Sam déposa Mike chez les Mac Graigh puis s’éclipsa, prétextant qu’il avait quelques courses à faire pour le soir. Harold attendait Mike sur le perron de la grande demeure. L’amoureux de la nature qu’il était, avait tout de suite apprécié le lieu. Il avait été tout aussi attristé lorsqu’il avait remonté l’allée où les restes de l’incendie étaient trop présents. Il salua Harold d’une poignée de main franche et sincère. Ils discutèrent un moment avant de finalement entrer dans la maison. Isabel fit son apparition, les bras chargés de pâtisseries qu’elle venait de cuisiner pour la visite de la distillerie qui était programmée dans l’après-midi. Elle en proposa une à Mike qui ne put résister.

Puis elle le guida jusqu’à la chambre qu’elle lui avait préparée. Il la suivit observant ce grand escalier de marbre qui menait à l’étage, la rambarde en fer forgé lui donnait un charme désuet et un certain cachet. Sur les murs étaient accrochés de nombreux tableaux de la famille, tant d’histoires se cachaient derrière eux. Une fois arrivés sur le palier, il découvrit un long couloir avec des murs plus sobres, aux couleurs pastel. Ils avaient dû être repeints depuis peu de temps. Ils s’arrêtèrent devant la porte, qu’ouvrit Isabel.

– Tu devrais être bien installé, la chambre donne directement sur le parc et la distillerie.

– Encore merci de votre hospitalité. J’aurais pu me contenter d’une chambre moins luxueuse.

– Hors de question, je te suis tellement redevable ainsi qu’à Olivia et Joseph. C’était le moins que je pouvais faire. Et puis ici, tu seras tranquille, les enfants ne te gêneront pas et la chambre d’à côté est celle de notre fille et elle est absente pour le week-end.

Mike regardait de part et d’autre, chaque détail avait été pensé avec minutie, rien n’avait été laissé au hasard. Il posa sa valise dans un coin ainsi que son portable sur le bureau et se laissa tomber sur le lit admirant les petits angelots qui décoraient le bord du plafond. Il s’amusa à les compter et abandonna rapidement l’idée tant ils étaient nombreux. Il était attendu pour le déjeuner. Il se redressa, attiré par des cris d’enfants qui provenaient de l’extérieur. Quand il mit le nez à la fenêtre, il découvrit trois jeunes gens qui couraient après un chat qui essayait de les fuir en grimpant dans l’arbre. Leurs rires étaient communicatifs. Mike allait fermer la fenêtre quand il entendit un miaulement. Quelle ne fut pas sa surprise de découvrir la petite boule de poils posée sur le rebord. Il le saisit délicatement, et le chat vint se blottir dans les bras de son sauveur.

Mike voulut le relâcher, il se devait de rejoindre la salle à manger. Cheeky lui espérait plus de caresses, aussi il le suivit s’amusant à passer entre chacun de ses pas. Finalement Mike le reprit dans ses bras, pour éviter de l’écraser ou simplement finir par s’étaler. Il se présenta ainsi avec le paquet dans les mains, les enfants ne purent se retenir et lui foncèrent dessus pour essayer de le lui subtiliser.

– Emily, Ethan et Andrew ….

Lily n’eut pas eu le temps de terminer sa phrase que les trois garnements avaient fait chavirer Mike qui s’étala dans le canapé. Cheeky en avait profité pour se sauver. Il ne put se retenir d’éclater de rire au moment où les enfants essayèrent de le relever.

– Pardon Monsieur, dit Emily toute embêtée.

Ces deux frères étaient déjà repartis courir après le chat.

– Rien de bien méchant, rassure-toi.

Harold entra à son tour dans la pièce accompagné d’Isabel pour s'assurer que tout allait bien pour leur invité. Après les excuses de la petite fille se furent au tour de Lily. Mike rassura tout le monde, et s’empressa de pardonner les enfants. Ils s’installèrent et commencèrent le repas.

Après le déjeuner, Harold proposa à Mike d’aller découvrir les allées du parc avant de le rejoindre à la distillerie. Les trois enfants s’étaient proposés. Ils jouèrent au guide pour se faire pardonner, ce qu’il avait accepté sans hésiter. Ils partirent en direction de la cuisine, sortirent par la petite porte qui donnait sur un jardin. Chaque espace avait été conçu de telle sorte que tout était à portée de main. Ainsi les produits frais pouvaient rapidement garnir la table. Il apprécia les efforts qui étaient mis en œuvre. Ils descendirent l’allée de sapin qui avait souffert de l’incendie de façon inégale. Il les observa avec attention pour savoir si on pouvait les sauver ou s’il faudrait les couper. Lily, Ethan l’écoutaient et lui posaient régulièrement des questions. Andrew lui s’amusait à leur tourner autour. Quand ils arrivèrent aux abords de la distillerie, leur papa Grégor les attendait. Ils saluèrent d’un petit geste Mike qui entrait dans la distillerie et qui leur rendit avec un grand sourire.

– Bonjour, Mike, je suppose lui dit Rory.

– Tout à fait et …

– Rory, le bras droit d’Harold.

– Enchanté je …

– Oui n’hésitez pas, vous êtes ici chez vous.

Mike suivit de Rory, se dirigèrent vers la salle de dégustation dans laquelle se trouvait déjà un petit groupe de visiteurs. La pièce était silencieuse, quasi religieuse. Il se joignit à eux, et écouta attentivement le maître des lieux. Tout ici semblait presqu’irréel voir magique. Après ce moment de partage, il fut rejoint par Harold qui l’accompagna jusqu’à l’entrée afin qu’ils puissent discuter des éventuels travaux à réaliser. Mike constata l’ampleur des travaux. Il inspecta les moindres recoins pour constater que la nature était partie en poussière. Il prit des notes, tout en écoutant attentivement les souhaits Harold qui lui tendit un papier sur lequel on trouvait une liste détaillée. Mike en le saisissant reconnut sans mal l’écriture et alors lui demanda

– Vous êtes l’auteur de ces annotations ?

– Non pas du tout, c’est ma fille qui m’a laissé quelques recommandations avant de partir.

– Ah !

Ce « ah » fut lâché dans un soupir, qu’Harold ne le releva pas, le jeune homme ne devait peut-être avoir eu un client aussi pointilleux.

– Oui c’est qu’elle tient à ce que tout soit remis en ordre avant un éventuel anniversaire de la distillerie pour l’été prochain.

Mike était troublé plus qu’il ne pourrait l’expliquer par ce papier.

– Cela ne nous laisse pas beaucoup de temps.

– Joseph m’a dit que tu avais un talent de magicien.

– Je ne sais pas …

– Dans tous les cas j’ai totalement confiance en toi.

Mike et Harold remontèrent en direction de la maison, cette fois ils empruntèrent la partie ombragée qui se trouvait derrière la distillerie et longeait la rivière. Ils discutèrent des futurs projets de chacun, Harold voulant connaître ses perspectives au niveau sportif et aussi curieux d’en savoir un peu plus sur ce jeune homme. Harold lui était redevable de bien des manières. Quand ils approchèrent de la porte vitrée qui donnait directement sur le bureau, ils aperçurent Sam qui les attendait.

– Ah oui, j’avais oublié de te dire que Sam t’a organisé une petite soirée avec ses amis.

– Quelle charmante attention.

– Oh c’est surtout que je voulais te faire profiter de la ville, s’empressa d’ajouter Sam avec un grand sourire.

– Et bien laisse moi un quart d’heure pour aller me changer.

Mike disparut, laissant Sam et Harold en grande discussion. Il passa rapidement sous la douche ne voulant pas trop le faire attendre, enfila un jean, une chemise blanche, et attrapa son blouson, impatient à l’idée de partager une soirée sympa connaissant un peu mieux Sam.

– C’est bon, je suis prêt. Nous pouvons y aller.

– Parfait, beau gosse Pitchlory nous attend.