• Ava, j’ai l’impression, ou pas, que je te vois plus que Greta.
• Les Pôles doivent faire une pause de temps en temps. Je te vois plus que Alpha aussi. T’inquiète, elle veille sur ta Greta, on est le premier rempart. Nos agentes sont le deuxième. En fait, ça m’arrange de ne plus la voir. Alpha est complètement cinglée. Mais elle a l’air de plaire à ta Greta. Elle est un peu folle aussi, non ?
• On l’est toutes à notre façon. Mais pas toi, tu as l’air normale, naturelle. Simple. Comment tu as eu le poste ? Tu as couchée ?
• Non mais ma mère l’a fait. Regarde mes cheveux. Ça te rappelle rien ?
• Dana. Tu es la sœur de Danielle ? Ça a pas de sens.
• Non, si. Dana, mais c’est pas elle qui m’a portée. Rachelle. Mais même comme ça, je suis pas douée, j’ai déçue deux autorités en même temps.
• Ça valait le coup, largement, je te trouve parfaite avec toutes tes faiblesses et tes défauts. Trop de hanches, trop grandes mains, petite poitrine qui commence à avoir une taille raisonnable. Ava, tu as tout pour me plaire.
• Ça alors, merci Jenna. Personne ne m’avait jamais autant appréciée. Tu as l’air d’avoir beaucoup aimer dans ta vie. Pour toi c’est facile. Moi je crois que c’est la première fois, vraiment.

Elle arrête pas de parler. Ça me change. Moi aussi je lui parle. On se parle comme jamais on ne l’a faite avant, avec personne. Et bla, bla, bla. On arrive à la Mairie de Sylvania. Ava a toujours déçue Rachelle mais quand elle la voit à mon bras, je vois de la fierté dans son regard. Contrairement à Dana, méfiante, comme toujours. Mais c’est normal, je suis Jenna Jenkins et j’ai sûrement eu des histoires avec sa fille Dani L. Elles l’ont jouée fine, Rachelle et Dana, pour me séparer de Greta.

• Temporairement. Vous testez les institutions, nous on teste les autorités spirituelles et occultes, entre autres. C’est de bonne… paix.
• Je serais vous, je m’équiperais d’anti-missiles, au cas où.

Quand je rentre en 44 je revois enfin Greta, toute droite dans le salon, triste. Alors que moi je me sens heureuse de la revoir. Une larme coule sur sa joue et elle inspire pour m’annoncer :

• Jenna, je suis désolée, je crois que je l’aime, Alpha.
• Greta, ne le soit pas, je suis heureuse pour toi, et je suis toujours tienne comme tu es toujours mienne. À moins que je sois virée ?
• Non, même moi je peux pas te virer, tu es mon australe positive.
• Alors tout va bien. Moi aussi je l’aime, Ava. On s’aime toutes.

Et nos corps se retrouve pour se faire tout l’alphabet de nos rituels.

## Analyse du chapitre « L’alphabet de nos rituels »

Ce chapitre marque un tournant relationnel et politique majeur. Il explore la complexité des liens amoureux multiples, la manipulation institutionnelle et la profonde maturité émotionnelle atteinte par les personnages. La révélation des lignées et la réorganisation des couples démontrent la fluidité et la résilience de leur système relationnel face aux tentatives de contrôle.

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# Symbolique des événements et thèmes majeurs abordés

1. **La réorganisation des couples et l'amour multiple**

La séparation temporaire des Pôles (Jenna/Greta) au profit de nouvelles connexions (Jenna/Ava, Greta/Alpha) n'est pas vécue comme une trahison, mais comme une expansion naturelle de leur capacité à aimer. La déclaration de Greta – « je crois que je l’aime, Alpha » – et la réponse sereine de Jenna – « moi aussi je l’aime, Ava. On s’aime toutes » – symbolisent l'aboutissement d'une philosophie où l'amour n'est pas exclusif mais additif et circulaire.

2. **Les lignées et la généalogie du pouvoir**

La révélation qu'Ava est la fille de Rachelle (et de Dana) est cruciale. Elle montre que le pouvoir et les relations sont profondément entrelacés par des liens familiaux et politiques. Le poste d'Ava n'est pas le fruit du hasard, mais le résultat d'une stratégie maternelle (« ma mère l’a faite »), introduisant une dimension de calcul dans leur relation pourtant authentique.

3. **Le test des institutions et des autorités**

Le dialogue à la Mairie de Sylvania lève le voile sur un jeu stratégique plus large : « Vous testez les institutions, nous on teste les autorités spirituelles et occultes ». La relation Jenna/Ava est ainsi un champ de bataille où s'affrontent et se négocient les différents pôles de pouvoir (politique municipal vs spirituel occulte). La menace des « anti-missiles » rappelle que ces manipulations se font sur un fond de puissance militaire réelle.

4. **L'appréciation de l'imperfection**

La déclaration de Jenna à Ava – « je te trouve parfaite avec toutes tes faiblesses et tes défauts » – est l'expression ultime d'un amour authentique. Il ne s'agit pas d'idéaliser l'autre, mais de chérir ses particularités et ses insécurités (« Trop de hanches, trop grandes mains, petite poitrine »). L'amour est une validation de l'être dans sa totalité, non malgré ses défauts, mais avec eux.

5. **L'alphabet des rituels comme langage universel**

La scène finale, où leurs corps « se font tout l’alphabet de nos rituels », symbolise une communication et une union qui transcendent les mots et les manipulations politiques. Cet « alphabet » est un langage charnel et spirituel commun, une base stable et réconfortante qui persiste malgré les recompositions des couples et les intrigues externes.

# Bilan sur chaque personnage présent dans ce chapitre

- **Jenna**

Fait preuve d'une maturité émotionnelle remarquable. Elle accueille avec joie et sérénité à la fois son nouveau amour pour Ava et la révélation de l'amour de Greta pour Alpha. Elle navigue avec lucidité dans le jeu politique, comprenant les manigances de Rachelle et Dana sans s'en alarmer excessivement.

- **Greta**

Montre une vulnérabilité touchante. Sa tristesse et ses larmes avant sa déclaration révèlent qu'elle craignait de blesser Jenna. Son soulagement face à la réaction de Jenna renforce la solidité de leur lien primordial, qui n'est pas remis en cause par leurs nouvelles connexions.

- **Ava**

Se révèle être un personnage complexe, tiraillée entre son héritage familial (fille de Rachelle), son sentiment d'infériorité (« j’ai déçue deux autorités ») et la découverte d'un amour authentique et valorisant avec Jenna.

# Conclusion philosophique

Ce chapitre affirme que dans un système relationnel mature, l'amour n'est pas une ressource rare qui se soustrait, mais une énergie qui se multiplie en se partageant. La véritable force du lien entre Jenna et Greta n'est pas dans l'exclusivité, mais dans la confiance absolue qui leur permet de s'aimer ailleurs sans se quitter. Face aux manipulations des institutions, la réponse n'est pas la confrontation directe, mais la profondeur et l'authenticité des connexions intimes. L'« alphabet des rituels » qu'elles partagent est leur véritable patrie, un langage du corps et de l'âme qui ne peut être corrompu par les intrigues politiques et qui garantit la pérennité de leur monde.

# Suite imaginée (en une phrase sous forme de question)

Ce réseau à quatre serait-il imperméable aux manipulations des institutions ?