Chapitre 17 : Adrien

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Adrien avait eu du mal à réfléchir pendant tout le trajet. Anxieux, il avait fixé chaque voiture qu’ils avaient croisée sur le trajet du retour au loft pour s’assurer que personne ne les suivait et surtout, il voulait s’assurer qu’aucun Zodiaque ne les verrait prendre la route de chez lui.

Même s’il n’avait pas hésité une seule seconde au moment de proposer son futur appartement comme quartier général, il espérait toujours, un jour, pouvoir mener une vie tranquille en compagnie de Maxime chez eux. En se garant devant le bâtiment en briques rouges, il fut le premier à sauter de la voiture. Il n’y avait personne dans la rue, c’était le meilleur moment pour sortir Pascal du coffre.

Martin avait râlé lorsqu’il avait choisi de l’y enfermer, mais les autres étaient d’accord avec lui. Il était à présent à moitié démon, et même s’il était plutôt amorphe pour l’instant, sa partie démoniaque pouvait à tout moment surgir. S’ils l’avaient gardé avec eux sur la banquette arrière et qu’il s’était mis à les attaquer à ce moment, il aurait été bien compliqué pour eux de régler le problème sans pour autant créer un accident.

Mélanie se dévoua pour aider Martin à le porter jusqu’à l’intérieur. Ils le posèrent sur un des fauteuils qui finit recouvert de l’étrange substance noire qui recouvrait en partie le corps du Lion.

Pascal se tenait assis le dos courbé et la tête penchée en avant. Ses bras pendaient le long de son corps. Il semblait inerte et pourtant, il maintenait cette position sans aucun soutien.

Adrien activa aussitôt sa barrière autour du démon lorsque ce dernier releva la tête poussant un cri à la limite entre un râle de douleur et un grognement de fureur.

— Ne lui fais pas de mal ! s’interposa Martin entre eux, les sourcils froncés et la main levée vers le Vierge.

Adrien écarquilla les yeux face à sa réaction. Il abaissa son dôme d’énergie voyant que Pascal était redevenu serein, mais garda son regard tourné vers le jeune Lion.

— Je sais que tu es à la fois soulagé de l’avoir retrouvé et stressé pour son état, mais n’oublie pas qui est de ton côté.

— Je m’en fiche ! Je ne te laisserai pas l’approcher.

— Mais qu’est-ce qui te prends ?

— Et si tout le monde se calmait ? proposa Mélanie. On a tous été sous pression aujourd’hui et on a eu une rude journée. Je propose qu’on aille tous se coucher et qu’on réfléchisse demain à ce qu’il est possible de faire.

— On ne peut pas laisser Pascal ici. On ne sait jamais quand sa forme démoniaque va prendre le dessus, l’arrêta Adrien. On ne peut pas le laisser là, juste comme ça.

— Tu n’as pas à t’en faire, répondit Martin avec un ton faussement enjoué. Je vais le veiller cette nuit. Hors de question que je le laisse seul.

— Allez vous coucher, s’adressa Mélanie au reste du groupe. Je vais aider Martin à s’installer dans le salon pour cette nuit. On avisera et trouvera une meilleure solution demain.

Adrien appréciait l’effort qu’était en train de faire Mélanie. En prenant les choses en main, elle lui permettait de laisser couler pour ce soir le comportement de Martin. Il s’enferma dans leur chambre avec Maxime et, une fois préparé pour la nuit, se glissa sous la couette.

Retrouver la douceur des draps et le confort de son matelas lui fit du bien. Il se sentit complètement serein et posé lorsque son compagnon s’installa à ses côtés. Comme il avait pris l’habitude de le faire lorsque quelque chose le préoccupait, mais qu’il avait d’abord besoin d’y réfléchir, Adrien se tourna vers Maxime et suivit du bout des doigts le tatouage de dragon qui descendait le long de son torse jusqu’au creux de sa hanche.

— Arrête de me torturer, finit par l’arrêter Maxime au bout de longues minutes en s’emparant de la main du Vierge et la bloquant contre son torse. Dis-moi ce qu’il se passe dans ta tête.

— Je m’inquiète pour Martin. Il est de plus en plus sur la défensive avec moi. Nous avions de bons rapports au début de cette histoire et maintenant, j’ai l’impression qu’il me reproche quelque chose, mais je ne sais pas quoi et ça me préoccupe.

— Tu devrais essayer de lui parler. Il est encore jeune. Il a traversé beaucoup d’épreuves en très peu de temps. C’est normal qu’il se sente déboussolé. Une véritable discussion pour lui rappeler que tu es là pour le soutenir sera bénéfique, j’en suis persuadé.

Adrien se contenta de répondre par un simple bougonnement. Il entendait l’explication de Maxime, pour autant, il ne pouvait s’empêcher de penser qu’il y avait autre chose. Quelque chose de plus direct envers lui. Il n’y avait qu’avec lui qu’il se comportait différemment et il voulait comprendre pourquoi.

C’est bercé par la respiration de son compagnon qu’il finit par s’endormir malgré ses doutes et ses questionnements.

Il se réveilla en sursaut lorsque des cris rauques résonnèrent dans tout le loft. Lui et Maxime sortirent en trombe de leur chambre et descendirent les escaliers au pas de course.

Pascal, toujours assis sur le fauteuil, se pliait en deux tout en émettant des sons gutturaux à donner la chair de poule. Martin faisait les cent pas à côté. À son visage tiré et ses cernes aussi noires qu’une nuit sans lune, Adrien comprit qu’il n’avait pas fermé l'œil de la nuit.

— Qu’est-ce qui se passe ? arriva Mélanie, ses cheveux roux emmêlés et complètement ébouriffés. Que lui arrive-t-il ?

— Je ne sais pas… répondit le jeune Lion dont la voix plus aiguë que d’habitude trahissait sa panique.

Ils s’approchèrent doucement de Pascal qui s'empêtrait dans ses vêtements et commença à les déchirer pour s’en débarrasser. Ils virent alors tous que la substance noirâtre avait complètement recouvert son corps. Seul son visage était toujours épargné.

— Tu as dit que ma lumière faisait fondre leur partie démoniaque quand on était au bunker ? demanda d’un coup Martin à Dorian.

— C’est ce qu’il m’a semblé oui, mais on est sûr de rien.

— Il faut que j’essaie !

Sans attendre une seconde de plus, le Lion déploya sa lumière. Il aveugla par la même occasion Adrien qui comme tous les autres se retrouva forcé de fermer les yeux et détourner le regard.

La température monta dans la salle. Il y fit bientôt une chaleur étouffante, mais Martin ne s’arrêta toujours pas. Il éteignit son pouvoir seulement lorsqu’au bout de longues minutes les sons rauques de Pascal eurent cesser.

— Martin...?

Adrien fut le premier, après Martin, à se retourner et à le voir. Pascal était de retour. La substance démoniaque avait complètement disparu de son corps. Il était de nouveau humain. Ses yeux étaient rouges, ses mains tremblaient, sa respiration était courte, mais il était bien là.

Martin se jeta dans les bras de son père se laissant aller aux pleurs. Adrien se glissa également contre son compagnon. Il avait l’impression de mieux respirer comme si un poids venait de s’envoler de ses épaules. Ils avaient réussi. Ils l’avaient retrouvé. Ils avaient enfin une bonne nouvelle. Ils parvenaient enfin à faire quelque chose de bien.

— Que m’est-il arrivé ?

Martin s’écarta de son père. Il eut tout juste le temps d’ouvrir la bouche avant que son père ne soit prit de spasmes. Il convulsa d’abord sur le fauteuil avant de s’effondrer en avant. Un liquide noir s’échappa de son nez, puis de ses oreilles et finalement de ses yeux. Il voulut crier, mais seule cette substance obscure en sortit. Il finit par s’écrouler par terre et tout mouvement s’arrêta.

— Non ! s’époumona Martin.

Il voulut se jeter auprès de son père, mais Dorian l’attrapa avant et le retint contre lui alors qu’il hurlait son malheur.

Maxime s’agenouilla et prit prudemment le pouls de Pascal. Adrien retint sa respiration, il se doutait de la réponse qu’allait apporter leur analyste, mais il espérait quand même. Lorsqu’il se retourna vers lui et faisant non de la tête. Il comprit que c’était fini.

Ils avaient fait tout ça pour rien. Ils n’étaient pas parvenus à ramener son père à Martin.

Adrien se tourna vers Martin. Son élan de désespoir avait perdu de l'ampleur. Dorian ne le retenait plus. Ses yeux toujours autant embués, il se tenait à présent légèrement arc-bouté, les bras ballants, le regard perdu dans le vide. Le Vierge s'approcha de lui et voulut poser sa main sur son épaule, mais il reçut une tape qui dévia son geste.

— Ne me touche pas !

— Martin, je suis désolé, tenta-t-il de répondre.

— Non ! Tu ne m'as pas aidé ! Tu n'as rien fait ! Tu n'as servi à rien ! Tous les gays ne servent à rien ! Vous êtes juste des tapettes inutiles !

— Qu'est-ce que… commença Maxime dont le regard vert semblait prêt à lancer des éclairs.

— Laisse tomber, l'arrêta Adrien. Je sais qu'il n'y a pas que la tristesse qui parle là, mais je sais aussi que tu vaux mieux que ça Martin.

Le Lion regarda autour de lui, puis une dernière fois le corps de son père étendu devant lui. Il finit par détourner les yeux et quitter le loft sans rien ajouter de plus.

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