Le baiser de la mort
La fête du village, chaque année, j’adore ce moment ! Surtout dans la cour de l’école où tout le monde joue à des mini jeux, ou danse, mange. Les sept juin de chaque année, le temps s’arrête. Comme mon cœur lorsque j’ai cru apercevoir ma mère embrasser Alvaro ! Mon parrain !
— Tu vas gober les mouches à forcer de les fixer !
Mon amie tire ma manche et finit par me tourner pour me gifler un peu violemment.
— Manuella ! Ma joue ! Tu m’as fait mal !
— On laisse les adultes entre eux hein petite curieuse ! Allez vient que je te mette la misère à la carabine !
— Non !
Mon ton la surprend, je la comprend. Ce n’est pas dans mon caractère, elle le saisit vite quand je me tourne à nouveau vers ma mère. Elle est gêné, lui aussi et mon père les a visiblement surprit.
— Une odeur de divorce ? Mais, deux minutes, ce n’est pas ton parrain ? Il me semble l’avoir croisé quelques fois. Luna, Luna ! Tu es avec moi ou pas ?
— Vient ! Pas un bruit !
Je la kidnappe pour se plaquer derrière l’école près des grandes poubelles. Le muret plus les chênes nous protègent de l’infiltration. Un point de vue idéal sur le virage et mes parents.
— Je suis désolé mon cœur, c’était une erreur, je t’aime et si tu sens un besoin de thérapie, je suis prête. Et, je ne l’ai pas embrassé par ce que je te vois t’éloigner, je…
Elle croise les bras presque en larme, mon père est adossé au mur, abattu. Moi, je prie pour que rien ne s’effondre. À la maison, rien ne transpirait. Un besoin de me préserver ?
— Ne me mens pas Marta. Pas à moi, tu sais. C’est une chance qu’il soit là, il est bon, il te connait bien et il va bientôt me remplacer. Je resterais là aussi longtemps que nécessaire, je n’aime que toi sauf que c’est sans doute le moment pour t’annoncer que…je suis malade.
— Malade ? Vu leurs tronches, ça semble grave…
Mon amie me fait frissonner par son murmure. Une réveil dans un bain glacée. Je reste concentré sur ma famille, mes piliers. Mes yeux sont humides, ils m’ont toujours appris à rester fort dans les douleurs. Et souder ? J’espère et je redoute l’annonce. Je devrais faire semblant de tout encaisser une première fois….
Ma mère se rapproche choqué en larme et mon père ne l’a repoussé pas durant l’étreinte. Je voudrais les rejoindre, je ne peux briser ça.
— J’ai un cancer des poumons. Je fume moins que lui et ça m’arrive à moi. Trois mois que je suis au courant. Je commence un traitement sans savoir la durée de ma vie. Faudra le dire à notre fille. Je m’en veux d’avoir disparu plus au boulot, plus que nécessaire. Tu as voulu combler ce que je ne peux pas, plus réussir à t’offrir. Pardonne moi. En tout cas, je le laisserais t’aimer à ma mort. Enfin, si tu l’aimes aussi, je suis, c’est fou à me le dire à quarante balais, après avoir été un homme différent, bref, je suis prêt à former un couple à trois. Pour passer aussi le flambeau.
— On prendra le temps de parler d’histoire de cœur un autre moment. Alvaro comprendra et l’important c’est toi. Notre fille aussi et…
Une voiture passe au ralenti, la vitre teinté s’ouvre et se referme rapidement. Un papier à voler et j’ai bien saisi que seule ma mère est resté sur cette image. Mon père lorgne ses chaussures puis lève son regard pour l’a suivre.
Il ne reste plus qu’à quelques mètres, ce papier sur le goudron. Ma mère tremble en sentant l’a rose noire séchée puis chuchote avant de relire plus distinctement au moment où mon père en prend aussi connaissance.
— Marta, après tant de silences, après Alvaro le Prescripteur, Eva, moi, l’absente. J’ai mis du temps à écrire, à retrouver ma mémoire. Rien n’est piège, les monstres sont en fumées ou en prison. Tu pourras m’en vouloir après coup mais attends s’il te plait d’au moins m’écouter. La Rose donnera l’adresse, j’ai cru par les journaux, reconnaitre le parfum de ton ami. Bien à toi, éternelle ballerine aux milles battements.
— Tu piges un truc toi ?
— Manue, pitié, on en parle après ok ?
Elle accepte en fermant sa bouche puis me donne un coup de coude pour je me m’intéresse à mon parrain. Il commence par s’excuser de son comportement, mon père lui donne le message tout en lui disant que tout est pardonné, qu’il lui expliquera plus tard et qu’il est tant d’enfiler à nouveau l’armure de chevaliers.
Ma mère serre ses poings, s’agite pendant que mon parrain sent la rose et leur dire se rappeler d’une jeune femme avec une cicatrice en Sicile, servante pour le Présentier dans une villa. Elle lui avait promis un jour de retrouver sa mémoire pour comprendre ses origines. Elle avait aussi l’héritage du domaine à la mort de ce Présentier.
— Deux sans trois putain ! Et si Axel était aussi en vie hein ?? Après tout, je ne suis jamais allé sur leurs tombent ! J’avais peur de la mort même si je me suis presque tuée ! Et même si je veux tout savoir, qui sait si finalement j’avais pas raison sur leur implications !! Non ! Non, me voilà super bien ! Mon mari à un putain de cancer, on forme bientôt un triangle et moi, ho, moi mon cœur s’essouffle aussi après douze ans de bons et loyaux services ! Tout va super bien les gars ! Le baiser de la mort, celui qui flanche car c’est le début des emmerdes ! Vous n’êtes responsables de rien ! Personne ! J’accuse personne d’autres que ce trio maudit !
— Marta, calme toi ma chérie, tu as besoin de repos.
— Tu es malade mec ?!
— Et Marta mec ! L’important c’est surtout elle !
— Vos gueules ! Pardonnez-moi, je…je revois son visage dans le gouffre, je ne sais plus bien tout ce que je crois me rappelez. Et moi qui pensez partir en premier pour que vous vous occupiez d’elle…vous avez raison, je rentre. Prenez soins oui d’elle. Toi aussi Roberto.
— Je viens avec toi, un bain en amoureux nous fera du bien. Je dois prendre mes médocs aussi.
— Allez-y, je vais l’a surveiller et l’a ramener. On reparle demain
J’ai quitté exactement comme dans un film, un livre ou un jeu vidéo. Manuella me parle sous le marronnier, plus loin dans la cour. Je ne retiens que :
— Ils sont malades ! Ma mère prenait des médocs, sans que j’ai la réponse. Mon père commence et moi ? Et ces histoires de morts, de rose et de…
— Ta mère à des doigts en moins, tu sais pourquoi ?
— Dès mes cinq, j’avais demandé puis à mes huit et dix ans. Jamais de réponses. Pas osé demandé aussi à mes grands-parents désormais en maison de retraite ni à ma tante Adela ! Pourquoi ?
— Sans doute que, elle a subi une agression non ?
— Ouai…
— J’en suis désolé pour tes parents, vraiment. Tu pourras toujours compter sur moi.
— Merci Manue.
— Et moi, je t’offre un baiser d’amour !
— Beurk ! Désolé, mais je préfère celui de Nono quand j’avais sept ans !
Je la repousse en riant, elle me bousille mes couettes et ça part en lutte acharné pour la faire rire le plus fort. Elle a le chic d’un éclat de nous faire revenir dans notre âge, on reste des enfants et les enfants, ça rient, ça pleure, ça jouent surtout.
Et mon rôle, resta aussi de continuer à rendre heureux mes parents le plus longtemps possible. Ils m’ont transmis ça aussi, s’amuser sans penser au lendemain. Passer le meilleur jour possible sans rien regretter, du moins, essayer.
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