Chapitre 46: Le récit (partie 9: Flou)

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- Et ensuite ?

- Ensuite ?

- Vous ne vous souvenez vraiment de rien ?

- Hmmm... J'ai des bribes d'informations qui me reviennent de temps à autre, mais je n'arrive toujours pas à faire le point sur ce qu'il s'est exactement passé après ma rencontre avec la créature.

Je me rappelle que j'ai tué trois personnes. Mais je ne me souviens même pas de leurs visages.

C'est... Je m'en veux terriblement...

Émeric enfouit sa tête dans le creux de ses paumes.

- Je... Je ne mérite que la mort. La folie s'est emparé de mon corps et a fait de moi un meurtrier. Mais je suis l'unique coupable. Il ne tenait qu'à moi de retenir les pulsations malsaines des voix dans ma tête.

- Ces voix... Depuis quand les entendez-vous ?

- Je ne sais pas... Je ne sais plus.

Je veux juste que ça s'arrête.

- Et là, vous les entendez ?

- Oui.

- Et que disent-elle ?

- Elle essayent de me faire me souvenir. Elle me tourmentent avec des visions que je tente d'oublier.

- Je vois. Mais comment êtes-vous arrivé jusqu'ici ?

- Ça, je pense le savoir. C'était... Le 17 septembre 1999.

Un homme sans nom m'avait regardé droit dans les yeux et m'avait dit "Désolé", seulement ce mot. Autour de nous, huit autres silhouettes observaient la scène, dans un silence total. L'une d'elle portait dans ses bras un enfant endormi. Il avait l'air paisible. Derrière, le noir de la nuit teignait la mer d'un bleu profond. L'homme avait levé sa main devant mon visage, et...

- Et ?

- Plus rien.

Je m'étais réveillé ce que je pensais être le lendemain, le corps parcouru par la désagréable sensation du sable qui me lacérait la peau. Sur la grève, des débris éparses se mouvaient en même temps que les vagues. Dans l'eau, une barque. Et dans ma tête, plus un bruit.

Je me souvenais seulement d'un nom : Timéo.

Sans savoir pourquoi ni comment, je m'étais retrouvé à l'intérieur de la barque. Puis, j'avais ramé. Sans m'arrêter.

Maintenant, ma mémoire est plus claire. Timéo, et j'en ai la certitude, était cet enfant endormi dans les bras d'une des silhouettes. Et son nom... je l'avais déjà entendu quelque part.

Quand j'avais discuté avec Amir, le soir du 10 septembre, il m'avait présenté ses trois fils : Alexandre, Thomas, et Timéo.

Et lorsque l'homme sans nom avait effacé ma mémoire, j'avais entendu une des silhouettes prononcer : "La clé de la détermination".

Timéo est "la clé de la détermination". Qu'est-ce que cela veut bien vouloir dire ? Et surtout, qu'est-ce que ces mystérieux personnages lui veulent ?

Je suis désolé, mon histoire est si... étrange. Même moi, je n'arrive pas à y croire. Je ne sais pas comment faire pour vous convaincre qu'il ne s'agit que de la pure vérité.

- Mais je vous crois, je vous crois.

Et je vais tout vous expliquer.

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