Le fantôme
— Tu as passé une bonne nuit ma chérie ?
Groggy, j’allume la jolie lampe de chevet pour habituer mes rétines à la chambre aux couleurs apaisantes, un peu plus colorer certes que mon ancienne chambre. Du blanc sur les murs, des draps beiges et un peu de bazar avec nos vêtements sur le fauteuil rose.
Mon homme dépose le plateau repas et un baiser délicat. Les tartines me donnent faim, le chocolat chaud me ramène en enfance. Une sensation de vrai liberté. Au procès qui a duré un mois, j’ai failli mourir, littéralement.
Si, au final, ils avaient avoués leurs actes sur moi et les dix premières victimes féminins ainsi qu’un aveu sur une dizaine d’autres, eux, masculins ; disons, que mon cœur avait lâché. Ils ne vont jamais ressortir hors c’était juste la sensation « C’est fini. Oui, terminé ».
J’avais retrouvé l’habitude des bips, des blouses, des angoisses pendant une semaine. Puis, me voilà, pour ma première nuit chez nous avec lui. Mon héros, mon pilier. Il restait des nuits au centre, des groupes, des bilans…J’ai exigé de sortir plus tôt, en contrepartie de revenir consulter et de suivre le kiné, l’éducateur, hors d’eux.
Même pour le cardiologue, qui reste toujours surpris de l’ancien collègue et de son équipe qui avaient pu opérer illégalement, falsifiés des documents tout ça, en secret. En plus, qu’ils disparaissent sans raison. Il se demande aussi, comment cette machine à forme humaine avec des matériaux novateurs, avait pu-t-il tenir avec les mêmes traitements classiques ?
La science continue d’étudier ça en comparant avec un seul premier prototype retrouvé dans une réserve de mon oncle. La presse a su aussi ma sensibilité et me laisse tranquille comme pour mes proches. Enfin, ils l’ont affirmés hier et j’espère qu’ils tiendront paroles.
— Au fait, tu as du courrier.
— Je le vois, c’est un premier fan ?
— Tu veux que je restes si jamais c’est un adorateur de ces fous ?
— Hum, restes.
Je m’essuie les mains avec la serviette, il retire le plateau pour le mettre en sécurité sur la commode pendant que je découvre le message. Aucun nom sur l’enveloppe sauf mon adresse. Mon sang m’indique alerte, ma respiration, courage. Roberto est ni loin ni proche. Lui aussi, connait la procédure si je panique.
« Je ne suis pas fou, sauf d’avoir disparu. Je suis le passé et dès que je t’ai entendu au procès du siècle évoqué le Présentier, comme un test de Sergio, je n’ai pas hésité une seconde. Je vais tout dire à la police mais, j’aimerais d’abord que tu m’écoutes. Devant témoins si tu préfères. Je me suis pas présenté, excuse-moi. C’est Alvaro. Alors oui, tu penses sans doute à un sosie, un autre test. C’est faux. Ma tombe est vide, mes parents sont morts pour éviter de parler. J’ai rencontré ton oncle puis Sergio, ils m’ont expliqués le culte, l’élue, toi. Ils m’ont menacés de morts. J’ai, j’aurais pu mourir mais je savais qu’un jour, parleraient encore, qui survivraient encore , qui survivrais encore, seraient nous. Si je mourrais, il y aurais d’autres victimes même après toi. L’Elue pour ce culte de la rose noire, n’était qu’une branche pour un fantasme fou de ton oncle. Les ombres parlaient d’Eveil en t’attendant. Ok, tu savais des futurs missions mais au fond, tu aurais rejoint un vaste programme de supers humains. L’Elue avec un super cœur guidant une armée d’enfants et d’ados qui ont subis toutes types de violences, beaucoup sont morts d’ailleurs. Une armée de gosses soumis, dociles, des enfants soldats. Ton cœur pouvait te rendre presque immortel et ton sang-froid puissant pour assassiner. Ok, c’est fou, je le te l’accorde mais si tu as peur que je sois un sosie comme dit plus haut, sait-tu mon plus grand secret ? Même sous la torture, je n’ai rien dit. Tu le murmure, je le sais. Enfin, voilà, si tu veux, appel moi au numéro ici. Alvaro, un ami alias Le Prescripteur ».
— Le plus grand secret ? Tu as déjà été amoureux de ton prof de musique, doutant de ta sexualité. Homo pour eux, c’est non. Je veux tout savoir, te dire que je regrette ma jalousie, je ne suis pas allé sur ta tombe la première année, j’ai juste fumé avec les potes, bu, coucher et danser.
…
Je doute un peu de cette lettre mais au fond, un ennemi n’aurait jamais osé demandé des témoins. Il aurait donné un endroit, une heure sombre. Elle serre le papier les yeux humides et je la rejoins en communion. Je m’approche, je reviens fidèle à ma place.
Alvaro, elle me l’a déjà parlé de lui au centre. Un drame par sa faute disait-elle. Et puis, elle s’est persuadé que Sergio, qui avait éloigné sa sœur, pouvait finalement avec son oncle, prendre des repères. Même son amie y passe et qui sait, Axel, le rappeur ?
Je veux dire quelque chose, je reste. Puis, elle me demande un câlin avant de demander le téléphone, le mien pour faire le pas. Elle a peur du sien, les touches, les appels du passé avec Sergio, qui, peut fonctionner, finalement pour ici.
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