Chapitre 8 : Adrien

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Le retour à l’appartement d’Adrien se fit dans un silence lourd. Tous tentaient d’assimiler ce qu’ils venaient d’apprendre. Découvrir que les démons contre qui ils se battaient depuis des générations n’étaient autre que les humains qu’ils avaient juré de protéger.

Adrien bien que concentré sur sa conduite ne put s’empêcher de jeter un coup d'œil sur ses compagnons. Martin à l’arrière avait emporté les notes de son père et les lisait encore et encore essayant de trouver une explication qui viendrait rendre les événements plus faciles. Il espérait aussi trouver un message caché qui lui indiquerait où se cache Pascal. Le Vierge aussi espérait le retrouver. Pascal semblait au courant de bien des choses et ses lumières pourraient leur être utiles au milieu de ce brouillard. Mélanie avait enfilé son casque sur ses oreilles. Elle s’était enfermée dans sa bulle comme elle faisait souvent lorsque les pensées extérieures étaient trop fortes. Aujourd’hui c’était son esprit qu’elle cherchait à faire taire, il n’en avait aucun doute. Enfin, Dorian à sa droite fixait la route droit devant lui. Avoir tenté de soigner le patient D l’avait exténué.

Arrivés au loft, Adrien vit Mélanie et Martin s’enfermer aussitôt dans leur chambre tandis que Dorian s’allongea sur le canapé et ferma les yeux. Il leur laissa le temps de digérer l’information et attendit plusieurs heures avant de tous leur demander de revenir dans le salon.

— Je sais qu’on est tous sous le choc, commença-t-il, mais si on essayait de prendre du recul sur les informations que l’on a. Peut-être que le patient D est une exception et que les démons ne sont pas des humains. Ton père s’est peut-être trompé.

— Et alors ? Tu veux qu’on fasse comme si de rien n’était ? Tu veux qu’on retourne les tuer en sachant que ce sont peut être des hommes et des gemmes que nous sommes en train de détruire ?

— Non. Je veux qu’on en capture un et qu’on fasse nos propres analyses.

— Ça peut être un bon point de départ, approuva Mélanie. On sera tous fixés comme ça.

— Et comment on saura où trouver des démons ? Je vous rappelle qu’on ne peut faire confiance à aucun autre Zodiaque.

— Je vais signaler à mes supérieurs que je reprends du service. À la police, on a souvent affaire à des cas de démons alors quand je suis dans les parages, ils me mettent sur le coup.

Adrien vit les regards sceptiques de Martin et Dorian mais pour l’instant, il n’avait rien de mieux à leur proposer.

C’est ainsi que cinq jours entiers passèrent. Malgré le retour en service d’Adrien, les démons ne se pressaient pas pour se faire connaître. Ce manque poussa les quatre Zodiaques à cohabiter à temps plein à l’appartement d’Adrien.

Ils sortirent peu, seulement pour aller chercher de quoi se nourrir. Ils étaient sans cesse sur leur garde. N’importe quel Zodiaque pouvait apparaître au coin de la rue et les prendre en embuscade.

Malgré ces envies de liberté, la coexistence au sein du loft d’Adrien se faisait sans trop de problèmes. Martin passait le plus clair de son temps sur son téléphone portable et les réseaux sociaux. Adrien lui avait interdit de poster quoi que ce soit de peur qu’on les débusque ainsi. Mélanie passait également beaucoup de temps dans sa chambre un casque sur les oreilles et la musique à fond. Même si elle n’entendait pas les pensées de ses trois camarades, elle entendait chaque esprit des personnes qui passaient dans la rue. La musique était son seul échappatoire.

Adrien et Dorian étaient ceux qui faisaient vivre leur collocation. Bien qu’opposés sur de nombreux points, les deux hommes s’entendaient très bien et se complétaient. Ils avaient mis en place des séances de sport journalières chaque matin durant lesquelles ils s’entraînaient ensemble. À la fin de celles-ci, ils se mettaient d’accord sur les repas et si Dorian allait les chercher seul la plupart du temps, c’était seulement car Adrien s’occupait seul de faire la cuisine à chaque fois.

Le matin du sixième jour, comme à leur habitude, les deux hommes étaient les premiers à être levés. Ils avaient tout juste fini de prendre leur petit déjeuner qu’un bruit provenant de la cage d’escalier attira leur attention.

Il leur suffit d’un seul regard pour se positionner chacun de part et d’autre de l’îlot de la cuisine faisant face à la porte.

Adrien sentit son poul s'accélérer. Il était chez lui ici, il était hors de question pour lui de perdre cet endroit. Il représentait beaucoup trop de choses à ses yeux. Il prit de longues inspirations pour se calmer et tendit l’oreille. Il écouta les bruits de pas qui montaient les escaliers et compta une seule personne. Le stress ne redescendit pas pour autant. Il savait qu’une seule personne bien entraînée pouvait à elle seule mettre tout un groupe en échec.

Il réfléchit à toute vitesse. S’il s’agissait d’un Balance, ses illusions pourraient facilement les empêcher d’agir. Il en allait de même pour un Verseau et sa magie d’eau ou de la super vitesse d’un Sagittaire. Plus il imaginait les différents scénarios possibles, plus il se rendait compte qu’ils n’avaient aucune idée de qui ils affrontaient. Ils ne savaient rien du tout.

Il n’eut pas le temps de plus cogiter. Le nouvel arrivant était à présent en haut de l’escalier. Ils l’entendirent insérer une clef dans la serrure et déverrouiller la porte. Ce geste étonna les deux hommes et d’un coup Adrien eut le déclic. Il comprit. Il ouvrit grand les yeux en le voyant ouvrir la porte.

De la taille d’Adrien, il émanait de lui une assurance naturelle qui imposait le respect. Ses yeux d’un vert émeraude semblaient pouvoir transpercer tout ce qu’il regardait. Ils contrastaient avec sa peau halée et ses cheveux de jais légèrement ondulés sur le dessus de son crâne. Un tatouage de dragon apparaissait à la base de son cou et redescendait se dissimuler sous ses vêtements.

Adrien vit ses yeux se poser sur lui avant de passer sur Dorian pour alors s’allumer d’une flamme de colère.

— Qu’est-ce que tu fous ici ? gronda-t-il. Ça fait des jours que je te cherche. Tu ne réponds à aucun de mes messages et à aucun de mes appels. Tu m’ignores complètement. Et quand je pars à ta recherche, je te retrouve chez nous avec un autre homme ?

— Max ce n’est pas ça. Tu ne comprends pas… tenta de le calmer Adrien en faisant un pas dans sa direction.

— Au contraire, je pense que je comprends très bien. Tu avais besoin de plus. Tu avais besoin d’un autre Zodiaque, c’est ça ? Un simple humain ne pouvait te satisfaire. Il te fallait quelqu’un comme toi, quelqu’un de puissant, capable de comprendre ce que tu vivais. Désolée de ne pas pouvoir faire apparaître de barrière magique en claquant des doigts. J’avais osé espérer que je pourrais te contenter il semblerait que je me sois trompé. Par contre je pensais que tu me considérais assez pour me le dire et ne pas aller voir ailleurs dans mon dos.

— Max, s’il te plait, écoute moi.

— Qu’est-ce qui se passe ici ?

Réveillée par les haussements de voix depuis que Max était là, Mélanie et Martin venaient de débarquer dans le salon, toujours à moitié endormi et en pyjama. Adrien bien qu’un peu gêné par la tournure des évènements fut content de les voir arriver. Leur intervention avait au moins eu pour effet de surprendre Maxime et de faire redescendre la pression.

Adrien se racla doucement la gorge avant de prendre la parole.

— Maxime, je te présente Dorian, Martin et Mélanie, des Zodiaques. Les amis, voilà Maxime, mon compagnon.

Il se retourna ensuite vers Maxime en levant le doigt pour continuer :

— Et avant que tu ne dises quoi que ce soit, non il n’y a et n’y aura jamais rien entre moi et Dorian. Si on est tous les quatre ici, c’est seulement parce qu’on se cache, enfin en quelque sorte.

— Tu ne m’évites donc pas ? demanda Maxime en abaissant les épaules, signe que sa colère était passée.

— Non, enfin si, mais c’est seulement pour te protéger. Mais euh… Si on allait en discuter dans la chambre ? proposa Adrien qui sentait les regards appuyés de ses compagnons dans son dos.

Maxime accepta et prit la direction des escaliers menant à la mezzanine. Adrien sur ses talons, il entendit le début de la conversation qui s’entama en bas.

— Vous étiez au courant vous ? demanda Dorian en se laissant tomber sur le canapé.

— Non, mais j’avoue que je m’en doutais, avoua Mélanie.

— Ça explique pourquoi il évite son père et ses rendez-vous arrangés, comprit Dorian.

— Quel bordel. Avec les Anciens qui veulent qu’on agrandisse les familles, il doit vivre complètement sous pression.

Adrien referma la porte derrière lui. Ils n’avaient pas idée. Chaque jour quelqu’un lui rappeler qu’il devait rapidement avoir des enfants, chose qui n’arriverait jamais. Il secoua la tête, il ne devait pas penser à ça, pas maintenant.

— Maxime… Je suis désolé. Je voulais t’en parler mais c’était trop risqué, on…

Adrien n’eut pas le temps de terminer sa phrase que son compagnon le prit dans ses bras et le serra contre lui. Le Vierge passa ses mains dans son dos et posa sa tête contre son épaule. Il ne s’était pas rendu compte jusque-là, qu’il avait besoin de ce moment de tendresse alors que tout ce qu’il pensait, toutes ses croyances volaient en éclats.

Il profita de cette étreinte autant qu’il le put puis finit par la rompre. Il avait beaucoup à lui raconter et même s’il avait confiance en ses compagnons, il ne voulait pas trop les laisser spéculer sur ce qu’il se passait ici.

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