Vivre l'instant
Je l’observe dormir en ce début d’après-midi après une matinée de petites nages à la piscine. Son visage si paisible, après tant de nuits agitées, tant d’heures donner à retrouver son physique d’avant, se souvenir des faits récents et même de pas perdre le passé.
Après ce difficile entretien d’identification, elle avait exigé de partager des moments en famille, dans le jardin des parents, au cinéma ou encore comme ce matin. Carmen m’a accordé deux mois de longues congés et c’est une jeune professeur qui me remplace.
Roberto, dans la journée, donne des cours de musique pour jeunes, heureux malgré tout de se poser. Marta restera complexe à soutenir, à décortiquer même. L’éducateur, au troisième rendez-vous, m’avais pris à part, pour noter qu’il ne soit finalement pas de suite envisageable qu’elle soit indépendante.
Marta voulait un moment, prendre un appartement pour apprendre à se gérer seule. Sur le papier, cela semblait une bonne idée avant de revenir à la maison. Sauf que, plus les journées hors du centre passe, plus la vaste affaire médiatique sans la mentionner directement prend de l’ampleur, plus elle aura des éternelles rechutes.
L’éducateur Ulis, ne l'a sent pas prête à gérer la foule, les courses ou bien se repérer en ville. Le déplacement n’est pas un problème, ce sont ses émotions. Enfant, elle était très curieuse, poser milles questions et me suivait partout pour me surpasser surtout en danse.
Et quand on s’était retrouvé, elle avait ajouté à cette âme d’enfant, les angoisses, les doutes qui chez elle, se matérialiser en fuite. Alors oui, j’adopte un peu la même stratégie de survie. Et là ? Je pourrais croire que celle que j’avais connu durant presque quatre ans, est là.
En fait, pour une rare fois, nos parents ont fait le deuil le jour où elle avait été retrouvé. Ils savaient que son mode de fonctionnement était semblable, pas identique. Marta, avait pu durant cette année en soin, être semi-consciente d’un état régressif ou inconsciente lors des crises.
Son cerveau est malade. Je préfère celui-ci, ma sœur pense, cassé. Non, vraiment, se le premier bilan l’avait rassuré sur des compensations, il apparait que pour tout mettre en œuvre, il faut compter sur moi, mes parents, Roberto.
« Je pensais réussir parfois à faire seule…Mais depuis Sergio, j’ai toujours été, enfin, sous les ordres ou non, besoin de vous. Je peux peut-être le faire, pas sans votre présence ».
Seule, pas sans votre présence. Elle me l’a exprimé pendant qu’on se changeait en cabine. Oui, on n’a tous remarqué. Un accompagnement permanent, pour l’apaiser.
— Alvaro ?
Elle se réveille en douceur, retire la couverture et se réinstalle en taille. La trace du canapé lui colle sur la joue droite. Je lui désigne en silence, elle cherche, touche son nez. La connaissance de son corps est difficile.
Alors je me permets de m’installer à ses côtés, pour le faire à sa place. Un micro sourire apparait, très rare avant de lui demander :
— Tu t’es réveiller en pensant à ton ami Alvaro. Vu la bonne sieste, il ne peut que ce soit un cauchemar, non ?
Elle repousse mon geste.
— Il est un fantôme. Quand il revient ? Plus rien, plus de nouvelles. Je crois me souvenir qu’il parlait de nos amis, de mes musiques mais, où il est ? Il est mort ?
Le téléphone vibre, ne sachant pas si cela est important, je m’en vais le consulter. Depuis la commode de la Tv, mon cœur vacille. Ma sœur ne m’a pas lâché d’un regard, serrant le coussin sans émotion.
— Il est en salle bêton, Sergio a fugué dans la nuit. Je l’ai senti en dormant, pourtant quelque chose m’a calmé, c’est vrai ?
De quoi ?! Elle a eu un rêve prémonitoire ?! Il semble que oui. C’est mon père qui m’a écrit que la police leur a apprit que Sergio a réussi à s’évader et qu’Alvaro est pris en otage. Marta doit être protégé et surtout, rester informé par parcimonie.
— Tu en fais souvent de rêves prémonitoires ?
— Mon cerveau capte pas. Donc c’est vrai ?
— Oui, papa me l’a dit à l’instant. Comment tu te sens ?
— Le monde va le sauver alors. Moi, finit tout ça. Si je pouvais, je serais allé, je me repose, je cherche à m’adapter. Je parle, je ne parle pas. Je respire, c’est déjà ça. Je peux manger sushis ce midi dehors ?
Je lui offre un sourire en retour de celui encore plus grand qu’elle me tend. Oui, au final, Marta est la définition surtout, qu’on évolue sans cesse. Les épreuves passés avant l’école ont été réparé en majorité par la musique, ses amis. Elle se disait joué sans doute un rôle, elle ne joue pas, personne ne joue. Elle est elle-même à chaque instant. C’est pas à elle, de s’adapter mais à nous.
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