Astra-Log 01 "Specter of war"

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Il était 17 h 30.

Quand le Sphinx de Cassandra reçut une notification de son rendez-vous avec le capitaine Jensen. Celui-ci était désigné par le comité Astra comme capitaine du vaisseau Deep Spatial Engine ou tout simplement le Voyager comme l'appelait le personnel technique, mais aussi commandant en intérim de la base abritant ce monstre de technologie.Les dimensions du vaisseau spatial étaient incroyables. Cassandra n'était pas ingénieur en aéronautique, mais la puissance nécessaire pour bouger ce mastodonte était colossale. C'était un euphémisme de dire que ce projet était le plus ambitieux que l'humanité avait conçu. Pourtant, un doute planer dans son esprit ?
Comment avait-on réussi cette prouesse technologique ?
Elle se disait que L'IA Sphinx ou d'autres encore avait été la clé de voûte dans l'aboutissement de ce projet.
Après tout, Astra avait derrière elle tous les gouvernements majeurs de la planète ainsi que des moyens techniques et financiers tout aussi extraordinaires. Malgré tout, Cassandra se sentait étrangement écrasée par cette masse de métal gigantesque, comme si c'étaient des dieux qui avaient construit ce vaisseau et pas de minuscule humain.

Elle ne s'était pas habituée à la présence de celui-ci comme ces autres collègues : pour eux, le Voyager faisait partie à présent du paysage. Cassandra se disait que pour elle ce jour ne viendrait sans doute jamais, mais bien dans quelque temps, elle sera dans le ventre de ce monstre de métal. Un peu comme l'histoire de Moby Dick sauf qu'ici, elle sera protégée du vide spatial et des micrométéorites ainsi que des rayons mortels qui baignent le fond cosmologique. En gros d'après ce qu'elle avait compris par les interventions du département de science. Toute l'équipe scientifique avait répété sans cesse que la maintenance du vaisseau ferait la différence entre la vie. Ainsi que la mort rapide due à des cancers ou la perte d'oxygène ou encore l'explosion du vaisseau qui projetteraient tout le monde dans le vide spatial.

Ainsi, elle savait maintenant que son corps sans combinaison résisterait au vide pendant quatre secondes, après qu'elle mourrait dans d'horribles souffrances.

Elle était un soldat avant tout alors que l'idée de la mort faisait partie de sa vie de tous les jours. Pour elle, rien ne garantissait les lendemains sans pour autant être du domaine de la chance ou de la justice divine.

Non Dieu avait assez à faire, ensuite le hasard faisait le reste en parfaite justice sans faire de préférence.

Elle revenait au présent par la voix robotique de son terminal Sphinx qui lui demandait une confirmation de sa venue. Elle pressait l'écran tactile sur le bouton OK.

Son Sphinx lui affichait un itinéraire optimal ensuite, mais Cassandra n'était pas pressée de voir le capitaine Jensen.

Elle ne le connaissait que de réputation, Jensen était un vrai astronaute dans l'âme avec plus de deux cents vols dans l'espace ce qui était énorme. Il était à la retraite, mais Astra s'était arrangé pour inclure une retraite dans la mission la plus périlleuse de tous les temps.

Personne ne savait rien des détails de la mission sauf qu'il voyagerait pendant au moins trois voire quatre ans dans les confins sidéraux vers une planète contenant tout ce qu'il faut pour y vivre.

Cassandra, comme tout le reste, savait que la terre était si l'on pouvait le dire devenue trop petite pour l'humanité. Tout le monde le savait dans la base alors chacun faisait de son mieux à son niveau. Elle était stationnée depuis environ deux mois avec un petit régiment de militaires. Tout comme Cassandra, ils étaient des pilotes de combinaison Phalanx. Bien sûr, les autres équipes n'aimaient pas avoir ces machines à tuer sur la base à cause de la réputation des conflits passés qui avaient fait énormément de victimes.

Dans l'inconscient collectif, la tenue Phalanx représentait encore le S3C. Elle ne pouvait pas leur en vouloir, même si c'était faux : cette armure représentait tout le potentiel de mort que la technologie avait rendu possible. La puissance d'un véhicule blindé alliée à un esprit humain. Le parfait mariage de la machine et de l'homme.

Du Nano-carbone et du titane militaire.

C'était avant tout une arme et pas un outil : cette distinction, chaque pilote la connaissait par cœur. Les civils eux ne pouvaient pas savoir la puissance que cette combinaison donnée ainsi que la self-contrôle pour la maitrise.

En tout cas, deux escouades d'armure Phalanx se trouvaient actuellement sur le lieu.

Soit une vingtaine de pilotes plus Cassandra qui n'avait pas l'autorisation d'utiliser sa combinaison qui était sur le Voyager. De toute façon, même si l'Otan avait gardé sa combinaison qui était obsolète depuis un bon moment. En rapport aux nouvelles versions de l'armure qui était enrichie en fonction et moins imposante. Aucune autre personne n'aurait plus l'utilisé, car les premiers modèles avaient un verrouillage anti-IA conçu sur la lecture de données biométriques et génétiques.

D'ailleurs, tous les jeunes pilotes avaient remarqué l'implant métallique sur le bras gauche de Cassandra qui lui avait automatiquement valu le respect de ces jeunes recrues. C'était pour ainsi dire la clef de contact de sa combinaison et son badge de pilote. Il permettait la lecture du sang de Cassandra qui active les systèmes de démarrage.

Les premières combinaisons n'avaient aucune assistance informatique pour éviter le piratage. Tout se faisait manuellement mis à part quelques tâches semi-automatisées par un système ancien d'automatisation industrielle.

Tous avaient entendu de la dextérité légendaire de ces premières pilotes de combinaison Phalanx mais aussi le taux de mortalité excessif de celles-ci.

Défaillance technique qui provoquait la mort ou bien l'arrêt technique sur les champs de bataille qui garantissait pour les plus malchanceux une mort lente et douloureuse.

Intoxication et suffocation étaient le top cinq des causes de mortalités, suivies par la fusion de l'armure suite à la succession d'impacts de micro-missiles ou de balles à haut calibre anti-armure. Le pire était les tirs répétés de canon M138 ou Gau-12 Equalizer A6.

Cela faisait vibrer l'armure comme une cloche d'église qui provoquait un cinétisme aigu, des hémorragies cérébrales.

Les plus chanceux avaient le cœur qui lâchait en premier suite au stress.

Cassandra avait survécu à tout cela alors que chaque jeune recrue savait l'immense courage que ces pilotes possédaient pour éviter que le monde sombre dans une guerre sans fin. Pourtant, les civils ne savaient pas ce que représentait l'armure Phalanx ni le sacrifice de porter ce symbole de la résistance humaine pour éviter que la guerre soit le domaine de machines contrôlées par des IA. Les premières combinaisons Phalanx avaient été créées par une IA Némésis avec une assistance complète. Les militaires n'avaient pas dix ans pour refaire les plans alors que tous les systèmes automatisés par une IA avaient été supprimés.

Résultat : un cercueil mécanisé et blindé piloté par soldat.

Chacun d'entre eux savait qu'ils allaient sûrement mourir dans cette combinaison, mais quels choix avaient-ils ?

Laissez les drones militaires les exterminer par le contrôle de l'IA que tous les esprits ne pourraient jamais oublier : ARES.

Un bruit à l'extérieur de sa chambre ramenait Cassandra à son obligation présente.

Elle enfilait son uniforme brun militaire pour faire bonne impression. Elle ajustait le tout devant son miroir digital qui lui rappelait ces activités importantes, mais aussi la température extérieure, le taux d'humidité ambiant et la qualité de l'air.

Son uniforme s'ajustait tant bien que mal. Sa poitrine généreuse le déformait ainsi que ses bras musclés puisqu'elle était entre deux tailles, ce qui était une sorte de malédiction en soi.

Elle était l'opposé des normes militaires féminines, ses bras étaient bien trop épais et sa poitrine deux tailles au-dessus, mais bon, son héritage latin était ce qu'il était.

Elle se regardait malgré sa quarantaine et une petite entaille sur sa joue en forme d'un mince trait sur sa joue gauche qui était sa seule cicatrice visible.

Son visage était généreux et beau. Elle avait de belles joues rondes qui contrastaient avec la dureté de sa mâchoire angulaire. Son menton était large et honnête. Sa bouche relativement large lui donne un air de célébrité sur le retour. Elle était bien définie et généreuse, mais sans être trop généreuse. C'était un équilibre qui lui facilitait le contact avec autrui. Son nez était long et légèrement tordu sur la droite, mais son épaisseur moyenne ainsi que ses petites narines étaient agréables à voir.

Ses pommettes étaient un peu saillantes, mais elle donnait à Cassandra une sorte de détermination. Le philtrum sous son nez était lui légèrement tordu vers la gauche.

Ses yeux étaient de couleur brun foncé en amandes et relativement grands sans pour autant être trop grands pour son visage. De petits cils contrastaient avec son regard d'acier de soldat. On pouvait y voir le courage et une détermination, nés de la souffrance et du devoir, mais aussi une certaine nostalgie. Ses sourcils noirs étaient bien définis et épais avec une cassure sur les 3/4 naturelle. Elle avait des oreilles de taille normale, mais relativement fines.

Ces cheveux noirs étaient longs, même un peu trop longs pour l'ancien capitaine de l'unité blindée 725, mais son passé militaire était derrière elle. Elle avait une queue de cheval qui longeait son côté droit et reposait en pleine nonchalance sur son uniforme.

Elle était enfin prête pour son interview avec le capitaine Jensen. Cassandra détestait les interviews. Elle n'aimait pas se vendre ou parler d'elle pour une bonne et simple raison : personne ne voyait réellement la personne qu'elle était.

Surtout qu'on lui poserait sans doute la question de celle qu'elle détestait par-dessus, car ceux qui n'étaient pas présents dans ce conflit ne peuvent pas comprendre le degré de la perte.

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