Il était midi quand Mike rejoignit ses trois amis au petit restaurant l’Entre-Gens qui se situait juste à côté de la boutique où il avait acheté son costume juste avant de partir à St Andrews. Emy, Ian et John étaient installés à une table proche de la baie vitrée, et déjà en grande conversation. Dés qu’Emy le vit, un sourire illumina son visage et elle ne put s’empêcher de venir lui sauter dans les bras.

• Enfin, voilà notre champion. Tu t’es presque fait désirer.
• Laisse-le respirer, si tu continues comme ça tu vas l’étouffer, lui dit Ian en plaisantant.
• Oui et puis nous aussi on veut pouvoir le féliciter, enchaîna John.
• Allez, viens t’assoir, je veux tout savoir dans les moindres détails.

Mike s’installa et les discussions enchaînèrent de plus belles, Emy avait bien l’intention de ne pas le laisser repartir sans tout connaître de son week-end sous le regard amusé de Ian qui connaissait bien là sa femme si enthousiaste dés que le sujet tournait autour de Mike. Au début, il avait été un peu jaloux de cette complicité, mais très rapidement il avait réalisé qu’Emy le considérait finalement plus comme un grand frère que comme un ancien petit copain.

• Alors c’était comment ? Tu as rencontré plein de champions ?
• Grisant et stimulant. J’ai surtout fait de belles rencontres.
• Et deux eagles ! dis-tu ne plaisantes plus, ajouta John.
• Je ne sais pas si c’est ça qui m’a le plus enthousiasmé ou si finalement ce n’est pas juste d’avoir pu franchir le cut pour continuer.
• Bon allez, laisse tomber le golf. Rien de plus croustillant à nous raconter. Tu m’as vaguement parlé que tu avais eu quelques soucis, dit Emy.

Mike réalisa qu’elle avait raison, de ce week-end il ne retiendrait pas seulement ses exploits sportifs. Lui revint tout à coup Martin, non pas qu’il avait oublié ce qui s’était passé, plus parce que la compétition lui avait permis d’évacuer ce moment plutôt irréel.

• Oh tu sais, rien de bien intéressant enfin juste peut-être des échanges de coups.

Ian et John se regardèrent interloqués, Mike dans une bagarre, cela leur semblait impossible, insensé. Ils le connaissaient bien, et tous les deux savaient qu’il n’était pas homme à en venir à de telles extrémités cherchant toujours une autre solution et surtout pour les sortir de mauvais coups où ils avaient su parfois se fourrer. Emy trouvait cela bien plus drôle, l’imaginant tout à coup sur une monture en preux chevalier sauvant, mais sauvant qui d’ailleurs ?

• Une bagarre, toi, et il y avait une princesse ?

Ian et John éclatèrent de rire, une fille derrière tout ça, Mike lui si discret à ce sujet, comment allait-t-il faire pour retomber sur ses pieds ?

• Allez, finis les cachoteries et dis-nous.

Mike leur raconta comment l’histoire avait commencé, puis enchaîna en parlant de ce que ce français avait fait et il finit par leur parler des aveux et de la lettre d’excuse qu’il avait écrit sous sa dictée. Ian et John furent choqués l’un et l’autre. Ils comprirent pourquoi leur ami était intervenu. Emy lui ne le quittait pas des yeux, une question la démangeait de plus en plus et elle ne put résister. Elle allait se lancer, quand elle fut interrompue.

• Alors, votre costume a fait son effet ? lui demanda le jeune homme qui passait à proximité de leur table.

Les trois amis se regardèrent et n’en revenaient, il était en train de dévorer Mike des yeux avec un sourire radieux. Mike reconnut tout à coup le vendeur de la boutique et fut légèrement gêné.

• Oui, super. En tout cas merci pour vos précieux conseils.
• Oh ! Je n’y suis pas pour grand-chose, quelque soit le vêtement que vous portez, il vous sied à merveille.

Emy ne put se retenir de rire en observant Mike qui semblait de plus en plus mal à l’aise et intervint avec la franchise qui la caractérisait.

• Tu veux boire un coup avec nous, nous fêtons le superbe parcours de notre ami.

Mike lui mit un léger coup de coude, essayant de la faire taire, mais c’était trop tard. Il prit une chaise et s’installa.

• Moi, c’est Emy voici mon mari Ian et mes amis John et Mike mais il ne me semble pas nécessaire de te le présenter.
• Enchanté, moi c’est Logan.

Et le voilà, installé à côté de Mike, commençant à discuter comme s’il faisait partie de la bande. Emy quant à elle n’avait pas oublié la question qu’elle avait voulu lui poser juste avant cette courte interruption.

• Bon et la demoiselle en détresse, tu l’as rencontrée ?

Mike ne savait plus quoi répondre, Emy venait de lui mettre un charmant jeune homme dans les pattes et d’un autre côté elle jouait avec ses nerfs au sujet de son éventuelle sauvetage. Et face à lui Ian et John qui n’arrêtaient pas de sourire bêtement.

• Allez dis-moi, elle s’appelle comment et surtout elle est comment ?
• Bien bonne question, je ne l’ai pas vu. Enfin si de dos seulement, la seule chose dont je me souviens ceux sont ces longues boucles brunes.
• Quoi, tu n’es même pas allé la voir. Ah Mike, tu es incorrigible, décidément.

Mike réalisait qu’elle n’avait pas totalement tort, il aurait bien pu au moins aller se présenter. À vrai dire, il avait imaginé la rencontrer au gala quand il avait rejoint ses grands-parents mais quand il était arrivé, elle était déjà partie.

• Bon et toi Logan, beau gosse comme tu es, tu as surement une chérie, lança Emy avec un grand sourire.

Il se mit à rougir tout à coup, et effleura la main de Mike, qui avec délicatesse la retira.

• Non pas vraiment. Qui sait peut-être que je rencontrerais un jour l’amour de ma vie ?
• Oh tu ne devrais pas avoir trop de mal, lui lança John.

Cette petite parole posée avec douceur, ne surprit nullement Mike qui connaissait très bien John et savait que Logan ne devait pas le laisser indifférent.

Le repas se poursuivit, les jeunes gens échangeant avec plaisir sur tout et rien, sur leurs projets futurs, Emy et Ian envisageaient d’avoir un enfant, John lui voulait agrandir un peu l’entreprise notamment avec de nouvelles commandes venant de l’étranger. Et Logan lui se disait heureux d’être vendeur dans ce petit magasin de prêt-à-porter. Quand ce fut à Mike de s’exprimer, il se contenta d’avouer qu’à l’heure actuelle, il n’avait toujours rien décidé.