Une semaine s’était écoulée depuis le tournoi de St Andrews et Mike vaquait à ce projet qui lui tenait tant à cœur, réhabiliter les jardins chers au Comte. Il travaillait depuis plus d’un an, c’était son premier grand projet dans sa jeune carrière d’architecte paysagiste. Le parc prenait forme sous ses yeux, il était bientôt prêt pour l’inauguration. Tout était en œuvre, il restait un peu moins d’un mois et demi pour qu’il puisse enfin être dévoilé au grand public. Son précieux trésor était bien gardé, cette rose de noël était son bijou et l’écrin était à ce jour prêt à être finalisé.

Harrold avait eu l’autorisation de poursuivre ses vacances au château, ses parents étant de nouveau en déplacement. Il ne lâchait pas Mike, il ne voulait rien rater des avancées, il apprenait à mettre les mains dans la terre et il aimait ça. Mike adorait à son tour transmettre ce qu’il avait lui-même reçu de Joseph. Le jeune homme avait même eu le droit de planter les aromatiques qui agrémentaient l’aire de jeu.

Il attendait avec impatience que Mike vienne jouer avec lui, même si cela était bref. Surtout, il savait qu’ainsi Mike lui autoriserait à jouer dès que les quelques taches qui lui avaient incombé, seraient terminées. Ce qu’il attendait encore plus avec impatience, c’était ce court instant qui lui là Une belle complicité s'instaurait sous le regard d’Harry qui errait dans les allées.

Par cette belle matinée de novembre, un début d’automne clément, ils ne purent résister à dévaler le tobogan, accompagnant leur chute d’éclats de rire qui venaient se mêler au gazouillis des oiseaux. Hugh les accueillit en leur tournant autour annonçant l’arrivée de Grand-Pa. Mike se releva, secoua son pantalon qui était couvert des copaux de bois qu’avec John ils avaient installé parce qu’ils étaient bien plus agréables au contact pour les enfants. Harrold lui était encore les fesses par terre, ne pouvant contenir son fou rire, en voyant Hugh posait ses deux pates sur le torse de Mike le faisant tomber à la renverse.

• Bonjour Grand-Pa, que me vaut cette visite aussi matinale ?
• Je viens de recevoir un message d’Harold.
• Harold Mac Graigh, interrogea Mike avec surprise. Qu’est-ce qu’il te veut ?
• Ce n’est pas moi, je pense qu’il veut plutôt avoir à faire avec toi.
• Je ne comprends pas, en quoi pourrais-je l’aider ?
• Tu te souviens, je t’avais parlé de leurs mésaventures, cet incendie qui a failli détruire la distillerie.
• Oui tout à fait.
• Et bien, il voudrait que tu réhabilites les jardins qui la jouxte.
• Ce serait avec un grand plaisir, mais là c’est un peu compliqué.
• C’est ce que je lui ai expliqué, pourtant il insiste pour que cela soit toi.

C’est à ce moment-là qu’Harry, prit à son tour la parole.

• Ecoute, il me semble que tout avance pour le mieux ici, je te libère ton vendredi ainsi tu pourras te rendre sur place.

Mike regardait les deux hommes face à lui et comprit tout à coup qu’ils étaient de mèche et qu’ils avaient déjà orchestré les choses et Joseph s’empressa d’ajouter

– Je t’ai réservé ton billet aller/retour pour Pitchlory en avion pour gagner du temps.

Après cet interlude dans sa matinée, il ne put s’empêcher de retrousser ses manches, pour mettre les bouchées doubles, Harrold était reparti avec son Grand-Papy pour l’aider à marcher et surtout parce qu’il aimait partager son temps entre Mike et lui. Il revint à peine une heure plus tard, avec un panier et un pique-nique que sa grand-mère avait préparé. Ils s’installèrent pour le partager assis sur un banc sous le tilleul qui se teintait de douces couleurs orangées.

• Mike, est-ce que tu as choisi ?

Il le regarda surpris de la question, chacun essayait de l’éluder depuis son retour, et quelque part lui-même s’était bien gardé de vouloir aborder le sujet.

• Qu’est-ce que tu entends par là ?
• Et bien le golf ou le métier que tu fais là aujourd’hui ?
• Je ne sais pas encore, je ne sais pas si j’ai envie de vraiment choisir.
• Et pourtant quand on me dit je ne sais pas, papa me dit que ce n’est pas une réponse.

Devant la sincérité du jeune homme, Mike ressentit une légère appréhension, il n’y avait pourtant pas un seul choix, lequel pourrait être le bon, pourquoi sacrifier l’un pour l’autre ? Et voilà qu’en plus un nouveau projet se présentait à lui.

• Il faut du temps Harrold, pour ne pas se laisser emporter, même si quelque part, c’est surement mon cœur qui décidera.

Harrold lui tendit alors les gâteaux que sa mamie avait fait.

• Alors un cookie ou une madeleine ? C’est plus simple, tu ne penses pas. À moins que nous les partagions.
• Quelle bonne idée.

Après ce repas improvisé, Harrold repartit en direction du Château mais avant de disparaitre il lui cria

• Moi je t’aime beaucoup et je sais que c’est toi que je choisirais sans hésiter.

Mike resta sans mots devant tant de spontanéité et sincérité. Ces quelques mots posés avec tendresse par Harrold, l’avaient bouleversé, il fut rappelé à la réalité quand son téléphone vibra, c’était un message d’Ian « ce soir rdv à 20h30 au pub, on t’attend, petite soirée entre mecs, pour fêter dignement ton tournoi ».

Décidemment le planning était de plus en plus chargé, il répondit un rapide « OK, vous pouvez compter sur moi, merci ».

Il repartit de plus belle dans ses plantations, le soleil réchauffait ses bras en cette fin d’après-midi. Il ne put pas résister à l’envie d’aller taper quelques balles. Aussi il termina, rangea, fila dans son bureau envoyer les derniers mails importants et se dirigea vers le parking. Une fois arrivé au golf, il croisa Arthur qui s’en allait.

• Vas-y profites-en il n’y a personne ce soir.

Mike prit seulement son drive, se dirigea vers le practice et il s’octroya une séance d’une heure de frappe, millimétrant chacun de ses gestes pour obtenir cette fluidité qui lui avait permis de faire la différence lors du dernier tournoi.