L'homme intubé dans l'hotel

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Il était 2 heures du matin lorsque l’inspecteur Edouard et sa partenaire : agent spécial Flora furent appelés pour le meurtre suspecté d’un jeune homme de 24 ans dans une chambre d’hôtel miteuse de Bobigny.

Sur le pas de l’hôtel : Edouard et Flora rejoignirent le commissaire Glicenstein dont les yeux fatigués étaient à peine gênés par la fumée émanant de sa cigarette qui pendait à ses lèvres torturées.

- Nous avons un cadavre sur les bras. Dit-il d’un air désabusé.

- Laissez-moi deviner… Un règlement de compte entre pute et macro ? Un jeu de rôle masochiste qui a encore mal tourné ? Demandait Flora d’un air agacé.

- J’admire votre imagination agent Flora, mais ce cadavre ne ressemble en rien à ce que vous avez pu voir jusqu’ici. J’en ai vu pourtant, mais croyez-moi… Mon estomac en est encore tout retourné… Leur discussion fut interrompue par un jeune brigadier qui, sorti en trombe de l’hôtel ne put retenir ses vomissements ; il dégueula partout devant lui alors qu’il courait, glissa et se vautra dans son propre vomit.

- Qu’est-ce que je vous disais – Dit le commissaire d’un aire dépité – Brigadier Chemith ! Avez-vous fini de jouer au patinage artistique dans votre dégueulis ? Un peu de sérieux bon sang ! Ce n’est pas le dernier que vous verrez ! Je peux vous le garantir !

- C’est une blague… Vous m’avez réveillé pour ce cirque ? grommela Edouard avec une voix somnolente. - Fini de râler ! Suivez-moi ! Le commissaire Glicenstein avait un air grave, lui qui était d’habitude si bout en train.

Ils gravirent les escaliers poisseux jusqu’à une chambre puante. A l’intérieur, ils découvrirent une scène particulièrement bizarre et atypique : Déposé sur le lit ; gisait le cadavre nu et ensanglanté d’un jeune homme dont il manquait les bras et les jambes.

Autour de lui étaient disposés en désordre toute une panoplie de chirurgie : champs stériles, compresses sales, bistouris, ciseaux, pinces, fils de suture. Le corps était recouvert de cicatrices recousues. Ses membres avaient été sectionnés proprement, les plaies parfaitement recousues en moignons, il lui manquait les yeux et la langue.

- Bon sang ! C’est quoi ce truc dans sa bouche ? S’exclama Edouard qui était sorti de sa torpeur par cette vue infernale.

- Il a été intubé ! Et la façon dont il a été recousu et soigné… C’est l’oeuvre d’un chirurgien, je pense qu’il est à la fois à l’origine des blessures et de leur soin… C’est de la pure folie. Dit Flora perdue dans ses pensées et ses souvenirs lointains d’anesthésiste réanimatrice chevronnée.

- Pas de conclusions hâtives agent Flora… Et puis, la thèse du suicide ne peut pas être totalement écartée… Il y eut un moment de silence… Puis des rires : le commissaire avait retrouvé son humour à la présence rassurante de ses deux plus fidèles enquêteurs. L’ambiance si pesante s’était allégée, les nuages morbides de puanteur et de peur qui encombraient la pièce s’étaient dissipées à coup de blagues et d’humour noir. Après cette bonne crise de rire nerveux, chacun avait retrouvé son calme et son discernement.

Docteur Flora assistait sans broncher à l’autopsie du légiste.

- Conclusion docteur ? Demanda Flora par humilité alors qu’elle connaissait déjà les réponses.

- La victime a été torturée pendant des mois à en juger par l’ancienneté de certaines blessures et ecchymoses. Ses membres sectionnés proprement ne sont pas la cause du décès. Tout me porte à croire que la victime a été privée successivement de ses cinq sens : la vue d’abord : par l’arrachage des yeux, l’ouïe ensuite : les oreilles ont été perforées avec une grande précision, le nez et la langue… Mais ce qui me perturbe le plus c’est l’opération qu’il a subit au niveau de sa colonne vertébrale et de ses différents nerfs : ils ont été sectionnés précisément pour le priver le plus possible du sens du toucher et le paralyser. C’est lors de cette opération que le chirurgien fou a commis une erreur qui a été fatale pour sa victime…

- On dirait qu’il expérimente. Qu’il s’entraine pour priver la victime de tous ses sens sans la tuer. Il n’en est pas à son coup d’essai. Ce qui est troublant c’est que bien que les blessures datent de plusieurs semaines, la chambre d’hôtel n’a été réservée que depuis 5 jours…

Le commissaire et l’enquêteur Ed' les avaient rejoints et s’étaient réunis dans la salle de réunion avec le reste de l’équipe pour discuter de leurs trouvailles respectives.

- Alors… Vous voulez dire que la seule raison pour laquelle ses membres ont été sectionnés c’est pour…

- Pour le rendre plus facile à transporter dans ses valises oui ! Coupa Flora débordante d’énergie.

- Donc… Résumons… Ce chirurgien fou coupe totalement sa victime de tous ses sens et le découpe pour pouvoir le trimballer partout avec lui comme une sorte de doudou ? Demande le commissaire à la fois terrifié et amusé.

- Oui ! Mais son art n’est pas parfait, la neurochirurgie ne doit pas être son fort, il commet des erreurs, n’arrive pas à sectionner tous les nerfs et la moelle épinière correctement pour terminer parfaitement son oeuvre. Il s’entraine ! Il doit y avoir d’autres cas, ou alors il va y en avoir d’autre c’est sûr !

Ce cas fut le début d’une longue série. Le chirurgien s’améliorait de victime en victime, bientôt ce n’était plus que l’on retrouva mais des hommes tronc, bel et bien vivants, mais totalement coupés du monde exterieur…

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