec Sam, nous allons chercher Martin, il ne doit pas être bien loin.

– De mon côté, je vais demander à mon service d’étage de faire l’inspection de toutes les chambres.

– Très bonne idée Hugh, remercia Harold.

– Hugh, un dernier service s’il vous plait. Nos femmes sont en route pour le Old Course où elles devaient nous rejoindre, pouvez-vous leur proposer une table et surtout ne leurs dites rien. Je vais les prévenir que nous avons un contre-temps.

– Je m’en occupe tout de suite, comptez sur moi.

Tous partirent à la recherche du moindre détail, il fallait à tout prix retrouver Céléna avant que cela ne tourne mal.