Chapitre 20 : Dorian
Améliorer le pouvoir des Zodiaques, cette idée était tellement folle et pourtant…
Dorian se tenait en retrait alors qu’on remettait à Martin l’urne contenant les cendres de son père. Il se repassait les informations qu’ils venaient de découvrir et jaugeait ces nouvelles connaissances et surtout ce qu’elles entraînaient.
Il ne pouvait s’empêcher de se demander ce que ferait ce sérum sur le pouvoir des Scorpions. Peut-être que si lui aussi, il l’avait reçu alors il n’aurait jamais eu cet accident. S’il le recevait aujourd’hui alors peut-être n’aurait-il plus peur de s’approcher de Mélanie et d’enfin pouvoir se tenir à ses côtés comme il aimerait réellement le faire.
— Arrête de te torturer.
Il sursauta, pris dans ses pensées, il n’avait même pas remarqué que la Gémeau s’était approchée de lui. Elle avait enfilé une robe noire lui arrivant au niveau des genoux et qui comportait un col grisé mettant en valeur ses cheveux de feu. Elle avait toujours cette mèche qui lui revenait systématiquement sur le devant du visage et qui lui chatouillait le nez comme elle avait eu l’habitude de lui dire à une époque.
— Je ne me torture pas, répondit-il en fuyant son regard.
— Bien sûr que si. Je te connais comme si je t’avais fait Dorian. Cette énergie Serpentique n’est pas une solution. Certes, elle a conféré à Martin une altération de son pouvoir, mais nous n’avons aucune idée de ses répercussions ni même si elle aura un effet similaire sur toi.
— Mais cela pourrait améliorer tellement de choses. Si mon pouvoir était différent, tout serait beaucoup plus simple pour moi. Je serais enfin libre.
— Ce n’est pas ton don qui t’emprisonne. Tu es le seul à te mettre des chaînes. Il va falloir que tu comprennes que ce n’était rien d’autre qu’un accident. Si tu m’as empoisonnée cette fois-là, c’est seulement parce que tu as peur de ce que tu ressens, de ce que tu es. Il faut que tu arrêtes de te cacher.
— C’est bien plus facile à dire qu’à faire.
— Peut-être, mais ce sérum n’est qu’un choix facile, ce n’est pas une solution.
Il la regarda s’éloigner et rejoindre les autres qui discutaient à l’entrée du crématorium. Il savait qu’elle avait raison, pourtant une part de lui ne pouvait s’empêcher de penser que cette énergie était son seul salut.
Il expira un bon coup, secoua la tête pour se remettre les idées en place et rejoignit les autres pour sortir. Le funérarium se situait juste à côté du cimetière de la ville. Ils marchèrent en silence jusqu’à la voiture d’Adrien qui les avait menés là quelques heures plus tôt.
— Je rêve.
Alors qu’il s’apprêtait à monter dans la voiture, Dorian aperçut non loin d’eux, le Serpentaire. Il était là à une dizaine de mètres d’eux. Il le vit monter sur une moto et démarrer.
— Adrien, suis le ! ordonna-t-il en montant à bord.
Ils prirent la route à sa suite. Dorian serrait la portière dans sa main tandis que son autre main était posée sur l’attache de sa ceinture prêt à se libérer. Il sentait son sang battre dans ses veines.
Ils le suivirent à travers le périphérique Toulousain jusqu’à s’éloigner de la métropole et rejoindre des routes de campagne de plus en plus petites.
— Ne le perds pas ! s’inquiétait le Scorpion.
Ils roulèrent ainsi près d’une heure jusqu’à ce qu’ils le voient s’arrêter à l’orée d’un champ de blé.
— Alors c’est toi ! lui cria Dorian en étant le premier à sortir de la voiture. C’est à cause de toi que toutes ces merdes arrivent en ce moment.
— Vous ne comprenez pas, commença le Serpentaire. Je n’ai pas d’autres choix.
— Pas d’autres choix ? s’époumona le Scorpion alors que de la fumée commençait à envelopper ses mains et remontait le long de ses bras. On a toujours le choix.
— Non ! Pas tout le temps !
Dorian avait beaucoup de mal à comprendre le Zodiaque face à lui. Il y avait quelque chose dans sa voix qui le faisait hésiter, un détail, une intonation qu’il n’arrivait pas à comprendre.
— Démons ! s’écria tout d’un coup Mélanie.
Quelques secondes plus tard des dizaines et des dizaines de démons sortirent du champ et se précipitèrent dans leur direction dès qu’ils les virent. Dorian les imita et il se mit à courir vers les monstres qui approchaient.
Il laissa tout sortir. Sa colère, son angoisse, sa frustration, il utilisa chacune des émotions qu’il refoulait en lui pour alimenter son pouvoir. La fumée qu’il invoquait était d’un noir absolu et enveloppait tout son corps. Il y avait longtemps, qu’il n’avait pas tout lâché de cette façon et cela lui faisait un bien fou.
Alors qu’il dansait au milieu des créatures de pétrole, influant son poison à toutes celles qui s’approchaient un peu trop près, il voyait d’un côté les barrières d’Adrien se formaient les unes après les autres englobant et absorbant les démons petit à petit alors que la lumière de Martin les ralentissait tout en faisant fondre certains.
Il lutta autant qu’il put, mais il ressentit bientôt la fatigue s’emparer de lui. Ils avaient beau tuer des démons, il en revenait toujours de plus en plus. À ce rythme, lui et ses compagnons seraient dépassés. Dorian commença alors à reculer, son pouvoir n’était plus aussi puissant qu’au début et se frayer un chemin devenait difficile. Adrien lui ouvrit un passage avec le peu de force qu’il lui restait.
— Tout le monde en voiture ! s’écria-t-il alors qu’il s’approchait de la portière.
Adrien avait une capacité lui permettant d’être utile même en étant à distance alors Dorian s’installa au volant. Mélanie s’installa rapidement derrière lui. Il alluma la voiture tandis qu’Adrien et Maxime approchaient.
Martin était le seul à ne pas les rejoindre. Au milieu de ce carnage, il continuait de se battre.
— Il ne tiendra jamais !
— On va le chercher, décida Maxime en emmenant son compagnon avec lui.
Dorian changea la voiture de sens, il voulait être prêt à mettre les gaz dès qu’ils reviendraient tous les trois. Il eut tout juste le temps de faire demi-tour qu’il entendit Maxime crier de douleur. Il se retourna aussitôt et les vit tous les trois arriver en courant vers eux alors que le seul humain de leur groupe se tenait l’épaule.
— Roule ! ordonna Martin à peine, furent-ils à l’intérieur.
— Que s’est-il passé ? demanda Mélanie alors que Dorian démarrait la voiture en trombe.
— Le Serpentaire… Il a lâché son énergie sur Maxime.
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