Chapitre 18 « Et si … » (Partie 1 : encore !)

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Il était là devant lui, toujours prêt à en découdre. Décidemment ce jeune homme était tenace, que lui voulait-i ? il l’avait perturbé dans ses plans, là il devenait lourd ! Sa seule certitude à cet instant, c’était qu’il n’avait plus le choix. En venir aux mains, n’était toujours pas une bonne idée, et pourtant comment faire autrement ? Il venait à nouveau de lui asséner un coup. Ça commençait à bien faire ! Il n’avait rien de semblable à un punchingball et il ne voulait pas se retrouver en miettes. Personne ne pouvait l’aider, il l’avait entrepris à la sortie de sa séance, alors qu’il déambulait sur la plage avant son entrée sur les greens. L’avait-il suivi ? Comment avait-il pu se retrouver dans une telle situation ? Les seuls témoins présents à cette heure, planaient sur l’océan. Le soleil commençait à chauffer et l’aveugla au premier impact. Mike se releva, attrapa Martin par le bras et le poussa au sol. Il avait bien envie de déverser sa colère, mais se refreina aussitôt et s’assit à califourchon sur lui.

  • Bon maintenant, ça suffit. Ça fait deux jours que tu t’en prends à moi. Donne-moi vite une bonne raison.

Martin le regardait droit dans les yeux, il ne semblait pas l’entendre, et il ne lui répondit pas. Mike le secoua pour le faire réagir, il était temps d’avoir une vraie explication.

  • Parle. Je n’ai aucune envie de me battre avec toi. Je ne sais même pas pourquoi je devrais en arriver à de telles extrémités.

Pour seule réponse, Martin essaya de se libérer, c’était sans compter que Mike était plus costaud que lui. La première fois, Mike n’avait pas rendu de coup, là il en était autrement.

  • Bon finit de jouer, crache le morceau.
  • Non, tu devras en venir aux mains.
  • Hors de question ! Je ne m’abaisserais pas à de tels actes.
  • Dommage pour toi, je ne dirais rien de plus.

Ça bouillait en Mike, le dilemme s’installait. Que ferait-il sur un parcours ? S’il se retrouvait dans une telle situation, avec un adversaire aussi peu enclin à se comporter en gentleman. Il devait se montrer plus malin, ou essayer de gagner sa confiance pour gagner du temps. L’océan calme contrastait avec la scène qui se jouait sur la plage. Et toujours personne ne pointait son nez. Mike se faisait un tas de film dans sa tête, sans pour autant avoir les idées claires.

Et surtout dans moins de vingt minutes, il allait devoir se présenter dans la chambre d’appel avant son dernier tour. Il songea à Grand-Pa qui devait l’attendre et qui sait peut-être s’inquiéter. C’était son jour, celui où il pourrait s’affirmer en tant que golfeur pouvant intégrer le circuit pro. C’était son heure et rien, ni personne ne pourrait le priver d’arpenter le parcours à côté de ses maîtres et qui sait faire jeu égal. Là pour l’instant, il devait supporter Martin et ses errances, ne comprenant toujours pas ce qu’il devait faire. Agir, en lui mettant à son tour son poing dans le visage, ce serait sans intérêt et même pire entraînerait des blessures qui pourraient être pénalisantes, club en main. Réagir à l’agression, ne serait pas plus positif, cela ne conforterait Martin que dans son goût de la bagarre. Des coups seraient échangés et peut-être qu’ils ne pourraient pas s’arrêter. Mike détestait le conflit, c’est à ce moment-là qu’il sentit le désespoir du jeune homme, les yeux dans le vague. Il était désemparé face à un tel désarroi. Mike se trouvait sur cette plage en désagréable compagnie, et le temps qui filait, la situation, elle se figeait. Il était toujours assis sur Martin, qui s’était résigné, ne bougeant plus. De loin, on aurait pu penser à un couple d’amoureux, s’enlaçant, profitant de cet espace idyllique, seuls au monde. En songeant à cette perspective, Mike sourit et s’assit à côté de Martin, qui en profita pour se lever d’un bond. Mike ne bougea pas.

  • Bon allez, maintenant que tu as retrouvé ton calme, pouvons-nous discuter d’homme à homme ?
  • Je ne suis pas sûr d’en être capable, chuchota Martin.
  • Je ne comprends pas ce que je t’ai fait, ce que tu attends de moi.
  • Tu as gâché ma vie, lança Martin avec un trémolo dans la voix.
  • Je ne te connais même pas, je t’ai juste empêché de faire quelque chose de stupide.
  • Tu ne connais rien de mon histoire.
  • Oui et pourtant, je t’ai vu avoir des gestes déplacés avec cette jeune femme et je ne peux l’accepter.
  • Tu as tout gâché, répéta Martin, tout gâché, je suis sure qu’elle m’aurait suivi, qu’elle serait revenue avec moi.
  • Tu ne peux pas l’obliger à faire des choses contre sa volonté de ce que j’ai compris, tu n’en n’es pas à ta première fois.
  • Ils sont jaloux, ils racontent n’importe quoi.
  • Je ne pense pas, tu es bien le seul responsable de la situation !

Martin essayait de se justifier, Mike avait réussi à gagner du temps, et surtout en discutant, la tension était tombée et il avait maintenant le sentiment que Martin n’était qu’un pauvre type facilement manipulable et surtout qu’il était un fils à papa à qui on ne refusait rien. Après de longues minutes sans un mot, Mike reprit la parole, les deux hommes regardaient l’océan.

  • Que veux-tu faire ? Toujours te battre ?
  • Non, tu n’y es pour rien ! Tu t’es trouvé sur mon chemin, finalement tu as surement bien fait. Elle est tellement exceptionnelle, c’est moi qui aie tout gâché.
  • Et maintenant que veux-tu faire ?
  • Passer à autre chose, peux-tu m’aider ?
  • Tout dépend ce que tu attends de moi ?
  • As-tu du papier et un crayon ?
  • Pas sur moi, on peut passer par mon hôtel à cinq pas de là.
  • Ok.

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