Chapitre 3

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Après être rentré, désespéré, dans ma villa, je me rendis compte, moi qui aimais avoir mon chez-moi, que je devais le partager avec Miss Parfaite. Je pensai que cette cohabitation allait être longue. Surtout qu'en plus de devoir vivre et de diriger l'entreprise conjointement, on devait tout faire ensemble, où que l'un aille, l'autre devait l'accompagner. Autrement dit, j'étais foutu.

Je m'allongeais pour profiter une dernière fois du calme de vivre seul. Je devrais sans doute dresser une liste des règles qu'elle aurait à suivre…

Je me levais pour prendre dans mon bureau de quoi la rédiger. Ceci fait, je l'imprimais en plusieurs exemplaires pour l'accrocher un peu partout. Je ne connaissais pas très bien Victoria, mais je me doutais qu'elle n'apprécierait pas cette initiative. Elle allait sûrement détruire le premier exemplaire que je lui donnerais.

J'en plastifiais même un afin de l'accrocher dans le salon.

Une fois ma tâche accomplie, je retournais me coucher avec le sourire aux lèvres. Si elle suivait ces règles, la cohabitation pourrait être légèrement moins pénible.

Une tasse de café à la main, j'entendis de l'agitation à la porte d'entrée, puis des coups violent. La petite tête brune de Victoria apparut devant moi. Une part de moi espérait que ce qui s'était passé hier ne fût qu'un horrible cauchemar. Malheureusement, ce n'était pas le cas.

Je me déplaçais afin de la laisser passer, sans pour autant lui montrer un tant soit peu de politesse. Elle observa la disposition des lieux, cherchant à se repérer.

— Avant que tu n'installes ton bordel chez moi, je vais t’expliquais les règles. Ma villa possède deux ailes, due à sa construction en U. Le couloir de droite sera ton aile. Elle comporte trois chambres, un bureau, un dressing ainsi qu’une salle de bain. Bien sûr, tu n’utiliserais qu’une seule des trois chambres. Étant un hôte formidable, je te laisse choisir la tienne. Dehors, tu trouveras une annexe derrière la piscine, c’est la salle de sport que tu peux utiliser quand je n’y suis pas. Tu trouveras aussi différents exemplaires de ce règlement,lui dis-je en lui tendant la feuille.

Elle attrapa le document, sceptique en essayant d’enregistrer toutes les informations que je lui fournissais, avant de commencer à lire.


— Tu crois vraiment que je vais suivre ses stupides lois ?

— Quel est le problème ?

— Règle numéro une, tu as accès à toutes les pièces sauf l’aile gauche. Bon ça encore ça peut passer. Règle numéro deux, tu ne diras rien sur mon infidélité ? Tu es sérieux ? Règle numéro trois, interdiction de sortir, de faire du bruit ou de montrer tout signe de ton existence lorsque j’invite des filles et surtout de leur dire qui tu es. Règles numéro quatre, tu n’invites personne que ce soit amis ou plus, je ne veux pas t’entendre. Règle numéro cinq, tu cuisines à chaque repas. Règle numéro six, cette liste n’est pas exhaustive et je m’octroie le droit de la changer à tout moment. C’est une mauvaise blague ?

— Bien sûr que non, je l’ai faite hier. Si tu la suis, la cohabitation pourra être à peu près

vivable.

— Tu rêves si tu crois que je suivrais une seule de ses règles. D’ailleurs ça ne me surprend même pas que tu sois infidèle.

— Je m’en fiche de ton opinion sur moi. Fais ce que je te dis, c’est tout.

— Je ne suis pas ton chien, hurla-t-elle en déchirant le papier.

Je l’informai qu’elle trouverait des exemplaires un peu partout dans les pièces auxquelles elle avait accès. Non mais pour qui elle se prenait celle-là ? J’estimais que j’étais plutôt sympa. Elle avait une grande liberté pour une intruse dans ma vie.

Je la laissai faire sa petite vie et partis faire un peu de sport. Un corps comme le mien s’entretenait. J’enlevai mon tee-shirt afin de rester en short de sport et commençai à courir sur le tapis. La musique hurlant dans mes oreilles me permettait d’oublier pendant quelques minutes que la personne la plus détestable au monde était en train de déballer ses affaires dans ma villa. J’attrapai la barre de traction et laissai toute ma frustration sortir.

Une fois que j’eus retrouvé un semblant de paix intérieure, je retournai chez moi. Je manquai de m’évanouir lorsque je vis tous les cartons de Victoria.

— C’est quoi tout ça ? Lui demandais-je.

— Des cartons. Ce sont des boîtes qui permettent de ranger temporairement des affaires afin de faciliter leurs déplacements.

— Tu te moque de moi ?

— Tu as posé une question débile, je t'apportai simplement une réponse du même niveau.

Je n’allais pas tenir à cette vitesse.

— Il n'y a pas de place pour toutes tes affaires, alors dégage-les.

— Jette les tiennes alors.

— Pardon ?

— J'ai déjà dû quitter mon appartement, je ne vais pas quitter mes affaires.

— C’est hors de question. Tu te débrouilles, mais, tu vires tes affaires de mon salon, sinon je le ferais à ma façon. Tu as intérêt à nettoyer après, je déteste la saleté. Mais, d’ailleurs, c’est quoi ces trucs ? Demandais-je en pointant du doigt l’aquarium qu’elle tenait dans les mains.

— Ce sont mes poissons.

— Hors de question que ça reste chez moi, ça pourrait faire des dégâts.

— Ce sont des poissons, Thomas, pas des chiens enragés.

— On ne sait jamais.

— Écoute que tu le veuilles ou non, je garde Bubule et Bouboule avec moi. Ils seront dans ma chambre ne t’inquiète pas.

J’aurais aimé rétorquer quelque chose, mais, je restais choqué devant les noms de ses animaux de compagnie. Qui les appelait ainsi ?

Bien que je ne la supportasse pas, je devais bien admettre qu'elle avait dû sang-froid. Elle ne laissait que rarement sa colère prendre le dessus et n'était jamais vulgaire. Ce qui m'avait souvent fait défaut.

— Il me semble que lorsque nous sommes mariés, on est censés faire des compromis des deux côtés, criais-je avant qu'elle ne fermât la porte de sa chambre.

— Cela tombe bien, on ne l’est pas encore.

Je la vis rentrer dans la première pièce du couloir, sans doute la chambre qu’elle avait choisie.

Je m’installai dans mon lit et fis défiler les publications Instagram afin de passer le temps. Likant les publications de mes potes et celles des filles sexy. Je finis par être intrigué par le silence qui régnait. Ou plutôt inquiet . J'espérais qu'elle ne soit pas bordélique, que c’était juste le fait qu’elle emménage.

Je finis par prendre mon courage à deux mains et retournai dans le salon. Victoria était là, assise sur une chaise du plan de travail.

Un long silence se fit pendant que nous nous observions.

— Exceptionnellement, j’accepte de faire le déjeuner et le dîner. Mais, après, on partagera les tâches.

— Non.

— Comment ça ?

— Tu cuisines et je m’occupe du ménage. C’est tout.

— Et si je refuse ?

— Ce n’est pas dans ton intérêt Miss Parfaite.

— Je t'es déjà dit d'arrêter de m'appeler ainsi.

— Du calme, rentre les crocs, ça ne te va pas de t'énerver… Miss Parfaite.

— AAAAH, mais ce que tu peux être énervant.

Je rigolais et la suivais dans le salon en l'écoutant bougonner.

— Au fait, je veux bien des enchiladas.

— Débrouille-toi.

— Je sens qu'on va bien s'amuser ensemble.

— Et moi qu'il y aura un meurtre.

— Je suis blessé par tant de haine. On se voit plus tard, je dois y aller, l'informais-je en voyant un message de Nathan, un de mes meilleurs amis.

— On est censé passer la journée ensemble, je te rappelle.

— Tu emménages et je me marie déjà avec toi, ce qui n’est pas pour me réjouir, je ne vais pas non plus abandonner toute vie sociale. Alors tant que tu ne dis rien à nos pères, tout ira bien. Profites-en pour faire des trucs de fille, comme du shopping, lui rétorquais-je avec un clin d'œil.

Je ne la laissais pas répondre et sortis de cet appartement.

Nathan m'attendait dans le centre-ville pour déjeuner. Héritier d'une entreprise de finance, il jouait à la bourse, faisait fructifier l’argent et grandir sa société depuis toujours. Grand, blond, yeux bleus et musclé, c'était un des rares rivaux que j'avais niveau filles.

Il faisait partie de mon groupe d’amis les plus proches. Au total, nous étions quatre. Nathan, Liam qui était un mannequin, Nate était un génie de l’informatique et le grand et célèbre… moi, Thomas. Aux premiers abords, on se demandait comment on pouvait être amis, nous étions pourtant inséparables. Nos caractères bien différents, à part pour les filles, nous avaient permis de vivre des moments plus incroyables les uns que les autres.

Lorsque j'arrivai, je le vis attablé sur la terrasse, une cigarette entre les lèvres.

— Monsieur Chan, c’est un plaisir de voir que vous avez du temps à m'accorder.

Je lui avais tout raconté hier soir, lorsque je l'avais appelé pour le prévenir que je n'étais pas d'humeur à venir à la fête.

— La ferme Nathan. Je te rappelle que c’est elle qui devra changer de nom, rigolais-je avec lui.

— Je ne la connais pas, mais de ce que tu m'as dit, je ne pense pas qu'elle changera son nom pour toi.

— J'espère bien, ça ferait tache sur mon image. Déjà qu'être associé à elle m'exaspère, je n'ai pas besoin de plus.

— Pourtant, elle est plutôt bonne de ce que j'ai pu voir dans les médias.

— Mouais, ça va,j'ai connu beaucoup mieux.

Je mentais, clairement. Victoria était sans doute une des plus belles femmes que j'avais pu rencontrer et dans d'autres circonstances, je me la serais bien tapée.

— Menteur. On a les mêmes goûts niveau meuf et elle, j'aurais donné cher pour l'avoir dans mon lit.

— Bon, je reconnais que physiquement, c’est mon style, mais mentalement, elle est insupportable.

— Comment ça ?

— Elle ne dit jamais un mot de trop, obéis toujours à ses parents et elle est d’un bordélique. Tu aurais dû voir l'état de mon appartement avec toutes ses affaires. On pouvait à peine marcher, il y en avait partout.

— La cohabitation va être tendue entre vous.

— Oh oui. Je ne te le fais pas dire.

— Tu vas faire quoi ?

— Je vais la pousser à bout. Il n’y a qu’elle qui pourra faire en sorte que ce mariage se termine plus tôt. Si je demande à mon père, il n’acceptera qu’à condition que je laisse ma place, il n’attend que ça et c’est hors de question que je lui fasse se plaisir.

Nous continuâmes de parler du mariage avant qu'on abordât une question à laquelle je n'avais pas pensé.

— D'ailleurs, tu vas faire quoi avec Maya ? me demanda Nathan.

Maya était ma petite amie, si on pouvait l'appeler comme ça. C'était elle qui s'était donné ce titre. Je n'avais jamais accepté ni contredit. À mes yeux, elle était plus comme un plan cul régulier. Plutôt grande, elle devait facilement mesurer un mètre soixante-quinze, les cheveux blonds et les yeux verts, elle était aussi canon que bonne au lit. Ce qui était sans doute son seul avantage, on ne pouvait pas la qualifier de très intelligente.

— Je l'avais zappée celle-là, soupirais-je.

— Jalouse comme elle est, elle risque de ne pas prendre la nouvelle très bien.

— Tant pis pour elle, ce n’est pas comme si j'avais voulu de cette situation. Si elle est vraiment furieuse, j'irais rapidement à la bijouterie, je lui prendrais un truc et lui ferais rapidement des excuses. La connaissant, elle sera tellement heureuse que je pourrais même m'envoyer en l'air avec elle après.

— Tu es vraiment un connard mec, rigola Nathan.

— Comme si tu étais mieux toi.

— Je reconnais que je ne suis pas mieux, rigola-t-il. Bon, faut que je te laisse, on n'a pas tous un jour de congé. Tu veux qu'on aille en boîte ce soir ? Ça te permettra de relâcher la pression.

— Avec plaisir, on se voit ce soir à l'heure et à l'endroit habituel. Les autres seront là ?

— Bien sûr, ils ne louperaient pas une fête.

Une soirée en boîte, c'était exactement ce qu'il me fallait. J'envoyai un message à Maya, si je ne lui donnais pas un semblant d'affection, elle faisait des crises et je n'étais pas d'humeur à la supporter.

"Tu me manques bébé"


Voilà c'était fait. Je payai l'addition et rentrai chez-moi. Lorsque je rentrai, je soupirai d'agacement devant ce que je vis.

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