En ce jour, je crois que l'action de résistance que nous menions jusque-là a pris un tournant. Maintenant, il ne s'agit pas seulement d'écrire un journal interdit, mais aussi d'héberger des clandestins. Et certainement d'autres choses. Cela commence à me faire peur. Et si on se faisait prendre ? 0101 ne pourrait pas survivre. Et sans lui, que deviendrai-je ? Au moindre problème, je serai obligée de te brûler. Si vous saviez seulement ce qu'il se passe à Prance. Je ne suis pas censée savoir tout ça, mais ce soir, j'ai réussi à lire un des journaux qui seront livrés demain. La première page était consacrée à ceux qui ont été condamnés à mort hier. J'ai vu de nombreux noms connus. Il y avait le général Mallet, quand nous avons quitté le Conéma pour les affaires de 0101, nous nous sommes installés dans la maison voisine. À vrai dire, je ne l'ai pas vu souvent, car il était très pris après que nous ayons perdu le Conéma. Par contre j'ai eu le temps durant ces deux ans de tisser des liens avec sa fille, Alicia. Nous avions à peu près le même âge, mais nous étions totalement différentes sur le côté physique. Elle était blonde aux yeux verts, et très petite pour son âge. Mais nous étions unis dans notre soif d'apprendre et de justice. Je me demande ce qu'elle est devenue désormais. Peut-être est-elle partie à Solarem ou à Lunarem avec sa mère et son frère.

Hier soir, je me disais que nous étions certainement témoins de la fin de notre époque. Avec la chute de Prance, il y aura de nombreuses modifications dans notre mode de vie. Mais toute ma vie, je me battrai pour que tout redevienne comme avant ! Pour que je puisse vivre librement et écrire sans être obligé de cacher mon identité.

Oh, j'allais arrêter d'écrire sans vous raconter ce qui s'est passé la nuit dernière. Je me suis réveillée en pleine nuit, parce que j'avais entendu des bruits de pas et des chuchotements. Je suis sortie sur le palier et j'ai découvert 0101,R et / qui portaient un homme ensanglanté. Ils l'ont allongé sur le lit de la chambre d'amis. Quand 0101 m'a vu, il a soupiré, et m'a dit que puisque j'étais réveillée, j'allais les aider. Je m'avançai vers /, et elle me donna des directives fermes. Je devais tenir sa tête pendant que R lui donnerait une décoction pour réduire la fièvre. Lorsque je m'approchai de lui, je voyais bien qu'il avait perdu connaissance. Puis j'ai aidé / à panser ses blessures. Il en avait une à la jambe et sur le côté droit du ventre. Je crois que maintenant, il est hors de danger. Les blessures n'ont touché aucun organe majeur. Je me suis donc rendormis à peu d'heures avant le lever du soleil. / fut obligée de me réveiller le lendemain matin, mais un peu plus tard que d'habitude. Je dirais 2 ou 3 heures après le lever du soleil. / me demanda beaucoup moins de choses pour les travaux du matin. Et 0101 fut beaucoup moins exigent que d'habitude. Je pense qu'ils savent que la nuit a été rude pour moi.

VPLP