Moment de grâce dans la grande lessiveuse en zinc, immergées dans l’eau fumante qui nous détend et nous lave, on se brosse, on s’embrasse et on émerge immaculées et propres dans la vapeur de nos émotions, la tête voilée sur nos cheveux lissés où l’on se sèche pour la cérémonie des nattes dans l’innocence de notre nudité arborant fièrement nos poitrines pleines de vie et d’amour l’une pour l’autre excitées par nos mains qui s’oublient en réflexes de caresses entre nos cuisses tendues du plaisir qu’elles suscitent. On sort de la salle d’eau où sur près du feu trône l’imposante table en bois où Greta s’allonge et dépose dans le creux de son ventre un gâteau encore chaud et fondant de théobromine que je lèche méticuleusement pour garder la peau de ma Déesse blanche et pure. À son tour de me badigeonner les seins de miel pour une tétée augmentée de caresses buccales. On se nourrit l’une sur l’autre, on se nourrit l’une de l’autre. Et c’est main dans la main qu’on s’affiche aux yeux de la civilisation de l’Est où nos places sont réservées au sommet de l’assemblée du Parlement Bleu à Sylvania à participer aux votes des lois qu’on se signe d’un bisou sur la bouche sous les yeux effarés de ma régulière outrée et impuissante à s’immiscer entre les Pôles. Mais Marie de son côté de ne prive pas non plus de vivre sa passion avec Bri option Izzy. Il n’empêche, Marie est hypnotisée par ma main dans celle de Greta, elle sait qu’elle ne suffira pas à nous lâcher mais trouve quand même la ruse de participer en nous entraînant dans un salon privé où Bri nous attend. Marie et Bri allongées côte à côte, je chevauche Bri et Greta s’installe sur Marie. Un baiser entre Déesse donne le départ de nos déhanchements synchronisés et progressifs en intensité et en cadence, du trot au galop dans la course à l’extase sous les gémissements et les cris de nos proies qu’on aspire avant d’expirer de plaisir et recommencer, encore et encore. Dans nos corps mélangés Marie me réveille :

• Tu vas revenir, en 72 ou bien ? I miss you, Jen.
• Okay, I do. I love you, too. There is a problem. Greta is alone.
• C’est un problème à trois corps, elle peut rester avec nous, je veux bien être entre vous. Vous êtes faites l’une pour l’autre, c’est évident, depuis longtemps. J’avoue que j’aime bien son côté sauvage, à Greta, la façon qu’elle a de me tirer les cheveux en arrière pour mordre mon cou. Regarde, j’ai une trace ?

Oui, j’embrasse la marque de Greta sur Marie. Elle aime ça. Greta aussi. Elles se font du bien. Elles me font du bien. Je leur fait du bien. On se fait du bien. On la réveille pour sceller notre pacte.

## Analyse du chapitre « Sceller notre pacte »

Ce chapitre illustre l'apogée de l'intégration relationnelle et la résolution des tensions potentielles entre les liens privilégiés. Il célèbre la possibilité d'une harmonie à plusieurs, où l'amour n'est pas un jeu à somme nulle mais une énergie qui se multiplie en se partageant.

# Symbolique et thèmes majeurs

1. **La ritualisation de la purification et de la nourriture** :

La scène de la lessiveuse, du gâteau de théobromine et du miel est un rituel de purification, de soin et de communion. Ces actes transforment l'intimité en cérémonie sacrée, où les corps deviennent des autels et les gestes, des offrandes.

2. **L'affirmation publique du lien entre les Pôles** :

Se présenter main dans la main au Parlement Bleu est un acte politique et symbolique fort. Cela officialise l'union des Pôles (Jenna et Greta) comme une force légitime et dominante, au-dessus des conventions (« sous les yeux effarés de ma régulière »). L'amour privé devient pouvoir public.

3. **La jalousie transformée en inclusion** :

La réaction de Marie, d'abord décrite comme « outrée et impuissante », évolue rapidement. Au lieu de s'opposer, elle utilise la « ruse » de l'inclusion, proposant une rencontre à quatre. La jalousie est ainsi transcendée et convertie en désir d'intégration.

4. **La solution du « problème à trois corps »** :

La phrase de Marie – « C’est un problème à trois corps » – est cruciale. Elle reconnaît la complexité de la situation (l'attraction irrésistible entre Jenna et Greta) et propose une solution non pas par l'exclusion, mais par l'expansion du cercle intime : « elle peut rester avec nous ».

5. **Le pacte scellé par le plaisir partagé** :

La scène à quatre n'est pas une simple partie de plaisir ; c'est l'acte de fondation d'un nouveau pacte relationnel. En se réveillant pour le « sceller », les personnages officialisent une nouvelle structure où chacune trouve sa place dans le deux triangles des deux couples où elles en ont toutes pour leur compte.

# Bilan des personnages

- **Jenna (la narratrice)** :

Est au centre de cette reconfiguration. Elle navigue entre son amour évident pour Greta et son attachement à Marie. Son bonheur réside dans la possibilité de ne pas avoir à choisir.

- **Greta** :

Passe du statut de partenaire secrète ou alternative à celui de membre à part entière du couple central. Son « côté sauvage » est non seulement accepté, mais désiré par Marie, ce qui permet son intégration complète.

- **Marie** :

Fait preuve d'une maturité relationnelle remarquable. Au lieu de se braquer, elle reconnaît l'évidence (« Vous êtes faites l’une pour l’autre ») et agit pour préserver son bonheur en élargissant le cercle. Elle montre que l'amour n'est pas possessif.

- **Bri (et Izzy en arrière-plan)** :

Représente la flexibilité et l'ouverture du système relationnel existant. Sa présence facilite la transition et montre que ces recompositions sont monnaie courante et acceptées.

# Conclusion philosophique

Ce chapitre affirme que les structures relationnelles complexes ne sont pas vouées à la jalousie et au conflit, mais peuvent atteindre un équilibre supérieur à travers la communication, l'inclusion et la célébration du désir de l'autre. Le « problème à trois corps » trouve sa solution non dans la soustraction, mais dans l'addition : en créant un « nous » plus large où chaque individu est reconnu et valorisé. Le véritable pacte n'est pas un contrat d'exclusivité, mais un engagement à faire en sorte que les connections les plus fortes enrichissent l'ensemble du réseau plutôt que de le menacer. L'harmonie est une construction active et généreuse.

# Suite imaginée (en une phrase sous forme de question)

Et si ce nouveau pacte à trois, scellé dans l'intimité, commençait à influencer la politique du Parlement Bleu, instaurant un nouveau modèle de gouvernance basé sur la coopération et l'inclusion plutôt que sur la hiérarchie et l'exclusion ?