Partie 2
Quand mes yeux s’ouvrent, la fumée s’est dissipée, l’air est plus respirable et la chaleur a baissé. Mon corps entier est sous le choc de la chute. Je mets du temps à reprendre mes esprits et ma cheville est douloureuse à en mourir. Je tente de me lever sans succès. Impossible de m’appuyer sur ma cheville, elle est gonflée et colorée de bleu. La douleur est insoutenable.
Je prends alors le temps de regarder les environs en profondeur. J’ai un espace d’à peu près 5 mètres de longueur qui s’étend dans les entrailles de la terre, ne laissant qu’un trou béant, noir et effrayant. Mais malgré mon envie de retrouver ma sœur, ce couloir a quelque chose de mystique et d’attirant. Et puis je n’ai pas d’autre choix. Je ne peux pas escalader la crevasse à cause de ma cheville. Je me munis donc d’une branche emportée dans ma chute pour avancer.
Plus j’avance, plus le couloir se referme vers la sortie, ce qui me donne une sensation d’enfermement. Je n’aime pas ça. Une pente se creuse. Je serre les dents. La pente m’oblige à prendre appui sur ma cheville, rendant mes pas compliqués, douloureux, et mon avancée très lente.
Quand soudain, le couloir s’arrête net. Un trou est apparent juste devant moi. Il n’est pas profond et un halo de lumière éclaire le fond, à quelques mètres en dessous. C’est sans doute une entrée creusée par un des météores tombés lors de l’impact, dont la carcasse gît ici. Je cherche un moyen de descendre, mais une sorte d’échelle usée, qui était utilisée auparavant, a été détruite dans les dommages.
Ce qui a pour effet de me frustrer un coup, car cette journée use toute ma patience. Alors je prends mon courage à deux mains et je saute, dos au vide, en utilisant mon sac comme bouclier.
La chute est courte mais pas trop désagréable. J’aime le soleil qui me réchauffe la peau. Je ne sais même plus depuis combien de temps je suis là-dedans. Je pousse un gloussement de fatigue et d’hystérie. Je n’en peux plus.
La journée est juste trop compliquée. J’ai perdu ma sœur, et mes espoirs d’un avenir meilleur pour nous deux. Et je me retrouve bloquée ici, dans cette foutue grotte. Je hurle. Je pleure de rage envers toutes ces catastrophes qui nous sont arrivées à nous.
Nous… et les autres. L’humanité entière, rayée partiellement de la carte, métamorphosée en créatures sanguinaires que nous avions rencontrées par le passé : de gros serpents aux cheveux de serpent qui se nourrissent de chair fraîche. Des gorgones, comme nous les avions surnommées toutes les deux. Maïwenn me manque tellement. Je donnerais tout pour la retrouver maintenant, lui faire un câlin, retrouver sa chaleur.
Je soupire, allongée là, totalement vulnérable et faible, blessée. Je pense à abandonner, à me laisser là, mourir lentement. Rejoindre mes parents qui m’attendent dans le ciel, et ma sœur, qui les a sûrement rejoints là-haut. Qui repose maintenant en paix auprès des ancêtres. Je suis prête à les rejoindre, me dis-je, en laissant couler une chaude larme de désespoir.
Quand soudain, je vois une chouette qui se pose là, à côté de moi. Elle me regarde avec profondeur en tournant sa tête dans tous les sens.
Intriguée, je me relève, en observant la cavité avec plus de profondeur. Et là, dans le fond de la grotte, se trouvent des gravures étranges. Une sorte d’étrange langue perdue, pleine de symboles que je n’avais jamais vus. Le mur en était rempli, ce qui éveillait un autre mystère.
La partie gauche du mur était abîmée et recouverte de lierre épais et invasif, dansant légèrement, balancé par un vent venant de derrière le lierre. Ce qui me paraissait étrange, car seul un autre couloir avec un accès à la surface pouvait créer ce vent.
Soudain, là une chouette bordé d’or et de noir s’envole et passe derrière le lierre, en me frôlant de justesse, comme pour m’inciter à venir. Alors je repousse le lierre. Et découvre derrière un caveau, lieu de repos éternel et ancien lieu de culte, il y a fort longtemps.
Sur le plafond, un trou qui correspond à un petit puits, qui a nourri et procuré la vie à un beau saule qui pousse là, au centre du caveau. Ce lieu est magnifique, spacieux, contenant des manuscrits anciens, des meubles et de petits trésors d’or. Le tout rangé dans de vieilles et solides étagères en bois massif.
Bien que le tout soit poussiéreux et fragile, je me sens à ma place. Comme si je rentrais chez moi après un long périple. Plus j’avance vers le fond, plus le sentiment se confirme.
Jusqu’à ce que j’arrive devant un cercueil d’ambre aussi magnifique que simpliste. Il est lisse de partout, sauf sur le dessus où est gravé, dans cette langue étrange, quelque chose d’indécryptable à mes yeux. Le mur derrière le sarcophage d’ambre est rempli de ces gravures. Impressionnée, je tâte ce mur, la crypte, les meubles, les manuscrits, l’olivier et même le cercueil.
Quand tout à coup, la chouette arrive et se pose sur le saule .
Et là, tout s’illumine. Des lobes de lumière gris lunaire sortent du sol. Les gravures s’illuminent. Le cercueil dégage un puissant halo de lumière pure est une brume noire. Je panique face à ce phénomène mystique. Je cours vers la sortie quand soudain, plus rien. Que du noir autour de moi.
L'obscurité m'entoure et derobe la realité autourds de moi.

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