Chapitre 13 :
Les camions noirs blindés apparaissent au coin de la rue. Postée devant le portail avec une équipe de cinq insaisissables, je les regarde rouler silencieusement vers nous. Sur leur toit, des panneaux solaires couplés avec des batteries pour leur donner une petite autonomie.
Parce que l'essence est devenue une denrée, à ce que l'on m'a dit.
Le premier véhicule du convoi s'arrête à quelques mètres, et tous ses passagers en sortent pour se ranger en ligne. Ils connaissent la procédure.
Je fais un signe à l'homme à ma droite, qui ordonne aux autres de commencer à fouiller le premier camion. Pendant ce temps, je vais m'entretenir avec le commandant du convoi, un jeune homme qui tente comme il peut de paraître plus effrayant qu'il ne l'est.
- Comment s'est passé l'acheminement ?
- Sans encombre, me répond-il du tac au tac. On est passé au Louvre et le matos nous attendait comme prévu. Les gens n'ont pas osé s'approcher de la cargaison sur le retour, nous n'avons par conséquent subi aucune perte matérielle ou humaine.
Je hoche la tête.
- Et l'expédition ?
- Nous avons quadrillé la zone nord, et dévalisé quelques postes de police et supermarché pas totalement vides. Mais, il n'y avait pas grand chose de récupérables. On n'a pas non plus croisé d'humains. Sinon, à partir de là, fait-il en sortant une carte de sa poche et en me traçant une ligne imaginaire, la neige a tout recouvert, donc on ne s'est pas aventuré plus loin.
- Je tiendrai le chef au courrant de tout ça, je finis par lui dire, ce qui semble le rassurer.
Les véhicules entrent les uns après les autres dans l'enceinte du Palais de l'Elysée, et des insaisissables s'affairent déjà dans la cour pour stocker les munitions, armes, bidons d'essence et réserves de nourriture.
Les hommes sont aussi fouillé avant de pouvoir passer la porte. J'observe de loin, m'assurant du bon fonctionnement de la procédure. Mon soubordonné me rejoint, une liste à la main.
- Tous les camions ont été vérifié. Du côté de nos échanges commerciaux avec le collectionneur, rien ne manque. Par contre, parmi les objets trouvé dans la zone nord, il manque des seringues et des sédatifs qui ont pourtant été déclarés et confirmés.
Lentement je me tourne vers le principal concerné, qui se recroqueville. Ma voix se fait tranchante.
- Tu peux nous expliquer ?
- Je... Je ne comprends pas, beggaie-t-il, comment...
- C'est à toi de nous le dire, réplique mon acolyte.
Voyant que le commandant n'a aucune idée de la façon dont ce matériel s'est volatilisé, je me rend à l'évidence : il a du les égarer sans s'en rendre compte, ce qui fait de lui une incompétent.
Et, ici, on ne tolère pas les bons à rien. Je prends la liste et la donne au jeune homme.
- Finalement, tu iras t'entretenir avec Aumaric à ma place, et lui dire pourquoi tu as perdu quelque chose qu'il cherchait depuis des semaines.
Il pâlit, devinant sûrement ce qu'il va lui arriver.
- Dépèche-toi !! Je hausse le ton, et il sursaute violemment.
- Un problème ?
Le jeune se fige le visage décomposé, puis se retourne. Je fais de même. Aumaric approche à pas lents, accompagné de quelques gardes du corps. Nos regards s'accrochent un instant, avant qu'il ne centre son attention sur le chef de convoi tremblant qui n'ose pas détacher ses yeux du sol.
Mon supérieur fait un signe aux armoires à glace qui ne le quittent jamais, et ceux-ci s'emparent du nouveau, pour le traîner jusque dans son bureau. Ce dernier ne se débat pas, ayant sûrement trop peur d'agraver son cas.
Je brise le silence avant qu'il ne devienne trop lourd.
- Tu voulais me parler ?
- J'ai reçu ton cadeau, me répond-il.
Son expression impassible me fait peur. Je n'ai aucun moyen de savoir si cela l'a vraiment affecté où s'il m'en parle seulement pour me voir perdre mon sang froid. Je décide de jouer la carte de l'arrogance.
- Et alors, il t'a plu ?
- Pose pas de questions inutiles, réplique-t-il.
- Dans ces cas-là aide-moi à retrouver Lys.
Mon ton est sans appel. Il y a quelques mois, jamais je n'aurais autant manqué de respect à mon chef. Mais il faut dire que la mort rend tout dérisoire. Aumaric se passe une manche dans les cheveux, pensif.
- Tu me sors par les yeux avec cette histoire de gamine, me dit-il calmement. Je me fiche pas mal de savoir où elle se trouve, ni même si elle est encore en vie.
Les mots fusent, tranchants. J'accuse le coup.
- Comme tu sembles décidée à me faire perdre mon temps, je vais te mettre en contact avec une personne qui a la capacité et les ressources pour accéder à ta requète.
Je le dévisage avec des yeux ronds. Sérieusement ? Une flamme d'espoir s'est allumée en moi.
Aumaric s'approche jusqu'à ce que je doive lever la tête pour continuer à voir son visage. Il se penche et son murmure me glace le sang.
- Tu rencontreras celui qui se fait appeler le Collectionneur dans deux jours. Règle ton problème de fugueuse rapidement et profites-en pour te mettre cet homme dans la poche. Il doit revoir la valeur de ses armes à la baisse. Mais surtout...
Il m'empoigne les cheveux, et je dois me retenir de ne pas lui agripper le bras.
- Ne. T'avise. Plus. Jamais. De. Me. Demander. Une. Faveur.

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