Chapitre 8 :

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Je cherche mon arme favorite parmi les étals sur la place de la Concorde. Aumaric a dû s'en débarasser, et les chances de la retrouver ici sont plutôt grandes.

Il neige aujourd'hui. Les flocons s'amoncellent sur les toits des tentes, et parsèment les routes. Les marchands ont allumé des feux à divers endroits du marché et salé le sol. A croire que ce n'est pas la première qu'il neige à Paris.

Je dois être la seule à ne jamais avoir vu ce phénomène de mes propres yeux.

Je frissonne, malgré mon long manteau. Mon corps n'est pas habitué à ce genre de températures. Les mains bien à l'abri dans mes poches, je passe d'un stand à l'autre, mes yeux s'attardant sur tout ce qui est petit et tranchant. Malheureusement, aucune dague ne ressemble à celle de mes souvenirs. Je continue mon chemin, me faufilant entre les passants.

Après d'interminables recherches, je finis enfin par tomber sur mon poignard. Je m'adresse à la vendeuse, une femme dans la fleur de l'âge.

- Je peux le regarder de plus près ? lui demandais-je en pointant l'objet.

Elle hoche la tête.

Je me saisis de l'arme. Mes doigts parcourent la surface, suivant les gravures dans l'alliage et les lignes de cuir avec attention. Je vérifie que la perle est toujours incrustée, et teste même le côté tranchant avec mon pouce. Un soupire de soulagement m'échappe : elle n'est pas abimée.

- Combien coûte-t-il ?

- Le poignard ? Cela dépend de ce que tu as à m'offrir.

Je sors un billet de cinquante euros de l'une de mes poches.

- Cela vous va ?

La femme éclate de rire. Je me retiens de l'insulter pour le manque de respect, et préfère sortir un billet supplémentaire. Mais la vieille se plie en deux en voyant mes sourcils se froncer. Perdant patience, je plante la dague à quelque centimètre de ses doigts. Elle s'arrête net.

- Riez encore, et ce ne sera pas la table qui se prendra un coup de poignard.

Je retire ma dague, et redemande :

- Maintenant, répondez-moi. Combien voulez-vous ?

- Je ne veux pas d'argent, réplique-t-elle, cela n'a plus de valeur depuis longtemps. Par contre, je peux vous l'échanger pour quelques tomates, concombres ou salades.

- Des tomates ?! Je m'étrangle presque, outrée.

Elle est prête à vendre un objet aussi unique et mortel contre des putains de légumes ?! Je m'apprête à lui le fond de ma pensée quand un vieil homme s'approche du stand, traînant un cabas à roulettes derrière lui.

- Isabelle ! Alors comme cela tu as besoin de légumes en ce moment ? raille-t-il.

La vendeuse lui lance un regard noir.

- Et alors, en quoi ça te regarde ?

- Tu ne m'avais pas dit que tu les faisais pousser toi même ? Demande-t-il innocemment, un sourire aux lèvres.

- Si tu es venu juste pour te payer ma tête, passe ton chemin. Je dois servir ma cliente, réplique-t-elle froidement.

L'homme repousse ses lunettes sur son nez avant de me dévisager avec attention. Je lui retourne son impolitesse. Il doit avoir un peu plus de soixante dix ans, au vu de ses cheveux blancs et des rides sur son visage. Puis, il fronce les sourcils lorsqu'il remarque la dague dans mes mains.

- C'est cette arme que tu voulais acheter ?

Méfiante, je hoche la tête. Il fouille dans son cabas et en sort des tomates et des concombres. Puis, il les tend à Isabelle. Attends... Ne me dites pas qu'il compte...

- Je paye pour la demoiselle. Comme ça, fait-il avec malice, tu me diras des nouvelles de cette récolte ! Peut-être que tu comprendras enfin que connaître les phases de la lune permet d'obtenir des légumes de meilleure qualité.

- Oh ne recommence pas avec tes histoires de lune ! s'énerve-t-elle.

Le vieux ouvre la bouche mais la vendeuse ne lui laisse pas le temps de parler.

- Fiche le camp avant que je me venge !

Il recule, presque amusé par la menace mais je lui attrape le bras.

- Merci.

- Ouais c'est ça, remercie moi, répond-il soudain plus soupçonneux. Mais je te préviens, ne m'adresse plus jamais la parole.

Je le regarde disparaître, médusée. Pour une fois que je remercie quelqu'un ! En attendant, il a raison : il vaut mieux que l'on ne se recroise pas.

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