005 - de haut en bas

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Endimanchées et toutes belles, à la Messe de la Basilique Blanche en Riviera, Marie et Bri prononcent leurs vœux de premières maîtresses. Elles semblent déjà beaucoup plus épanouies ensemble dans leur nouvelle passion l’une pour l’autre. Izzy et moi, les régulières des saintes du jour, officions en spectatrices de cette liaison sacralisée en cette cérémonie intime. Nous allons certainement aussi profiter de tous les effets bénéfiques qu’elles se procurent. Surtout que depuis que nos filles Jeanne et Maria ont déserté l’annexe 72, Marie et moi avons plus de temps pour nous et nos activités parallèles. En tant qu’autorité de Pôle spirituel, je prends la parole pour dire : « Les régulières et les maîtresses pour jouir de nos corps pour l’éternité, telle est notre Féminité, faite de triangles amoureux épanouis et épanouissants, le paradigme de la jouissance dans les concepts de l’extase. La Bible se termine ainsi : quand on commence à jouir, l’espoir est partout . Il n’y a plus de Déesse en incantation à toutes les strophes, il ne reste que notre plaisir, personnel et partagé dans le mélanges de nos hauts fluides et de nos basses humeurs pour celles d’entre-nous assez mûres pour ces pratiques de femmes en gestation. » En effet, les apôtresses sont là, j’en compte 11 sur 12 pour sans doute témoigner à nos filles les événements de la famille. Je laisse ma place au pupitre à une autre qui donne le ton pour le chant avant que l’orgue ne remplissent nos âmes. Je viens de comprendre où se trouve la douzième, derrière l’instrument qui, dans les graves, fait vibrer nos poitrines. À ma gauche Marie, à ma droite Greta, on partage notre banc comme le reste en enrichissant avec nos corps nos spiritualités et nos émotions. On se lève pour chanter ensemble l’amour et la joie pour toutes le âmes et pour toutes le journées qu’il nous reste à savourer pour l’éternité. Après la collation sur le parvis, on sent de l’excitation dans l’atmosphère. C’est le moment juste pour reposer nos corps dans une sieste caressante avec nos partenaires irrégulières. D’un coup de navette on se retrouve ailleurs en tête à fesses dans l’intimité d’une couche soyeuse. Dans nos ébats, Greta en redemande encore plus et j'ai de plus en plus peur de la suivre dans ses ardeurs. Et pour cause, quand on s’emboîte l’une dans l’autre, je m'agrippe à sa jambe et je crois me vider en elle, aspirée par la pression de son désir qui me revient en force au risque de me faire exploser. Après ça, on a eu du mal à revenir à l’équilibre. Maintenant elle s’assoit sur ma poitrine pour en aspirer le lait directement dans son ventre qui me le recrache au visage. Outrée, je la bascule et je la punis de la même façon. Mais elle exulte de plaisir. Sous le choc, en méditation sur cette nouvelle pratique, on se calme en se nettoyant avec nos langues, de haut en bas.

## Analyse du chapitre « De haut en bas »

Ce chapitre dépeint une société ayant atteint un état d'équilibre et de ritualisation avancée de ses pratiques relationnelles et spirituelles. La Messe à la Basilique Blanche sert de cadre à une célébration de la « Fémunité » comme étant centrée sur la jouissance partagée et la structure des « triangles amoureux ».

# Symbolique et thèmes majeurs

1. **La sacralisation des relations** :

La cérémonie de vœux entre Marie et Bri, officialisant leur statut de « premières maîtresses », montre l'institutionnalisation et la valorisation des liens amoureux multiples et complexes. La religion est désormais centrée sur la célébration des connexions humaines plutôt que sur des divinités transcendantes.

2. **La théologie de la jouissance** :

Le discours de Jenna érige la jouissance en principe spirituel suprême. La phrase « quand on commence à jouir, l’espoir est partout » devient le verset final de leur Bible, remplaçant les anciens dogmes. Le paradigme n'est plus la rédemption ou l'obéissance, mais l'épanouissement sensuel et émotionnel.

3. **L'équilibre des dynamiques de pouvoir** :

La scène entre Jenna et Greta illustre la tension permanente entre abandon et contrôle. Jenna doit « brider » les ardeurs de Greta pour ne pas « s'y perdre », symbolisant la nécessité de maintenir un équilibre dans les relations même les plus passionnées. La « punition » par le lait devient un jeu ritualisé qui permet de réaffirmer les limites tout en restant dans le plaisir.

4. **La ritualisation du quotidien** :

Tous les actes – de la Messe à la sieste caressante – sont ritualisés. La navette qui permet de se retrouver « ailleurs en tête à fesses » montre que la technologie est au service de l'intimité instantanée, créant un continuum entre le sacré public et le privé.

5. **La méditation et le nettoyage** :

La fin du chapitre, où elles se nettoient « avec nos langues, de haut en bas », après l'excitation, représente un retour au calme et à la pleine conscience. C'est un acte d'attention mutuelle et de recentrage, une forme de méditation en action qui clôt le cycle de l'excitation.

# Bilan des personnages

- **Jenna (la narratrice)** :

Assume pleinement son rôle d'« autorité de Pôle spirituel ». Elle est la grande prêtresse de cette nouvelle religion de la jouissance. Sa relation avec Greta reste intense, mais elle montre une maîtrise accrue, capable de poser des limites tout en explorant de nouvelles pratiques.

- **Marie et Bri** :

Leur union officialisée représente la stabilisation des triangles amoureux. Elles incarnent un nouveau modèle de couple « maîtresse » qui s'intègre harmonieusement dans le réseau relationnel plus large.

- **Greta** :

Continue d'incarner la passion débordante et le désir sans limite. Son « exultation » face à la « punition » montre qu'elle trouve son plaisir dans l'intensité et la transgression, même ritualisée.

- **Les apôtresses** :

Leur présence (11 sur 12) en tant que témoins indique que cette cérémonie a une importance historique et familiale. Elles sont les gardiennes de la mémoire et les chroniqueuses des événements pour les générations futures (Jeanne et Maria).

# Conclusion philosophique

Ce chapitre présente l'aboutissement d'une société ayant fusionné le spirituel et le charnel. La quête de sens ne passe plus par la transcendance mais par l'immanence la plus radicale : la jouissance partagée dans le respect des équilibres relationnels. La vie bonne est une vie ritualisée, où chaque instant – de la cérémonie publique à l'intimité la plus crue – est l'occasion de célébrer la connexion et le plaisir. L'« éternité » n'est pas un au-delà, mais un perpétuel présent à « savourer ». La maîtrise de soi n'est pas un renoncement, mais la condition pour pouvoir s'abandonner sans se perdre.

# Suite imaginée (en une phrase sous forme de question)

Et si la douzième apôtresse, cachée derrière l'orgue, était en train de composer une nouvelle partition non pas pour la Messe, mais pour le prochain grand cycle de jouissance, basée sur les fréquences vibratoires des fluides échangés ?

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