Depuis plus d’une semaine, les commandes ne cessaient d’affluer des quatre coins. Les champions du tournoi entre autres qui avaient eu en cadeau un des coffrets, souhaitaient pouvoir offrir à leurs amis, leurs familles ce whisky qui était d’une grande qualité. Céléna n’en revenait pas de cette nouvelle notoriété. Boostée par ces nouvelles perspectives, elle était aux manettes dans la distillerie depuis le lever du jour, cherchant avant tout à peaufiner la dernière cuvée qui était en route. Alors qu’elle était plongée dans ses dossiers de commande, Harold l’interpella

• Je ne t’ai pas dit. Je ne sais plus, mais Mac Fish doit passer cet après-midi pour que nous finalisions les derniers points de notre collaboration avec le Old Course.
• Oui, il doit arriver pour le déjeuner, j’ai prévenu maman.
• Très bien, je me doutais que vous aviez dû communiquer.

Il est vrai que le jeune homme s’était montré prévenant depuis leur rencontre, et c’était maintes fois excusé d’avoir été aussi maladroit dans l’affaire avec Martin. Céléna avait ainsi échangé quelques messages avec lui, et lui avait proposé de signer le contrat sur ses terres et ainsi il pourrait visiter la distillerie. Bien sûr, il avait tout de suite accepté l’aubaine qui se présentait de pouvoir découvrir le lieu où le whisky prenait naissance et aussi voir Céléna dans son élément.

• Papa, et pour le jardin, est-ce que tu as eu des nouvelles de Joseph ?
• Oui nous avons calé un rendez-vous, il doit venir demain.
• Super, je pourrais ainsi le revoir et nous pourrons travailler ensemble sur ce beau projet.
• J’ai bien peur qu’il en soit autrement, c’est moi qui le recevrais. J’ai une tout autre mission pour toi à partir de demain.

Céléna regardait son père avec une étincelle dans les yeux, il venait de piquer sa curiosité.

• Tu as oublié de me parler de quelque chose papa ?
• L’idée vient surtout de Joseph.
• Je ne comprends pas.
• Il est très ami avec le Conte Harry O’Brian de Stornoway. Il a fait réhabiliter son parc. L’inauguration aura lieu pour les festivités du nouvel an et elle sera faite en présence des membres de la famille royale.
• Et en quoi cela nous concerne ?
• Joseph a proposé que tu sois l’ambassadrice de notre whisky pour cette soirée, et le Comte a validé sans hésiter.
• Quel privilège. Les choses vont tellement vite depuis quelques temps.
• Aussi je t’ai pris un billet d’avion aller/retour pour Stornoway demain, tu resteras jusqu’à dimanche matin.

Céléna était ravi de cette opportunité qui s’offrait à elle et puis les iles Lewis l’avaient toujours attirée, quel plaisir de pouvoir à nouveau fouler leur sol.

• Bon en attendant que Hugh arrive, nous devrions peut-être préparer la visite de cet après-midi. Si j’ai bien compris, c’est un groupe de touriste français envoyé par Christophe.

Christophe était parti, il y avait plus d’une semaine déjà et il lui manquait, tous les soirs l’un comme l’autre ne pouvait s’empêcher de s’envoyer un petit mot se racontant leur journée et surtout il lui avait expliqué que Sam pourrait le rejoindre rapidement, et ça Céléna savait que c’était bien plus important encore.

En parlant du loup, voilà qu’il vient s’ajouter dans la conversation en lui envoyant un petit message « rdv ce soir à 19h00, on se fait une soirée au pub avant mon départ pour la France, ça y est je peux rejoindre Christophe dès la semaine prochaine, bisous ». Alors là ça c’était une superbe nouvelle, elle allait lui répondre quand le téléphone bipa à nouveau « ne dis rien à Christophe, je veux lui faire la surprise ». Elle prit son portable et lui répondit aussitôt « OK, je ne vendrais pas la mèche, et parfait pour ce soir ».

Céléna passa cette fin de matinée sur son petit nuage, il y avait tant de choses qui se bousculaient dans sa tête, elle était surtout tellement heureuse qu’enfin ses deux amis puissent se retrouver et vivre tout cet amour qu’elle leur souhaitait. Cette fois c’est Rory qui la réveilla

• Céléna, ton père vient de me prévenir que Monsieur Mac Fish était arrivé et qu’ils t’attendent pour le déjeuner.

Elle s’empressa de tout remettre en ordre, puis quitta la distillerie. Le parc était toujours si mal en point et pourtant elle ne put s’empêcher de sourire à l’idée que seul Joseph pourrait lui rendre un peu de grâce. Quand elle arriva à la maison, Hugh l’attendait sur le perron.

• Hugh, ravie de te revoir.
• Et moi donc, songea-t-il.
• Tu es arrivé depuis longtemps ? Désolée de t’avoir fait attendre.
• Pas de soucis, la vue est magnifique d’ici.
• Oui mais depuis l’incendie, c’est moins vrai.

Enfin là Hugh parlait d’elle, vêtue d’un pantalon de flanelle vert et d’un petit pull blanc qui mettait en valeur ses yeux et sa chevelure brune qu’elle avait pour une fois laissés détachés.

• Allez rentrons, je meure de faim. Pas toi.

Le rose lui montait aux joues, Céléna le déstabilisait quelque peu, elle était si rayonnante. Il était tombé sous son charme et qui sait peut-être qu’il pourrait dans les jours à venir avoir l’occasion au moins de pouvoir partager un repas en tête à tête. Il suivit Céléna, ne pouvant détacher son regard de ses courbes si joliment dessinées et tout à coup il détourna les yeux quand Isabel apparut dans le hall.

• Monsieur Mac Fish, enchantée de vous revoir. Nous allons pouvoir passer à table. Céléna il y a une enveloppe sur le buffet pour toi, elle est arrivée ce matin des Etats-Unis.

Céléna se précipita pour aller la récupérer laissant le jeune homme poursuivre son chemin à la suite de sa mère. Elle déchiqueta celle-ci et s’empressa d’en lire le contenu.

« Céléna, viens nous rejoindre pour passer la semaine en Floride, allez tu l’as bien mérité et nous sommes impatientes de te revoir. On a déjà vu avec Isabel et Harold, ils ont validé ton voyage. On a tant de choses à te raconter, depuis nos dernières vacances, il y a deux ans déjà. Ne nous laisse pas planter là sans toi, après tout nous avons plein de choses à fêter. Et puis tu verras c’est trop beau ici. Laisse-toi tenter. Prends bien ton maillot de bain et surtout une belle tenue de soirée, nous avons deux superbes surprises. Envoie-moi un petit message pour confirmer. Dans l’enveloppe, nous avons tout prévu, tes billets d’avions sont réservés. Tu décolles lundi dans la matinée jusqu’au mardi 2 décembre, nous t’attendrons sur place. Tu nous manques trop, tes cousines Eléa et Lucinda qui t’envoient de tendres baisers ».

Céléna souriait encore une belle escapade en prévision, les trois jeunes femmes avaient le même âge, ses cousines enfin éloignées étaient jumelles issues de la bourgeoisie, comme elle, elles n’avaient manqué de rien et pourtant elles n’en jouaient jamais. Aujourd’hui, elles étaient parties aux Etats-Unis pour finir leurs études de droit pour l’une et l’autre de langue. Céléna s’empressa de leur répondre « compter sur moi, trop pressée de vous revoir aussi. Merci mille fois de votre proposition. Je vous embrasse fort ».