Chapitre 5 :

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Depuis la dernière fois que je l'ai vu, mon supérieur a bien changé. Il a arrangé ses cheveux noirs, rasé sa barbe et troqué ses vêtements de motard pour un élégant costume trois pièces. Le temps semble avoir affuté son regard océan, ridé très légèrement son visage et redessiné ses muscles.

Seul son tatouage n'a pas bougé, cette ligne de joyaux prenant naissance au creu de son cou pour serpenter sur son bras gauche.

Il s'appuie sur son bureau, ou plutôt celui de l'ancien Président, et je sens son regard m'analyser lentement. Je ne bronche pas, supportant le silence qu'il m'impose. Puis, il se redresse de toute sa hauteur, pour me rappeler qui ici est en position de faiblesse. Malheureusement, je l'ai déjà vu procéder de cette manière. Sa technique d'intimidation ne me perturbe pas le moins du monde.

Je me contente de rester droite, mes yeux rivés sur lui, attendant qu'il prenne la parole.

- Que veux-tu ? demande-t-il finalement.

- Intégrer les Insaisissables.

Je réponds sans hésitation.

J'ai décidé, après avoir pris conscience de mon corps, d'adopter une nouvelle identité. Je n'aurai donc pas à expliquer pourquoi je reviens six ans plus tard avec une autre apparence.

- Et pourquoi je t'accepterais dans mon gang ?

Malgré son visage impassible, je sens que j'ai piqué sa curiosité. Personne ne rentre sur autorisation directe du chef. Soit quelqu'un se porte garant de toi, soit tu n'as pas le choix. Mais moi, je ne suis pas comme les autres.

- Je sais tout, je lui avoue droit dans les yeux. Comment vous fonctionnez, les membres les plus hauts placés de votre réseau, vos plans, tous les gens que vous avez assassiné en secret. Le marché est simple : vous m'accueillez ici, vous m'offrez le gite et le couvert, et en échange, je travaille pour vous, et je garde mes informations pour moi.

Aumaric ne dit rien. Il n'a jamais été très bavard de toute façon, parce qu'il n'en a jamais éprouvé le besoin. Ses silences sont presque plus parlants que ses mots. Ce dernier contourne le bureau, ses pas résonnant dans la pièce. Il s'arrête à un mètre de moi, et je dois relever la tête pour ne pas décrocher son regard.

- Donne moi une autre raison de te garder.

Une partie de mon masque sans émotion se fissure lorsque je sens le canon d'un pistolet contre mon ventre. Je déglutis.

- Vous avez perdu votre meilleur élément. Je suis persuadée que la place est restée vacante depuis que Perle n'est pas revenu de sa dernière mission. Il est temps de vous trouver un autre assassin. Donnez moi une chance, j'ose lui demander, et vous ne le regretterez pas.

Je fais une pause, avant de lâcher :

- Je suis discrète, agile, douée, et capable de supporter la torture.

Il me toise, comme s'il pouvait voir au delà de mon armure pour vérifier mes dires.

Une seconde passe.

Une minute.

Avant qu'il ne daigne me répondre.

- Engagée. Tu feras ce que je te dis. Mais je ne remplacerai pas mon joyau.

Il rengaine son pistolet. Un poids entier s'ôte de mes épaules et je pousse un discret soupir de soulagement. Mais celui-ci est de courte durée.

- Seule condition. Tu passes au détecteur de mensonges d'abord.

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