Noir et Blanc
Il est bien difficile d'échapper à la routine et la monotonie de la vie, monochrome sans sa palette de couleurs. Se laisser aller, s'enfoncer dans les sables mouvant de l'ennui: c'est se résoudre à abandonner toute forme de joie et de divertissement qui colore notre vision.
Un être intelligent sait que le démon du temps rôde toujours dans les parages, silencieux et sournois. À tout moment, il peut facilement entraver notre déambulation à travers la ligne du temps, sa ligne à lui. S'abandonner à l'ennui se résume à laisser la créature gagner, elle qui n'attend que ça. Pour ce démon, ce n'est qu'une autre médaille qu'il accroche après son mur déjà bien rempli de victoires contre des âmes perdues, condamnées à vagabonder les néants de leur misérable et pathétique miséricorde, serviteurs de leur propre ennuyante existence, combustible de leur propre chute. Cet être sans scrupules n'a pas de jugement, pas de préférence: il observe chaque individu, jour et nuit, sans jamais de répit.
Malgré les difficultés d'y résister, il est primordial et d'une nécessité absolue de ne pas se laisser tomber dans ses bras: il ne vous lâchera pas. Une fois qu'on goûte à l'ennui, on y est emprisonné pour toujours. Il absorbe tous les pigments de la vie, passant un linge humide sur notre plaquette de peintures.
Pour y échapper et avoir un semblant d'espoir de voir la vie en rose, ou en n'importe quelle autre couleur, il suffit de trouver ce qui irradi cette couleur: la personne ou la raison qui ajoute ces peintures sur notre plaquette, qui colore notre vision.
Mieux vaut une vie polychrome qu'une existence monochrome.
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