Chapitre 22 : chassé-croisé (Partie 5 : Céléna une virée au bord de l’eau)

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La soirée avait été des plus spéciales, Céléna avait eu droit à tous les égards de ses hôtes. Elle ne put s’empêcher d’admirer la salle de réception qui jouxtait le restaurant copieusement garni. À sa droite se tenait le Comte et sa femme qui faisait un couple si charmant, tout aussi attachant que pouvaient l’être Olivia et Joseph installés à sa gauche. Puis Harry lui avait présenté le dernier couple qui s’étaient joints à eux. Quand Arthur avait reçu l’invitation, il n’avait pas cessé de sourire. Il allait rencontrer la représentante des Whisky Mac Graigh. Henriette, elle était plus curieuse de voir la jeune femme dont elle avait tant entendu parler. Elle tomba sous son charme dès qu’elle discuta avec elle, elle avait apprécié sa douceur et ses yeux dans lesquels on pouvait se perdre.

Au cours du repas, les discussions allèrent bon train, alimentées par les trois plus bavards qu’étaient les hommes. Ces messieurs semblaient si bien se connaître et Céléna appréciait que chacun lui adresse toujours avec bienveillance, un sourire. Au cours du repas, ils ne purent s’empêcher de la solliciter sur son expertise dans l’art de la dégustation, ce qu’elle accepta avec un grand plaisir. Une façon pour elle aussi de les remercier de cette soirée. Ils l’avaient déjà tous adopté avec tant de facilité, à les entendre ainsi échanger, on aurait pu penser qu’ils la connaissaient depuis toujours. Céléna appréciait de plus en plus de passer du temps avec Olivia. Elle admirait sa capacité à voir en chacun ce qu’il y avait de bon et surtout ne pouvait quitter du regard, une de ses toiles qui était posé au-dessus du piano au fond de la pièce proche de la grande baie vitrée. Elle se sentait comme chez elle.

Après le repas, Harry, Joseph et Arthur s’étaient installés sur les fauteuils appréciant leur verre tout en discutant des derniers exploits sportifs de leur poulain. Olivia, Henriette avaient rejoint Anne qui s’était installée au piano. Les doigts de la Comtesse jouaient avec les touches avec tant de légèreté, aux premières notes posées, le cœur de Céléna se serra et une larme coula. Ce qui interpella tout de suite Olivia

– Tout va bien ? lui demanda-t-elle

– Oui c’est que cette valse est la première que j’ai jouée seule un soir d’été. Et quand je l’entends la même émotion m’envahit à chaque fois. C’est un peu particulier, elle me fait penser à mon vrai père.

Olivia et Henriett se regardèrent, n’osant pas poser la question et c’est Céléna qui les devança.

– Dans mon trousseau, le jour où l’on m’a recueilli à l’orphelinat, il y avait deux choses. Une partition de musique et vous comprendrez bien sûr laquelle. Tout en bas, il était écrit « ton papa qui t’aime » et se trouvait aussi une poupée de chiffon avec des cheveux bruns et de grands yeux verts.

Olivia et Henriett eurent le même temps d’hésitation avant d’ouvrir la bouche, ce qu’elles n’eurent pas besoin de faire, Céléna rajouta

– Mon père adoptif Harold a voulu que nous lui rendions ainsi hommage, rassurez-vous ce ne sont pas des larmes de chagrin, juste celles d’amour d’une fille pour ses deux pères.

Anne proposa alors à Céléna de prendre sa place, pour qu’elle puisse à son tour jouer le morceau. Ce qu’elle accepta avec un grand plaisir. Dès que la mélodie se lança, seules les notes envahirent la pièce, l’émotion était si forte, le temps venait de se poser sur la clé de la portée et se laisser ainsi glisser dans chacun de leurs cœurs.

Il était plus de minuit quand Céléna réalisa qu’elle n’avait pas répondu à John, elle hésita un instant et puis elle verrait bien ce qu’il en serait. Cette balade sur les plages de l’île la tentait bien après tout elle voulait en connaître un peu plus sur ce lieu qui l’attirait de plus en plus. Elle était dans la petite chambre d’amie qui était à l’étage, de la fenêtre elle voyait l’océan sur lequel la lune dansait. Elle s’assit sur le rebord et commença à textoter « John, si c’est encore possible, je veux bien me joindre à vous ». Elle n’eut pas à attendre bien longtemps, comme s’il n’attendait que ça ou tout simplement qu’il était un geek qui ne quittait pas son portable pendant son temps libre. « Juste à temps, avec plaisir, nous passerons te prendre vers 9h00. Prévois une tenue confortable et chaude ». Céléna répondit « OK. À demain. Belle nuit ». Elle posa le portable sur le petit bureau, et elle l’éteignit. Se glissa dans les draps et qu’elle ne fut pas sa surprise de découvrir un petit paquet avec un joli ruban rouge. Elle l’ouvrit, il lui était forcément destiné. Elle découvrit un petit bracelet avec s'es initiales.

Au petit matin, elle fut réveillée par le soleil qui se reflétait dans le miroir. Elle regarda dehors, le temps voulait être de la fête. Elle enfila un jean, un pull rose poudrée qui mettait en valeur son regard. Elle dévala les escaliers, une gamine trépignant devant la journée surprise qui l’attendait. Ce qui retint avant tout son attention, ce fut la bonne odeur qui s’échappait de la cuisine. La scène qu’elle découvrit la fit sourire. Olivia, le nez plongé dans son livre, faisait la lecture à voix haute et Joseph était derrière les fourneaux. Hugh vint se frotter à elle dès qu’elle franchit le seuil. Elle se mit à genou pour le prendre dans ses bras et le câliner. Elle s’installa à la table familiale et prit un petit déjeuner maison qu’elle dégusta. Joseph s’était surpassé pour l’occasion.

– J’ai une question, j’ai trouvé ce bracelet sur mon oreiller.

– Oui je l’ai pris dans la boutique de la ville. C’est une amie de notre fils qui les crée.

– Et Olivia adore faire des petits cadeaux dés qu’elle peut, rajouta Joseph.

Céléna ne put s’empêcher de venir déposer un bisou sur la joue de Grand-Ma qui apprécia l’instant. Elle voyait en Céléna sa fille au même âge et elle lui sourit. Au même moment, on frappa à la porte, John vêtu d’un jean bleu foncé et d’une chemise blanche avait beaucoup de charme.

– John, tu nous accompagneras bien. Une tasse de café ça te dit ?

– Allez pourquoi pas, nous avons encore un bon quart d’heure.

Il s’installa à côté de Céléna et les discussions repartirent de plus belle.

Une fois les toasts avalés, les deux jeunes gens se mirent en route. Joseph leur avait préparé quelques gâteaux et des sandwichs pour l’occasion. Ils grimpèrent dans la voiture et filèrent en direction du centre-ville où ils passèrent récupérer deux autres passagers.

– Salut Emy et Ian, prêts pour notre sortie ?

– Et comment, lança Emy avec son plus beau sourire.

– Je vous présente Céléna, enchaîna John.

– Ravie de vous rencontrer, ajouta-t-elle.

Emy allait ajouter un commentaire, quand Ian l’attrapa par la main et la fit monter.

– Allez John, allons-y nous continuerons les discussions en route.

Les deux tourtereaux montèrent se lover l’un contre l’autre sur le siège arrière. John sortit de la ville direction Dailbeag beach. Céléna appréciait chaque paysage qu’elle découvrait, et posait tout un tas de question sur l’île et le Comte. Elle avait envie d’en connaître plus, elle voulait en savoir plus. John lui parla du parc et des avancées des travaux. Quand ils arrivèrent à destination, John se gara sur le petit parking situé en retrait. Il attrapa la couverture et panier de pique-nique. Ian fit de même. Emy attrapa Céléna par le bras et l’emmena avec elle.

– Je suis contente que le bracelet te plaise, lui dit-elle.

– Oui il est très beau, merci.

– J’ai été conseillée par Joseph tout aussi surprenant que cela puisse être.

– Et bien, il a très bon goût et me connait plutôt bien.

– Oui il n’a pas arrêté de me parler de toi. C’est étrange comme tu as captivé son attention.

– Disons qu’il m’a été d’un grand soutien le week-end dernier. C’est moi qui lui suis redevable.

– Allez dis-moi, sincèrement tu n’as pas vu ton sauveur.

– Non, je sais juste que c’est le petit-fils d’Olivia.

– Ah ! dit Emy presque déçue.

Les deux jeunes femmes poursuivirent leur progression sans un mot de plus. Emy se demandant si elle devait lui parler de Mike et Céléna hésitant à en faire autant. Ce fut John qui rompit le silence.

– Regardez les goélands argentés.

– C’est tellement beau de pouvoir se sentir aussi libre, ajouta Céléna.

Ils volaient au-dessus d'eux, majestueux et somme toute bruyants. Une fois le petit sentier dévalé, ils arrivèrent sur la plage qui offrait un point de vue sur l’océan des plus somptueux. Céléna ne put pas résister, elle quitta ses baskets et fila mettre les pieds dans l’eau, juste pour sentir le contact des vagues sur sa peau. John l’accompagna avec le même enthousiasme et il ne put s’empêcher de l’éclabousser, ce qu’elle s’empressa de lui rendre. Emy elle prit une photo et bien-sûr allait l’envoyer à Mike avec un petit mot « tiens regarde cette belle brune, je suis sure qu’elle ne pourrait pas te laisser indifférent ». Elle allait appuyer pour transférer le message quand le portable lui échappa et termina sa course dans le petit ruisseau qui se jetait dans la mer.

– Et mince, il est foutu.

– Je crois bien, lui dit Ian en le ramassant.

– Décidemment, je ne suis qu’une maladroite.

– Et c’est comme ça que je t’aime rajouta-t-il.

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