Pas à pas

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Ça y est, après la parole, je vais apprendre à me mettre debout. Par chance, on m’autorise l’essaie une semaine après la psy. Durant tout le trajet jusqu’à la salle de rééducation, j’ai repensé pour la première fois à moi, mais moi durant mes étirements avant et après la danse.

Moi, qui courait enfant, ados, adulte. Mon corps chavire dès qu’il passe du demi-assis à assis, la gravité sera une montagne autant que les premiers pas, signe d’une autonomie retrouvé. Dans ce froid, Sergio me refusait de me tenir droite, dès que j’osais à peine un mouvement….

«

— Je t’ai dit quoi ?!

La batte frappe mon ventre. J’hurle de douleur, me tortille même et il frappe une seconde fois, cette fois sur mes jambes.

— Deux semaines que tu es ici ! Je te permets d’avoir tes membres libres et c’est comme ça que tu oses défier les règles ?! Tu sembles oublier qu’ici, tu es punis, déchue de ton rôle ! Tu mérites de crever la gueule en sang ! Brulée par le feu ! Répond !

— Pardon Maître…

Il repose la batte, me lève de force pour me jeter contre le mur, je m’effondre en larme. Je veux me rincer les yeux, il me le refuse en me menottant, baissant ma tête pour me punir comme d’habitude. Tous les jours, deux fois par jours. J’entends son dégoût en même que son plaisir.

— Tu sais que finalement tu nous sert pour tester les drogues ma mignonne ? Pour le moment, tu es mon épouse, j’ai le libre arbitre de faire ce que je veux de toi. Te taire, continuer de me devoir le respecter, parler si nécessaire. Un jour, tu verras la liberté, seulement, tu comprendras que ce sont ce qui pensent t’aimer qui ont la clé.

Il se retire, remet sa ceinture et me fait avaler une pilule. Je l’ai déteste, ça me donne des hallucinations, c’est du LSD et c’est encore plus horrible quand on m’empêche de parler, de bouger. Il me tire en arrière, m’allonge sur le matelas et place un boulet sur l’une des jambes. J’ai la bouche libre, je ne comprends pas.

— Tes cris nous indiquent rien. Tu n’as pas à savoir pourquoi tout ça, pas à pas, on t’utilise. Tu vas me décrire chaque sensation, merci.

La dose semble plus forte, je m’agite plus longtemps. J’ai soif, j’ai du mal à raconter, mon crâne ressent un coup si je ferme les yeux.

— Sangles Sergio, elle ne doit pas se mouvoir.

Nicolas semble me sourire, il ressemble à une asperge avec une horloge à la main. Il lui donne des attaches. Sergio, en girafe, en place plusieurs entre mes jambes, mon ventre et mes épaules. «

— Non ! Non pas ça ! Pas les pattes !!!

Avec Inès, on n’a a peine préparer les sangles sur le stabilisateur que Marta panique à l’entrée. Les autres quelques patients tournent à peine la tête avant de reprendre leurs exercices avec nos autres collègues des autres cellules.

Zoé s’agenouille à distance du fauteuil pour capter l’attention de notre patiente du jours qui reste bloqué sur notre matériel. Zoé se propose d’aller l’accueillir, d’un geste, je lui indique que je préfère y aller et pourquoi :

— Si on est trois, elle va prendre ça comme un piège. Certes, on travaille ensemble, cependant, c’est plus mon domaine.

— Oui pas de problème.

— Ne le prends pas mal. On a bien des points communs mais…

— Vas-y en premier, je vais si tu veux, noter ce premier incident.

Je valide et à peine je m’avance, que le fauteuil est à notre portée. Marta à ses mains qui tremblent légèrement. Elle attrape le bras de Zoé fermement avec sa main droite :

— Reste Zozo…

On sourit avec ce surnom.

— Bien sûr. Tu as peur de quelque chose ?

Elle ne répond pas et enfin, nous regardent ainsi que toute la salle de sport :

— Moi, peut marcher ?

— Je suis Erwan, je serais ton kiné et Inès pour la partie ergothérapeute, celle qui sera là pour les gestes quotidiens. On sera parfois ensemble, parfois séparer. Pour ce début d’après-midi, tu vas apprendre à tenir debout par ça, un stabilisateur. Tu vois les sangles ? Elle sera là sur les jambes pour te fixer, t’aider à ne pas tomber quand tu vas te déplacer. Tu peux poser des questions si tu veux, dire non, demander stop si besoin, d’accord ?

— Sangles rappel là-bas…drogues, tests….

— Tu veux donc essayer ? Ou garder la séance pour une prochaine fois ?

— Garantie que peut dire non à tout moment ?

— Tu es en sécurité ici. Tu es libre de dire tout ce qui ne vas pas ou tout ce qui va. Tout ce que le centre te permets, c’est retrouvé ton autonomie.

Inès marque le dernier coup d’assurance. Marta relâche mollement Zoé et accepte qu’on l’a guide pour s’accrocher lentement avec ses membres atrophiés. Pendant qu’elle m’autorise à fixer les sangles, Inès lui pose des questions sur ses ressenties, l’aide à mieux positionner les doigts.

Puis, on tente quelques micros pas, avant que fatiguée, elle demande à se rassoir. En revanche, elle continue de collaborer quand je l’emmène sur la table pour travailler les muscles. Enfin de séance qui a duré trente minutes, elle rentre se reposer.

On débrief avec Inès sur les axes de progressions à faire puis on note tout. Zoé manque pas de nous rappeler à la réunion du soir, de mentionner aux autres, ce que confirmait les tests sanguins des urgences, à savoir une utilisation de drogues.

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