Tip-tappa-tip, la tempête continue.
La pluie s’abat sur les fenêtres.
La lumière est vive. Trop vive.
Il a mal partout. Sa gorge le fait souffrir.
Il réalise qu’il est à la clinique. Le Doc s’occupe de lui.
- Bon retour parmi nous Shane. Tu nous as fait une belle frayeur.
Il a honte. Il détourne le regard. Une perfusion est reliée à sa main.
- Je t’ai fait un lavage d’estomac pour évacuer le trop plein d’alcool.
Harvey vérifie la perfusion.
- Et je te réhydrate au passage. De ce côté-là, ça devrait aller…
Il lui pose une main sur l’épaule.
- Je vais te laisser te reposer… Concernant le reste, nous discuterons des différentes options demain.
Il acquiesce d’un mouvement de la tête. Il a encore envie de pleurer.
- Si tu le souhaites, tu as des visiteurs.
Il espère que son ange est resté… Mais c’est Marnie qui arrive. Son visage est strié de larmes.
- Shane ! Mon chéri !
Elle se jette à son cou. Il a oublié comme c’est agréable de se laisser aller dans des bras maternels. Mais il se dérobe.
Toujours ce sentiment de honte.
- Je veux que demain tu écoutes bien Harvey ! Je… C’est important… Tu n’es pas seul, tu le sais ça ?
Il n’en peut plus. Il pose la question qui le taraude depuis le début…
- Est-ce que Mary est là ?
La voix est cassée. Ça lui fait mal. Harvey soupire :
- Malheureusement oui. Je n’arrive pas à la raisonner pour qu’elle rentre se mettre au chaud. Tu veux la voir ?
Il acquiesce une fois de plus. Elle est la seule personne qu’il veut voir.
Harvey va la chercher. Tante Marnie l’embrasse et lui souhaite de bien se reposer avant de rentrer. Il y a Jas seule à la maison.
L’ange arrive.
Ses yeux sont rouges et gonflés d’avoir trop pleuré. Elle tremble comme une feuille malgré la couverture qu’Harvey lui a donnée. Ses vêtements sont dans un état lamentable, plein de terre. Des brindilles parsèment son sempiternelle chignon, prêt à s’effondrer. Une mèche s’est même défaite et lui barre le visage.
Elle est dans un état épouvantable, et pourtant jamais il ne l’a trouvée aussi belle que maintenant.
Elle tire une chaise et s’assoit à ses côtés.
- Je suis désolé…
- Arrête de l’être. Je suis juste heureuse d’avoir été là, au bon moment…
C’est dur, les larmes lui montent aux yeux, mais malgré tout il a envie de lui sourire :
- Ouais… Moi aussi…
La pluie tombe toujours.
Il aime ce silence entre eux. C’est aussi un pouvoir qu'ont les anges. Celui de toujours vous faire sentir bien quand ils sont à côté de vous.
- Tu devrais quand même rentrer… Tu vas tomber malade à rester trempée comme ça… Regarde… Tu trembles…
- Je ne tremble pas parce que j’ai froid… Mais parce que j’ai eu peur… Harvey pense que c’est un état de choc…
- Je suis encore déso…
- Chut tais-toi… Tu devrais essayer de te reposer…
- Ca serait trop te demander de rester encore un peu ? Juste le temps que je m’endorme…
Elle pose sa main sur la sienne. Ce n’est pas une main parfaitement lisse. C’est une main qui travaille.
Il aime ce contact.
- Je n’avais pas l’intention de partir.

Il a bien écouté le Doc. Il est d’accord. Il est prêt à faire des efforts. Il va aller dans un centre quelque temps afin de recevoir de l’aide.
Ce n’est pas facile. Mais il le fait. C’est sa décision.
Il accepte aussi de voir un thérapeute une fois par semaine.
Ce n’est pas évident non plus.
Les premières séances sont gênantes, pleines de silences.
Mais il apprend à s’ouvrir.
Là, il comprend. Des gens sont prêts à l’aider, mais c’est à lui de se réparer lui-même. De pardonner… Aux autres, mais d’abord à lui.
Il pense souvent à l’ange.
Que fait-elle ? Comment va-t-elle ?
Il l’imagine, toujours courant dans la ville, s’arrêtant pour parler à chacun, toujours une attention pour tout le monde. Elle est comme ça.
Il a envie de lui écrire, mais il n’est pas doué avec les mots. Et puis lui dire quoi ? Peut-être qu’il pourrait lui partager quelque chose. Il sourit en regardant les piments qu’elle lui a envoyés. Il a ri en ouvrant le paquet. Cela faisait si longtemps que cela ne lui était pas arrivé.
Elle a ce don aussi.
Il décide de lui écrire sa recette de piments farcis. Ceux que sa mère lui faisait.
Elle en est digne.

A suivre…