Chapitre 10 : Adrien

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Il avait tout juste eu le temps de manger ce qu’avait cuisiné Adrien que le bip bien spécifique de son téléphone résonna. Ils étaient appelés pour une attaque de démons au plus vite. Ni une, ni deux, ils s’étaient tous retrouvés dans la voiture d’Adrien qui fonçait à toute allure sur la route.

— Tout le monde est au point pour la marche à suivre ? demanda-t-il.

— Vous rentrez tous les trois, toi, Dorian et Martin pour éliminer toute menace. On vous rejoint avec Maxime à l’intérieur dès que vous nous aurez fait signe, répéta Mélanie.

Adrien la regarda dans le rétroviseur intérieur de sa voiture. La jeune femme était assise à l’arrière entourée de Doriane et Martin. Bien qu’à l’étroit, il n’y avait normalement jamais personne sur cette banquette arrière, et stressée par la situation, une pointe de joie était visible dans ses yeux. Collée au Scorpion, qui préférait l'ignorer et contempler les paysages qui défilaient, elle posa sa main contre la sienne.

Adrien était le seul autre dans cette voiture à savoir exactement ce qui avait séparé Dorian et Mélanie et même s’il comprenait la peur du Scorpion, il ne pouvait que soutenir Mélanie. Aucun obstacle n’avait pu l’empêcher d’aimer Maxime, pas même ses ancêtres. Dorian et Mélanie pouvaient réussir à en faire de même.

Il passa une main dans ses cheveux pour se sortir toutes ces pensées de sa tête en arrivant sur les lieux. Un périmètre de sécurité avait été installé autour de la boutique qui était prise d’assaut par les démons et une équipe de police était déjà déployée.

Adrien s’avança vers le commandant qui en le voyant arriver avec son équipe de Zodiaque ne put s’empêcher de sourire.

— Virgo ! s’exclama-t-il bien fort. Je suis content de te voir.

L’homme d’une cinquantaine d’années aux cheveux poivre et sel et à la légère barbe grisonnante salua tout juste Maxime alors qu’ils avaient plusieurs fois travaillé ensemble sur des enquêtes et préféra porter son attention sur Adrien.

— J’ai cru à une faveur des étoiles lorsque tu as accepté notre appel. Tu sais que nous avons besoin de toi. Tu es notre meilleur élément. Sans toi les bleus sont perdus. Tu es leur phare, leur bouclier, leur idole.

— Cesse ta litanie et explique moi la situation, coupa court Adrien qui en avait marre de se léchage de bottes.

— Un simple cas de démons. Ils sont arrivés, ont fracassé la devanture de cet artisan et ont commencé à tout détruire à l’intérieur. Le pauvre homme était dedans quand ils ont débarqué. Il a réussi à sortir sans égratignure mais on a préféré le conduire à l’hôpital par précaution. On a aussi bouclé la zone pour s’assurer qu’aucun civil n’approche. Dès que tu es prêt à entrer, on te suit.

— Pas besoin. J’ai amené du renfort cette fois-ci. On va y aller que tous les trois, expliqua-t-il en pointant Martin et Dorian.

Le commandant les scruta un instant, s'attardant plus longtemps sur Martin.

— Ne t’en fais pas pour lui, l’arrêta dans ses pensées Adrien. Il est aussi capable que moi.

Le commandant haussa des épaules avant de se tourner vers ses troupes pour aboyer de nouveaux ordres.

— Élargissez la zone.

Les quatre Zodiaques et Maxime s’avancèrent vers le magasin tout en restant à bonne distance pour le moment. Ils voulaient seulement prendre des infos pour l’instant.

— Mélanie, tu en entends combien ?

La jeune femme ota le casque qu’elle avait enfilé sur ses oreilles depuis leur arrivée et ferma les yeux. Son écoute dura plus longtemps que d’habitude. Pas étonnant avec le nombre d’agents de police dans le coin, pensa Adrien.

— Il y en a quatre. Non, cinq. Peut-être six… J’ai du mal à être sûre, il y a trop de monde ici.

— C’est parfait ne t’en fait pas, la rassura Adrien. Ils sont plus nombreux que nous, peut-être deux fois plus, il va falloir que l’on reste sur nos gardes.

— On sait ce qu’on fait, répondit Martin d’un ton cassant.

— Dans ce cas, allons-y, ne releva pas le Vierge.

Les trois Zodiaques se mirent en marche vers l’entrée de la boutique. Ils étaient tous parfaitement concentrés sur ce qu’ils s’apprêtaient à faire. Adrien se répétait en boucle le plan d’action. Aller à l’assaut de démons n’était jamais chose aisée, même quand on y était habitué. Et puis cette fois-ci, un doute subsistait dans sa tête. Il n’en était pas encore persuadé mais il n’oubliait pas que des humains pouvaient se cacher sous la carapace des démons et cela changeait tout à la manière d’envisager cet affrontement.

— Adrien attend !

En se retournant le Vierge vit son compagnon juste derrière lui, il avait voulu lui prendre la main mais s’était retenu au dernier moment. Si tout le monde au poste de police était au courant de l’orientation sexuelle de Maxime, Adrien n’avait pas encore fait son coming-out. Il n’était pas prêt.

— Je pourrais peut-être venir avec vous à l’intérieur, proposa-t-il.

Adrien lut toute l’inquiétude dans les yeux de son compagnon et lui offrit un chaleureux sourire qu’il espérait réconfortant.

— Tu n’es pas entraîné à aller sur le terrain. Et puis, on parle de démons là, Maxime.

— Je sais, mais…

— Tout se passera bien. Je suis bien entouré.

Après un dernier regard lourd de sens pour chacun, ils se séparèrent. Adrien rejoignit ses amis qui l’attendaient à l’entrée de la boutique.

— Et bien monsieur, l'idole de la police, on se fait désirer ? ironisa Dorian.

— Commence pas Dorian. Allons-y.

Les trois hommes pénétrèrent dans la boutique sur le qui-vive. Ce magasin de mobiliers de jardin ne ressemblait plus du tout à ce qu’il était. Le hamac posté juste à côté de l’entrée n'était plus qu’un amas de tissus déchirés, les petits luminaires avaient volé en éclats et du verre recouvrait maintenant le sol, le lustre pendant au plafond et offrait une lumière vacillante à la salle.

Il y faisait sombre pourtant ils n’eurent aucun mal à apercevoir les cinq démons au fond de la pièce qui arrêtèrent aussitôt leur carnage pour se ruer sur les nouveaux venus.

Adrien laissa Dorian se ruer sur eux. À l’aise au combat rapproché, il ne se faisait pas de soucis pour lui. Il devait rester concentré sur les quatres créatures qui approchaient dangereusement d’eux.

Très dangereusement même. Ils étaient beaucoup trop rapides, beaucoup plus que d’ordinaire. Cette vitesse le désarçonna surtout que ce n’était pas la seule chose étrange. Ses dômes d’énergie avaient toujours pris un petit temps avant de se matérialiser complètement pour autant ça ne l’avait jamais dérangé pour capturer les démons. Cette fois-ci, il en allait autrement. Les démons qu’il prenait pour cible avec sa barrière parvenaient à chaque fois d’un saut, ou d’une cabriole étrange à se sortir de la zone. Ils y prenaient garde, réfléchissant à un moyen de s’enfuir à chaque fois.

C’était la première fois que mettre un terme au chaos des démons était aussi difficile pour les trois Zodiaques.

Adrien avait dû opter pour une nouvelle tactique. S’il ne pouvait pas enfermer les démons dans ses dômes directement, il ferait en sorte de seulement les toucher avec pour aspirer petit à petit leur essence et ainsi les affaiblir pour enfin pouvoir les capturer. Agir ainsi, lui demanda plus d’efforts, plus d’énergie mais au moins cela marchait. Il parvint à enfermer les quatre démons qui se tenaient face à lui et Martin qui lui non plus n’avait pas réussi à faire fondre ses adversaires.

— Tu vas pouvoir les maintenir jusqu’à ce qu’ils meurent ? demanda Dorian en s’approchant.

Adrien le regarda de la tête au pied. La sueur sur son front et sa manche déchirée avec la griffure en-dessous laisser savoir que lui aussi avait eu du mal à prendre le dessus.

— Oui ça devrait aller, répondit-il.

Il allait être épuisé et aurait besoin de repos pour se remettre. Les veines de ses mains étaient déjà entièrement noires et il sentait que l’essence démoniaque était remontée jusqu’à son épaule mais inutile d’alerter les autres, cela allait passer.

— On devrait…

Adrien n’eut pas le temps de terminer sa phrase que Mélanie et Maxime déboulèrent sur le seuil du magasin.

— Qu’est-ce que vous faites là ? On ne vous a pas encore appelé, râla Dorian en s’approchant d’eux.

— On sait mais il y a d’autres Zodiaques dehors qui viennent d’arriver et ils ont l’air d’avoir très envie d’entrer. Il faudrait qu’on parte rapi…

— Attention ! cria Martin.

Deux démons qui s’étaient tenus tranquilles jusqu’à présent étaient postés sur les poutres en bois du toit et venaient de se laisser tomber sur les deux nouveaux arrivants.

Adrien vit Dorian se jeter sur Mélanie et Maxime pour faire barrage de son corps mais il ne pouvait pas affronter les démons en activant son poison sans risquer de blesser leurs amis en même temps. En une fraction de seconde, le Vierge avait concentré les quatre dômes déjà formés dans sa main droite et tendit la gauche pour faire apparaître une boule d’énergie suspendue dans les airs et englobant les deux démons.

Il sentait son pouvoir tirer sur son énergie. L’essence des démons remontait de partout, il la sentait l’atteindre de plus en plus en profondeur. Ses jambes le lachèrent et il plia les genoux à terre tandis qu’il tremblait de tout son corps. Pour autant, il conserva ses bras tendus.

— Adrien lâche tout ! lui ordonna Maxime en arrivant en courant à ses côtés.

— J’y suis presque… articula-t-il entre deux souffles rauques.

Il savait que tirer autant sur son pouvoir pour aspirer autant d’essence démoniaque était dangereux pour lui mais il s’en fichait. Martin, Dorian, Mélanie et Maxime n’avaient rien, c’était tout ce qui comptait pour lui à cet instant.

— Arrête tu vas te tuer !

Il n’en était pas encore là. Il savait que continuer l’affaiblirait pendant un long moment mais il n’allait pas mourir, il le savait. Il fit donc la sourde oreille et dans un dernier effort envoya toute l’énergie qui lui restait pour intensifier ses barrières. Presque aussitôt, les quatre premiers démons périrent lui permettant de lâcher un peu et lorsque les deux derniers moururent également, il put enfin rappeler sa magie. Blême et vidé de toute énergie, il s’effondra dans les bras de son compagnon.

— Allez on dégage de là ! annonça Dorian, n'oubliant pas l'urgence de la situation. Mélanie aide Maxime à porter Adrien. Je m’occupe d’emporter l’une de ces créatures. Martin ouvre-nous le passage.

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