Mike se sentit revivre dès que ses pieds touchèrent le sol. Il détestait l’avion, hélas il restait le moyen de transport le plus rapide. Il poussa un ouf de soulagement qui en disait long, expulsant tout l’air qu’il avait conservé dans ses poumons pendant l’atterrissage. Vilco se tenait à ses côtés avec un grand sourire, beaucoup plus à l’aise il lui dit :

• C’est bon, atterrissage réussi, respire.

Les deux jeunes hommes avancèrent dans le grand hall à la recherche du carrousel à bagages. Ils passèrent devant un traineau de noël tiré par des crocodiles. Puis évitèrent de peu le flamant rose qui s’agitait dans tous les sens près du tapis déversant les valises. Une autre jeune femme bougeait ses bras dans tous les sens manquant de peu d’éborgner Vilco qui attrapait son sac de golf. Il allait l’apostropher quand il fut littéralement repoussé dans les tapis. Mike le rattrapa de justesse en même temps qu’il saisissait son caddie. Les deux jeunes n’eurent pas le temps de dire quoi que ce soit, que les deux volatiles s’envolèrent en hurlant un vague « voilà notre candy ».

Une fois leurs affaires en possession, une voix grave interpella les deux jeunes hommes, bien loin des piaillements inaudibles qui avaient empli leurs oreilles jusque à présent. Les organisateurs du tournoi avaient tout prévu dans les moindres détails. Ils furent acceuillis en grande pompe par le boss en personne. Il s’approcha et s’empressa de les saluer. Une fois de plus, il les remercia d’avoir accepté l’invitation de dernière minute pour remplacer un abandon. Il rajouta tout en leur serrant la main, qu’il ne pouvait que se réjouir d’avoir les deux nouvelles coqueluches du circuit dont on vantait le potentiel. Les deux golfeurs le regardèrent avec la même stupéfaction. Leur résultat respectif à St Andrews sur le circuit, se diffusait telle une onde jusqu’en Amérique.

Mike ne put se retenir et lui dit :

• C’est nous qui vous sommes reconnaissants d’une telle marque de confiance.
• Ce sont vos résultats et votre prestation que je me dois de souligner qui vous ont ouvert de nouvelles portes. Veuillez me suivre, une voiture vous attend ainsi qu’un chauffeur. Ils seront à votre disposition tout le temps du séjour.

Vilco fit un petit signe à Mike pour lui signaler qu’il devait s’absenter un moment. Il se faufila au milieu du rideau de passagers et prit la direction des toilettes. Cette fois le flamand rose lui tomba dans les bras. Elle venait de se prendre les pieds dans le tapis en sortant.

• Pardonnez-moi, lui dit la jeune femme dont les joues s’empourpraient.
• Vous ne tenez pas sur votre patte, le taquina le jeune golfeur.
• Je ne comprends pas, feint-elle.
• Vous m’avez envoyé au tapis et là vous tombez littéralement dans mes bras.
• Je suis vraiment désolée.
• Vous ne devriez pas, j’en suis flatté.
• Reprenons dès le début, lui dit Eléa en lui tendant main.
• Enchanté, ajouta Vilco qui lui fit un baise-main.

La jeune femme s’en trouva toute chamboulée, comment un gentleman en ce monde était-ce encore possible ? Elle lui sourit. Alors qu’elle s’éloignait, elle se retourna et lui demanda :

• Ça vous dit d’aller boire un verre ?
• Avec plaisir, mais mon emploi est un peu serré.
• Quand vous voulez, moi je suis en vacances.
• Demain vers midi au Swagrass.
• Parfait, à demain alors.

Vilco regarda à nouveau s’envoler le charmant flamand rose. Il rejoint Mike qui l’attendait, tout en feuilletant le programme. En le voyant s’approcher, il perçut un sourire se dessiner sur son visage.

• Eh bien, je suis ravi de voir que tu as l’air content de me retrouver, lui dit Mike.
• Tu ne penses pas si bien dire.
• Eh bien, tu as quelque chose à m’avouer.
• Une flamand rose m’a fait beaucoup d’effet.

Mike regardait son compagnon de jeu avec étonnement, qu’est-ce qu’il entendait par là ? Bon certes on pouvait appeler ça de l’art moderne. Les flamants roses qui décoraient les allées de l’aéroport avaient un certain style de là à tomber sous leur charme tout de même. Après les goûts et les couleurs ça ne se discutaient pas, il fallait les accepter sans juger.

• Si tu veux, on peut demander à l’artiste de t’en faire une copie pour ton studio, lui dit Mike pour le taquiner.

Vilco éclata de rire et lui répondit :

• Non celui dont je te parle viendra boire un verre demain au bar du golf avec deux amies si j’ai bien compris.

Ce fut au tour de Mike de rire à gorge déployée, ouf il n’aurait pas en ramener un en Ecosse.

Après ce moment de complicité, ils filèrent retrouver la voiture qui les attendait. Ils posèrent leurs affaires dans le coffre et s’installèrent à l’arrière. L’un et l’autre avait le nez collé à la fenêtre pour mieux découvrir la ville qui les accueillait. Le thermomètre affichait vingt-cinq degrés à onze heure, là où à Edinburgh il faisait à peine de cinq degrés la veille. Ils avaient jeté leur blouson sur la galerie. Ils s’interrogeaient : est-ce que l’écart des températures et le décalage horaire ne leur seraient pas préjudiciables pour entamer la compétition ? Quand la voiture traversa Dames Point Bridge, ils en conclurent qu’ils verraient en temps et en heure. Pour le moment profiter de cette après-midi était leur seul programme et trouver un coin pour manger parce qu’ils mourraient de faim.

Après une quarantaine de minutes de voyage, ils arrivèrent au golf. Après un rapide passage à l’accueil pour récupérer leur badge et poser leurs affaires dans leur chambre, ils se retrouvèrent dans le hall d’entrée. Ils décidèrent d’aller découvrir leur terrain de jeu pour les jours à venir. Ils étaient comme deux gosses découvrant leur lieu de vacances et toutes les activités géniales auxquelles ils auraient droits. Ils ne furent pas déçus, ce lieu somptueux, de grand standing leur en mettait plein les yeux.