Chapitre 5 : Dorian

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— Enfin réveillé ? On vient ici à cause de toi et tu te permets de dormir toute la matinée, râla Dorian.

Il fit semblant de ne pas remarquer le regard noir que lui lança la Gémeaux. Il haussa les épaules avant de reporter son attention sur le jeune Lion dont les cheveux blonds étaient complètement ébouriffés.

D’après les dires d’Adrien, la situation était grave, bien plus que tout ce qu’ils avaient pu imaginer jusqu’à présent. Martin avait été attaqué par des Zodiaques. Voilà qu’après que des démons aient pris le Scorpion pour cible, c’était autour des Zodiaques de s’attaquer entre eux. Le monde marchait littéralement sur la tête.

— Comment tu te sens ? lui demanda Adrien en l’invitant à venir s’asseoir près d’eux sur le canapé.

Dorian était arrivé accompagné de Mélanie il y avait déjà une bonne heure. Lorsqu’Adrien l’avait appelé de beau matin, il avait hésité à décrocher son téléphone. Ce n’est qu’à son second appel qu’il décida d’écouter les raisons de son harcèlement. Il lui avait raconté dans les grandes lignes ce qui s’était passé et l’informa qu’ils les attendaient lui et Mélanie à son appartement.

Il soupira en raccrochant. Pourquoi fallait-il qu’on le demande si tôt. Il avait d’autres chats à fouetter. Par acquis de conscience et trouvant l’enchaînement des événements un peu trop coïncident, il se leva de son lit et alla tout doucement à la cuisine pour se faire couler un café. Il passa la seconde lorsqu’il découvrit Mélanie sur le pas de sa porte. Il la trouva belle avec cette combi-short verte. Elle faisait ressortir ses tâches de rousseur. Se rendant compte de ses propres pensées, il secoua la tête pour les chasser. Il n’avait plus le droit de penser à elle ainsi. C’était trop dangereux…

Il finit de se préparer en cinq minutes chrono et suivit Mélanie jusqu’à sa voiture qui les mena chez Adrien. Le Vierge leur raconta les événements de la nuit et l’état dans lequel il avait retrouvé le Lion.

— J’ai connu mieux, mais ça va, répondit Martin.

Encore ce matin, il avait les yeux cernés et la voix légèrement rocailleuse. Il ne s’était pas encore remis de sa course, en déduisit Dorian.

— J’espère car dès que tu es prêt, on part.

— Où allons-nous ? demanda-t-il en ouvrant grands les yeux.

— Chez toi. Tu as dit que ton oncle et le Verseau cherchaient quelque chose de bien particulier.

— Oui le carnet de mon père. Ils ne l’ont pas trouvé, du moins pas avant que je les interrompe.

— S’il était si important pour eux, pour s’en prendre à toi, alors nous aussi on va le chercher, conclut Dorian en tirant sur le col de son haut pour se faire de l’air.

— Peut-être qu’il nous aidera à y voir plus clair dans toute cette histoire, continua Adrien. Et on a un atout de taille contrairement à eux.

— Lequel ?

— Toi Martin. C’est ta maison, ton père. Tu es celui qui les connaît le mieux. Je suis sûr qu’en y réfléchissant bien tu vas avoir une idée d’où chercher.

— En fait, je sais exactement où il se trouve. J’ai déjà surpris mon père ouvrir une cache et y glisser son carnet.

— Parfait. Prépare-toi dans ce cas.

Dorian regarda Martin boiter jusqu’à la chambre d’où il était sorti avec des yeux ronds.

— Arrête, le rappela à l’ordre Mélanie. Tu n’aurais pas fait mieux à sa place.

— Je sais et justement, j’essaie de comprendre comment il a fait pour s’en sortir.

— Qu’est-ce que tu insinues ? le poussa à continuer Adrien.

— On parle d’un jeune Lion ayant du mal à contrôler son don face à son oncle et un Verseau. J’ai du mal à croire qu’il ait réussi à s’enfuir si facilement.

Ils n’eurent pas le temps de développer leurs pensées que Martin revenait. D’un commun accord, ils décidèrent de passer par l’Envers et d’utiliser le pont reliant directement la demeure des Lions. L’Envers était remplie de passerelles rejoignant directement certains lieux spécifiques du monde des humains. La maison de Martin étant une des demeures ancestrales des Zodiaques, elle possédait son propre pont. Délaissé par les autres Lions, Martin et son père étaient les seuls à posséder les accréditations pour traverser.

Ils eurent la chance de ne croiser personne de l'autre côté. Il était tôt, personne n'avait encore mis le pied sur l'Envers et les Gémeaux qui étaient quasiment les seuls à vivre ici n'étaient pas encore levés.

La salle du portail était entièrement ronde. À l'égard de tout cet univers, la pièce était illuminée d'une lumière omniprésente. Il n'y avait aucune fenêtre, aucune ouverture autre que la porte. Les murs étaient d'un noir opaque alors que de petites étincelles lumineuse le parsemaient. Le ciel nocturne et ses étoiles se tenaient devant eux.

Ils se positionnèrent en cercle sur leur symbole du Zodiaque respectif qui étaient dessinés en blanc dans les creux du sol.

— Maison Agnamène, annonça Martin d’une voix forte qui résonna sur les murs.

Par sa voix, la salle tunnel reconnut l'accréditation et l’accepta. Des fils lumineux relièrent les constellations du mur entre elles. Un flash les aveugla et fit disparaître les murs autour d’eux. Ils se retrouvèrent à flotter dans les méandres de l’Envers. Le dessus et le dessous n’avaient plus aucun sens et d’un coup ils se sentirent aspirer.

Ils atterrirent dans un fracas assourdissant devant les escaliers qui menaient à l’étage chez les Lions.

— C’est plutôt pas mal ici, remarqua Dorian. Vous cherchez pas un locataire par hasard ?

Le Scorpion épousseta ses vêtements avant de tirer sur le col de son haut. Il faisait une de ces chaleurs. Il n’était pas contre un peu de désagrément en échange de vivre ici.

— La chambre de mon père est à l’étage, venez.

Ils montèrent les escaliers qui contre les attentes de Dorian ne craquèrent à aucune marche. Le bois pourtant aussi ancien que les fondations de la demeure était en parfait état. Il posa une main sur la rambarde, même elle n’avait aucun accroc, aucun choc, aucun épi de bois sortant. Tout était nickel.

L’ensemble du petit groupe suivit Martin jusqu’au fond d’un long couloir où ils laissèrent derrière eux quatre autres portes. Ils entrèrent finalement dans une chambre. Elle était spacieuse et très bien rangée. Pour autant, elle sentait le renfermé et la poussière.

— Si je ne me trompe pas.

Dorian regarda Martin de travers lorsqu’il déplaça la petite table de nuit qui faisait l’angle. Il la déplaça vers l’avant et se pencha par-dessus. Le Scorpion le regarda se mettre de plus en plus sur la pointe des pieds s’amusant de cette scène.

Lorsque le jeune Lion se releva, il cogna sa tête contre le mur, perdit l’équilibre et se retrouva assis sur le bord du lit une feuille pliée en quatre dans les mains.

— C’est ça qu’ils cherchaient ? ne comprenait pas Adrien.

— Non. Enfin, je crois pas.

— Les gars ? appela Mélanie.

Dorian se tourna vers elle mais il fut le seul.

— Ce n’est pas un carnet. Je croyais qu’ils cherchaient le journal de ton père ? demanda le Vierge.

— C’est ce qu’ils ont dit. Je pensais vraiment le trouver ici.

— Les gars ? réessaya-t-elle.

Dorian secoua la tête et leva les mains en se tournant vers Mélanie. Lorsqu’il croisa son regard, il lut, dans ses yeux et dans la manière de triturer le bas de son tee-shirt, le problème.

— Il y a des démons, conclut Dorian assez fort pour enfin parvenir à attirer l’attention de leur deux compagnons.

— Il y en cinq je dirai, ou peut-être six, enchaîna-t-elle.

Adrien se précipita à la fenêtre, Dorian juste derrière lui. Deux masses noires gluantes étaient en train d’escalader le toit et de monter vers eux. Ni une, ni deux, le Vierge ouvrit la fenêtre et sans laisser le temps aux démons de réagir il les aspira dans ses dômes de magie.

Les veines de sa main se teintèrent légèrement de noir. Il se contenta de la secouer comme pour faire disparaître des fourmis après que le sang eut eu du mal à circuler.

— On ne devrait pas avoir trop de mal à les détruire, conclut-il. On va aller s’en occuper avec Dorian, Mélanie reste ici avec…

— Je viens aussi. Je peux être utile, le coupa Martin.

Dorian activa son don et de la fumée commença à s’élever de ses bras. Il resta en arrière laissant les autres prendre la tête. N’ayant pas de magie à distance, il savait qu’il valait mieux qu’il assure leurs arrière.

Il ne comprit pas leur tête surprise en approchant des escaliers, jusqu’à ce qu’il voit par lui-même. Un comité d’accueil d’une dizaine de démons les attendait au bas des marches.

— Mélanie, je croyais qu’il y en avait que cinq ou six ? demanda Dorian en tirant sur son col.

— Je ne comprends pas. C’est beaucoup plus calme que ça devrait l’être.

Ils n’eurent pas le temps de se poser plus de questions que les démons passèrent à l’attaque. Les barrières d’Adrien empêchèrent une grande partie de monter jusqu’à eux. Pour ceux qu’il loupait, Dorian s’en occupait avec son poison.

Le Scorpion jeta quelques regards en arrière. Mélanie se tenait derrière eux, les mains posées sur le front. Martin s’occupait de l’étage d’où d’autres démons débarquaient.

Il y en avait énormément. Ils avaient beau repousser les démons et tenir leur position, ils n’avançaient pas d’un poil. Les barrières d’Adrien étaient de plus en plus efficaces. Dorian se retrouva dans un moment d'accalmie, profitant de se répit pour reprendre son souffle. Il avait chaud. Il sentait des gouttes de sueur prendre naissance dans sa nuque et couler le long de son dos.

Il sursauta lorsqu'un bruit de verre brisé résonna. En se retournant vers le bas des escaliers, il vit les restes d'une barrière d'énergie voler en éclats et s'effondrer sur le sol. Une seule chose pouvait agir ainsi sur la magie d'un Vierge : celle d'un Taureau.

Dorian ouvrit grand les yeux en découvrant Léon et Bastien, un Taureau et un Gémeaux, au milieu des démons.

— Je crois que vous avez trouvé quelque chose qui nous appartient, commença Léon.

— Si vous nous le donnez, on repartira avec les démons sans faire plus d'histoire, enchaîna son comparse.

Dorian serra les dents en venant se positionner devant ses compagnons en haut des marches. Il connaissait les deux hommes depuis longtemps et jamais il n'aurait pu les imaginer en traître.

Bastien l'avait gardé des heures et des heures quand il était enfant. Il avait pris soin de lui quand ses parents sont tombés malades. Il se souvenait encore de la fois où il l'avait emmené à la mer et qu'ils avaient surfé ensemble. Quant à Léon, ils avaient fait les quatre cents coups ensemble jeunes. Ils avaient été les mêmes adolescents rebelles.

— Qu'est ce que vous faites avec ces démons ? demanda-t-il.

— Dorian, je ne m'attendais pas à te voir là, encore moins entouré, répondit Bastien.

— Tu devrais venir avec nous, enchaîna Léon. Tu y serais beaucoup plus à ta place.

— Je n'en suis pas si sûr. Donc si maintenant vous pouvez nous laisser passer.

— J'ai bien peur que ce soit impossible.

Sans rien ajouter, Bastien abaissa les mains et une cascade d'eau en déferla. L'eau comme les démons se frayèrent un chemin dans les escaliers. Les dômes d'énergie et la lumière refirent leur apparition, ouvrant la voie à Dorian. Le Scorpion s'y jeta dedans. Il dévala les marches sans prêter attention aux monstres de pétroles qui l'entouraient. Son attention était entièrement reportée sur les deux Zodiaques.

Il vit Léon se plaçait de manière défensive devant Bastien. Le Taureau n'allait pas se laisser faire. Dorian savait qu'il serait capable d'user de son don contre lui. Mais il était trop tard pour faire attention. Il continua sa course vers eux, arrivé à portée de bras de Léon, il se laissa tomber à genoux. Glissant sur l'eau du Verseau, le Scorpion parvint à esquiver l'attaque de Léon tout en lui incorporant un dixième de son poison qui le fit en un instant tomber à terre. Dorian se releva aussi vite et continua sa course vers Bastien qui tenta de créer un mur d'eau. Il n'en eut pas le temps. Dorian passa à travers alors qu'il n'était pas encore assez dense et infligea le même traitement qu'à Léon.

En se retournant il constata que pendant ce temps, Adrien et Martin étaient parvenus à vaincre l'ensemble des démons. Ils se rejoignirent tous au bas des escaliers et s'échappèrent de ce piège avant que d'autres démons ou pire, Zodiaques, n'arrivent.

Sans avoir besoin de discuter, ils étaient d'accord pour savoir qu'il devait absolument retourner chez Adrien sans parler à personne sur l’Envers de ce qui venait de leur arriver.

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