Chapitre 4 : Exploration et Folie

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 Ethan se tenait dans le couloir, la montre toujours en main, un poids dans sa poitrine qui s'intensifiait à chaque seconde. Le silence qui l'entourait lui semblait désormais oppressant, comme une présence invisible qui l'épiait, attendant qu'il fasse le moindre mouvement. Il avait l’impression d’évoluer dans un rêve, où le temps était distordu et chaque pas le conduisait plus profondément dans un labyrinthe sans fin. Après un instant d’hésitation, il décida de s’avancer dans la maison, cherchant à briser ce silence de plomb.

Ses pas le guidèrent à travers des couloirs étroits, où la lumière semblait s’estomper, s’échappant à mesure qu’il s’enfonçait dans l’inconnu. Les murs, ornés de peinture écaillée, résonnaient faiblement sous ses pas, comme s’ils avaient absorbé des milliers de chuchotements et de secrets inavoués. Chaque pièce qu’il traversait révélait une facette différente de la maison, mais chacune portait les mêmes stigmates de l'abandon : des meubles recouverts de draps poussiéreux, des tableaux accrochés de travers, et des objets perdus dans le temps, témoignant d'une vie autrefois animée.

Il entra dans une pièce qui ressemblait à un salon, où un vieux canapé décoloré l'attendait. Des livres jauni par le temps gisaient à ses pieds, leurs pages retournées comme si quelqu’un avait tenté de les lire puis avait été interrompu. Ethan se pencha pour en saisir un, une anthologie de poésie. À mesure qu'il feuilletait les pages, les mots prenaient vie dans son esprit, évoquant des émotions qu’il ne parvenait pas à expliquer. La mélancolie des vers parlait d’une perte, d’une nostalgie, comme s’ils étaient des échos de ses propres pensées, d'une douleur qu'il avait refoulée.

À ce moment, il ressentit un picotement à l'arrière de sa nuque, une sensation indéfinissable, comme s'il était observé. Se redressant, il scruta la pièce, mais tout semblait calme. Les ombres dansaient aux coins des murs, créant des formes qui l’effrayaient sans raison apparente. Il se mit à murmurer pour lui-même, cherchant une sorte de réconfort dans le son de sa propre voix. Les mots sortaient, balbutiés, comme un sortilège pour chasser l’angoisse :

« Je dois sortir d’ici. »

Malgré ses efforts, la peur s’infiltrait en lui. Il referma le livre, le cœur battant, et continua son exploration. En passant à travers le couloir, il découvrit une porte entrouverte au bout, un léger souffle d’air frais s’en échappant. Intrigué, il la poussa. L’espace qui s'offrit à lui était une cuisine délabrée, où des ustensiles en métal brillaient faiblement sous la lumière tamisée.

Il s’approcha du plan de travail, où des assiettes sales et des tasses ébréchées traînaient. La cuisine, autrefois chaleureuse, était désormais un vestige du passé. La vaisselle, oubliée, témoignait d’un quotidien interrompu. En ouvrant un tiroir, il trouva un ensemble de couverts rouillés, et à côté, un carnet de recettes. Feuilletant le carnet, il tomba sur une page jaunie avec des annotations en marge, des ratures et des esquisses de plats. À la fois déconcerté et fasciné, il réalisa qu’il devait avoir un lien avec cette cuisine. Mais comment ?

Alors qu'il examinait le carnet, des bruits étranges commencèrent à résonner dans la maison. Un son lointain, comme un murmure, semblait venir des murs eux-mêmes. Ce n’était pas le souffle d’un vent, mais une voix, faible et indistincte. Ethan leva la tête, la sueur perlant sur son front. Le son devenait plus insistant, comme une mélodie oubliée qui tentait de percer son esprit. Frénétiquement, il se tourna vers la sortie, mais une vague de désespoir le saisit. Était-ce réellement la maison qui chuchotait ou était-ce son propre esprit qui lui jouait des tours ?

Le sentiment de panique le submergeait, il devait sortir, mais il ne savait pas où aller. Il s’enfuit de la cuisine, revenant dans le couloir, son cœur battant à tout rompre. Les murs semblaient se resserrer autour de lui, l’étouffant dans une étreinte froide. Il commença à courir, passant d’une pièce à l’autre, ses pensées se mélangeant dans une cacophonie de peur et d’anxiété. La maison devenait un labyrinthe, chaque tournant le menant plus profondément dans son propre esprit. Les murmures se renforçaient, se transformant en éclats de voix qui chuchotaient son nom, une mélodie troublante qui le poursuivait.

Finalement, il se retrouva devant un miroir dans une salle de bain. La surface ternie reflétait une image qu'il ne reconnaissait pas tout à fait. Ses yeux, cerclés de fatigue, brillaient d’une lueur de désespoir. Qui était-il ? Qui était ce visage fatigué et brisé ? En le fixant, il ressentit un besoin pressant de comprendre, de retrouver son identité. Mais chaque tentative de se souvenir ne faisait qu’accentuer la douleur de ce qu’il avait perdu. Les murmures devenaient des cris, des reproches, des souvenirs refoulés qui l’assaillaient.

Désemparé, il se retourna brusquement, prêt à fuir cette image de lui-même. La maison, qui avait été silencieuse et morne, semblait maintenant vibrer d’une énergie troublante, comme si elle se nourrissait de son angoisse. Il s’avança à nouveau dans le couloir, déterminé à briser ce cycle de folie. Mais alors qu’il tentait de quitter cette partie de la maison, il entendit un bruit derrière lui : un léger craquement, comme si quelque chose se déplaçait dans l’ombre.

Épris de terreur, il se retourna, son cœur battant à tout rompre. Face à lui, dans l’ombre, une silhouette floue se tenait immobile, comme un reflet de ses propres peurs. Son esprit, déjà à la limite, commençait à se fissurer. Il ressentait une poussée de désespoir, mais au fond de lui, une petite voix murmurait : *Affronte-le, découvre la vérité*.

Prenant une grande inspiration, il se concentra sur la silhouette, cherchant à percer ce mystère. Qui que ce soit, il devait l’affronter. Ce ne pouvait être que lui, son propre passé le rattrapant dans ce lieu cauchemardesque.

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