17. Yaretzi
Quand elle rouvrit les yeux, elle vit une flaque de sang devant elle. Sa vision était trouble. Et ce goût de fer horrible dans la bouche... Une silhouette était à ses côtés.
─ … Paco…, articula-t-elle d’une voix enrouée.
─ Il revient. (C’était la voix d’Al) Il est parti chercher le Liquéfieur avec Carmen.
Yaretzi ne comprenait pas. Il était toujours dans le sac de Paco normalement.
Elle n’y pensa pas plus. Elle n’en avait pas l’énergie.
─ Les voilà ! s’exclama Al.
Paco entra dans son champ de vision. Il était tendu. Elle aperçut Carmen juste derrière lui.
─ Ezi, où as-tu mal ?
Elle traça un cercle sur sa poitrine et son ventre avec la paume de sa main. Le visage de Carmen se décomposa. Paco sera les dents et déglutit.
─ D’accord, dit-il d’une voix étranglée.
Il mit en marche le Liquéfieur et le balada lentement sur toute la zone que Yaretzi avait désignée.
Pas une seule seconde Yaretzi ne le quitta des yeux. Ses beaux yeux bleus. C’était sa source de réconfort dans ces moments-là. Il la regarda furtivement plusieurs fois pendant qu’il passait l’appareil au-dessus d’elle, pour lui montrer qu’il était là, qu’il ne l’oubliait pas. Elle aimait quand il faisait ça. Et même s’il était inquiet, même si elle voyait ses yeux devenir plus brillants à chaque seconde, ce seul contact apaisa son cœur.
Puis ce fut le noir.
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Elle se réveilla contre quelque chose de chaud. Elle leva la tête.
Il était là, la tenant bien fermement contre lui. Il l’avait emmitouflée dans une couverture, s’était assis contre un mur, et l’avait prise sur ses genoux. Il faisait toujours ça après une crise.
Il baissa les yeux vers elle.
─ Ne me dis pas que tu m’as veillé au lieu de dormir, dit-elle d’une voix si faible qu’elle ne la reconnut pas.
─ Tu penses vraiment que j’avais la tête à dormir ?
─ Désolée pour tout à l’heure.
─ Non. C’est moi qui suis désolé. On a mis trop de temps à revenir du camp. Ils nous avaient piqué le Liquéfieur, ces enfoirés. Heureusement qu’on n’était pas loin. Mais tu sais quoi ?
Elle secoua doucement la tête.
─ En partant, j’ai débranché et rebranché des câbles au hasard sur leur générateur. Ça leur prendra un moment pour tout remettre correctement.
Il avait un rictus malicieux en disant ça. Cela fit sourire Yaretzi. Et Paco quand il la vit.
─ Merci d’y être retourné pour moi.
─ Je ferai n’importe quoi pour toi. Même affronter une armée de Mages Noirs qui t’auraient volé ta brosse à dent ! Oh d’ailleurs, on en a croisé un, dans le campement.
Yaretzi haussa des sourcils.
─ Sa tête me disait quelque chose. Je me demande s’il n’a pas aussi participé à la première épreuve… Il venait voler du matériel médical. On l’a laissé faire. Après tout, nous aussi on était là clandestinement. Et puis, après ce qu’ils nous avaient fait, laisser ce type faire ce qu’il voulait était juste un coup du karma selon moi.
Et voilà qu’il reparlait avec vigueur. Yaretzi aimait quand il faisait ça. Elle le regarda avec affection, la tête posée contre son épaule.
─ Plus sérieusement, il est possible qu’on soit de plus en plus attaqués à mesure qu’on approche de Gatita. Et pas seulement par les Mages Noirs. Par des Sédis, peut-être même d’autres Nomis comme nous. En n’oubliant pas les Déserteurs. La maladie touche tout le monde. Les gens deviennent désespérés. Il va falloir redoubler de prudence, surtout avec le matériel qu’on a.
─ J’ai confiance en vous, murmura Yaretzi. Vous êtes les meilleurs compagnons de route dont on puisse rêver.
Paco continua de lui parler encore un moment.
Bercée par le son de sa voix et celui des battements de son cœur, elle s’endormit tout contre lui.

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