Chapitre 20 : La lettre (Partie 3 : Et si ce n’était pas qu’une coïncidence).

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Après son repas, Mike était passé au château pour remercier encore une fois Harry et partager un moment avec Harrold dans le parc comme il lui avait promis. Vers dix-neuf heure trente, il était allé manger chez son parrain avec Olivia et Joseph pour profiter pleinement des êtres qui lui étaient si chers. Arthur avait été époustouflé du cadeau qu’il lui avait rapporté, une bouteille du whisky qu’Harold lui avait offert pour le remercier de son aide précieuse dans ce week-end des plus agités. Puis Mike s’était discrètement éclipsé, les laissant profiter de leur soirée et surtout parce qu’il était exténué par ces quatre jours très intenses.

Il était rentré à pied, voulant faire un léger détour par la plage. Il avait quitté ses chaussures et s’était ainsi baladé les pieds nus dans le sable, au clair de lune. Cette virée nocturne lui donna tout loisir de rêver et de revoir les faits marquants de ces derniers jours. Il prit tout à coup conscience qu’il n’aurait peut-être bientôt plus le choix, il devrait favoriser l’un ou l’autre au moins pendant une courte période. Il s’était assis sur un rocher, en contemplant le reflet de la lune sur l’océan, il réalisa que Stornoway resterait quoiqu’il en soit son port d’attache, là où il serait définitivement chez lui.

Après une heure à flâner au bord de l’eau, il rentra à la maison, monta dans sa chambre, se glissa sous une douche bien chaude, enfila son vieux survêtement et un tee-shirt blanc avant de s’installer à son bureau.

Demain, il retournerait sur son projet qui pour l’heure actuelle était le plus important à finir. Le parc devait être prêt pour la nouvelle année. Distrait, il n’arrivait cependant pas à se concentrer, l’euphorie de ces dernieres vingt-quatre heures, le grisait encore et encore, tout un tas d’images se bousculaient dans sa tête. Il s’aperçût alors qu’il n’avait toujours ouvert ce fameux coffret qu’Harold lui avait remis en main propre.

Il enleva les papiers, qui embarrassaient son bureau et posa le paquet délicatement. Il fut charmé par le contenu, trois bouteilles de whisky élégamment habillées de leur kilt ainsi qu’un chardon emblème de son Ecosse, si cher à son cœur. Il reposa chacune des bouteilles dans son emplacement et au moment où il referma le couvercle, une enveloppe s’échappa.

Il la ramassa et il eut une impression de déjà vu, comme si elle ne lui était pas étrangère. Il découvrit des initiales CMG, mais oui c’était bien ça, les mêmes que sur la lettre qu’il avait confiée à Olivia après la visite des Black Houses. Pourtant ce n’était pas possible, pourquoi Grand-Ma l’aurait-elle mise là et en plus le coffret n’avait pas été ouvert avant lui, puisqu’il était scellé.

À ce moment-là, la même question, devait-il l’ouvrir, ou simplement se contenter de la laisser telle quelle ? Il hésita, la retourna encore et encore dans ses mains, la regarda, la posa sur le bureau, la reprit et finalement il se lança. Il la décacheta tout doucement, sortie la feuille qui était dissimulée dans l’enveloppe et dès les premiers mots, il comprit qu’il s’agissait bien de la même écriture, les lettres étaient dessinées de la même façon. Il s’assit sur son fauteuil qui faisait face à la fenêtre et face à l’océan et plongea dans la lettre, la lisant d’une seule traite.

À toi mon amour

Comme c’est étrange de commencer cette lettre par ces quelques mots, toi que je n’ai pas encore rencontré et qui sait ne te rencontrerait peut-être jamais.

Pourtant aujourd’hui assise, seule face à l’océan, je prends mon crayon et c’est le cœur plein d’amour que je t’écris.

Qui sait ! Papa et maman m’ont-ils inspiré à leur façon. Ma plume se répand sur le papier, en les voyant marcher main dans la main sur cette plage, heureux de cette vie partagée à deux. Ils ont été la plus belle représentation de l’amour à mes yeux. Depuis que je suis entrée dans leur vie à l’âge de quatre ans, il n’en n’est pas autrement. Les voir se sourire dès que le regard de l’un croise celui de l’autre ou tout simplement quand l’un pense ou parle de l’autre sans qu’il soit présent. Combien de fois ai-je vu papa prendre délicatement maman par la taille, la serrer fort dans ses bras et lui déposer un tendre baiser sur les lèvres ? Et que dire de maman qui a le visage qui s’illumine, dès que l’homme de sa vie franchit le seuil. Je ne me souviens pas les avoir entendus une seule fois élevé la voix, ou si quelque chose les contrariait, ce ne fut jamais en ma présence. Ils sont le meilleur de l’autre, sa force et son courage. Et quand je les observe encore cet après-midi, main dans la main, je n’aspire qu’à mon tour connaître ce même bonheur.

Et je viens de découvrir un amour naissant entre mes deux meilleurs amis, ils sont assis au loin sur le sable, l’un dans les bras de l’autre. Ils sont là espérant pouvoir construire ensemble un lendemain. Tout a été très vite et pourtant dans leurs yeux, il y a cette étincelle qui ne trompe pas. Leurs routes se sont croisées et ce fut je ne pense pas un coup de foudre, juste un coup du destin. Ils ont ces gestes tendres qui me font sourire et quand je les ai surpris, échangeant ce baiser, qui se faufilait dans leur cœur, ils m’ont bouleversé sans en rendre compte. Ils vont pour un temps devoir être séparé et pourtant je sais qu’ils feront tout pour au plus vite se retrouver, la promesse qu’ils se sont faites, n’est pas une simple façade, un vrai vœu et je suis tellement heureuse pour eux.

Au cours de ce week-end des plus agités, j’ai aussi découvert que la vie pouvait être dure et cruelle, un homme m’a volé un peu de moi en me brisant le cœur, me le piétinant et pourtant je me dis qu’il me fallait ça pour me rendre compte que l’amour dont je rêve ne correspond en rien à ce qu’il m’avait proposé. J’étais surement bien trop naïve ou candide, ce que je sais c’est qu’à cet instant ce n’est pas ce que je souhaite. Peut-être que je ne trouverais pas ce que je cherche, que je cours vers un idéal qui n’existe pas, que je me leurre enfin pourquoi douter de ce qui se cache dans mon cœur ?

C’est pour ça que je t’écris cette lettre comme si je venais de croiser ton chemin et que petit à petit nous avions appris à nous connaître. Toi l’homme qui vient d’entrer dans ma vie, sans vraiment t’en apercevoir. Je sais que tu es cet être doué de gentillesse et bienveillance envers tout ce qui t’entoure. Que tu seras m’écouter et m’apporter le réconfort quand j’en ressentirais le besoin. Et de mon côté j’en ferai de même parce que tu deviendras mon essentiel.

Ta douce et bien aimée CMG.

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