Apostasie (Vincent Tassy)

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Amateurs de rêveries gothiques et mélancoliques, de châteaux en ruines au sommet de montagnes enneigées, de vampires à jabots, d’amours cruels et de forêts aussi mystérieuses que dangereuses, ce livre est pour vous ! Si vous savez apprécier l’ambiance plus que l’action, alors n’hésitez plus et foncez vous procurer ce petit bijou de ténébreuse poésie.

Le style de Vincent Tassy est recherché, soigné et très poétique. Il n’est pas facile d’accès et un paragraphe nécessite souvent plusieurs lectures pour être compris. C’est un roman qui demande un certaine concentration, et appelle à de nombreuses relectures (un peu comme la Sève et le Givre, de Léa Silhol, qui est d’ailleurs l’une des inspirations avouées de l’auteur). L’utilisation de noms sonnant comme s’ils étaient sortis d’une pièce du 17° siècle renforce cette identité. Émaillé de poèmes, et divisé en petits chapitres, il cache un récit dans le récit, un peu comme de délicates poupées russes emboitées les unes dans les autres.

Le protagoniste principal est Anthelme, un étudiant qui ne trouve de beauté que dans les livres et la solitude désolée de la nature sauvage. Ce jeune étudiant, qui apparaît comme une sorte de double de l’auteur, se concentre sur une sorte de quête qui apparaît bien mystérieuse au lecteur à première vue. Trois années durant, il vivra en ermite dans une mystérieuse « sylve rouge » (qu’on finira par reconnaître comme le pendant féérique d’une forêt existant bel et bien) et cherchera à s’extraire du « cours du temps » (p. 239), à « réinventer (sa) vie » (p. 238). Le seul lien qui le reliera au monde réel est une modeste bibliothèque de village haut-savoyard, qui, mystérieusement, contient ses livres favoris, mais aussi le témoignage qu’un autre rêveur oublié à fait de ce lieu hors de la réalité. Des indices, semés ci et là, nous montrent qu’il est plus ou moins engagé dans un processus de création, ou plutôt, dans cette phase onirique qui précède la création : « Cette nuit, Aphélion m’avait fait comprendre que le premier chapitre de ma vie dans la Sylve, celui de l’errance et de la contemplation, je désirais le clore pour en ouvrir un autre, celui de la légende d’Anthelme au Bois Dormant. » (p. 237).

Pendant son parcours, de son errance dans cette forêt mystérieuse, Anthelme va faire plusieurs rencontres, à la manière d’une héroïne de contes de fées : certaines seront pour lui des alliées, mais d’autres seront plus inquiétantes. Il recherchera désespérément Apostasie, une sorte de muse, « sortie tout droit de (ses) rêves, parfaite fille de tous (ses) fantasmes littéraires » (p. 237).

Parmi ces rencontres, le personnage le plus fascinant est sans conteste Aphélion, le vampire craint même par ses congénères, qui réalise les vœux de ses admirateurs de manière particulièrement sadique. Plus qu’un personnage, Aphélion est une métaphore qui symbolise ce que représente l’art et l’aspiration du beau pour un créateur, et les extrémités où sa quête esthétique peut le mener. Il est l’incarnation, en quelque sorte, d’une version « noire » d’Anthelme, et doit disparaître si Anthelme retrouve Apostasie.

À côté de ce créateur bicéphale, on trouve des personnages qui semblent appartenir à une autre réalité : il s’agit de Lavinia et d’Ambrosius, et de la bande de jeunes vampires que ce dernier dirige. Lavinia était la reine d’Ormoy, mère d’Apostasie, et Ambrosius, son frère sorcier devenu vampire. Leur histoire est imbriquée dans celle d’Anthelme, qui sera amené à rencontrer Ambrosius et sa bande.

L’univers est unique et vous hantera bien après les pages du livre refermé. Il m’a fait penser au pays de Ronces dans un autre roman du même auteur, Diamant, avec ses forêts enneigés que je visualise volontiers comme certaines photos figurant sur les albums de black-metal symphonique (j’avais la musique de Dusk and her Embrace de Cradle of Filth en lisant ce livre !), ou encore, comme le décor du film La Compagnie des Loups. C’est un univers très froid, qui évoque la solitude et la mélancolie. Parfait pour accompagner une froide journée d’automne !

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