Chapitre 25 : Martin

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Alors voilà à quoi ça ressemblait. Ils venaient de se garer devant le laboratoire en question. Il s’agissait d’un simple bâtiment à deux étages à l’extérieur de Toulouse. Il était au milieu de rien, seuls des champs l’entouraient. Il n’y avait aucune affiche, aucune pancarte, aucun logo. Le labo était complètement nu. En y passant devant personne n’y ferait attention, ne saurait ce qu’il s’y passait à l’intérieur. Même en s'approchant, on ne pouvait savoir. Les fenêtres étaient complètement teintées. Aucune lumière n’était visible, comme s’il était complètement vide.

— Ne vous laissez pas avoir, les informa Enzo comme pour répondre aux pensées de Martin. On a l’impression qu’il n’y a rien et personne, mais ils sont là. Les démons et les Zodiaques.

— Alors fais-nous rentrer. Il est temps qu’on déloge tout ce petit monde, annonça Adrien.

Martin était chaud bouillant. Il sentait son pouvoir crépiter au bout de ses doigts. Sa lumière était prête à jaillir. Il voulait tout faire disparaître. Il était là pour tous les humains qui avaient subi ces expériences horribles, mais aussi et surtout pour venger ce qui était arrivé à son père.

Ils avancèrent en petit groupe serré jusqu’à la porte. Personne à l’horizon. Si déjà, ils parvenaient à entrer dans le bâtiment sans alerter tout le monde, ils auraient réussi le plus gros du travail.

Enzo passa sa carte et inscrit son mot de passe sur le pad tactile. Après un petit bip de déverrouillage, la porte s’ouvrit en grand. Elle donnait sur un long et large couloir plongé dans une lumière blafarde. Les néons accrochés au plafond émettaient un léger bourdonnement électrique qui résonnait dans cet espace vide de tout mobilier. Les murs étaient recouverts d’une peinture grisâtre. Certains s’étaient écaillés avec le temps, tandis que d’autres venaient tout juste d’être repeints. Martin préférait ne même pas penser à ce qu’ils avaient recouvert.

Il essayait également de ne pas prendre de trop grandes inspirations. L’air était glacial et chargé d’une odeur étrange. Mélange de peinture fraîche, de désinfectant et de chair brûlée, elle donnait rapidement des nausées. Ils étaient seuls dans ce décor d’hôpital oppressant.

— Tout le monde sait ce qu’il doit faire et où il doit se rendre ? demanda Adrien.

Tous hochèrent de la tête.

— Alors au travail ! On va faire disparaître tout ça !

Martin prit à droite à la première intersection qu’ils croisèrent et il ne se retrouva plus qu’avec son binôme pour cette opération : Adrien. Les deux Zodiaques avaient pour mission de monter à l’étage pour détruire tous les flacons et les fioles prêtent pour leurs expériences ainsi que tout le matériel qu’il y aurait dans la même salle.

Ils étaient les seuls à monter au premier du côté Est. Maxime et Dorian restaient au rez-de-chaussée pour s’occuper des serveurs informatiques, puis de l’alimentation du bâtiment et enfin Mélanie et Enzo partaient du côté Ouest aux deux étages pour s’assurer que personne ne vienne libérer les démons pendant qu’ils sont là et jusqu’à ce que tout soit hors fonction.

Martin monta quatre à quatre les escaliers, mais se stoppa net en entendant des pas résonner sur le carrelage. Il jeta un coup d'œil et découvrit Eric, son oncle, celui qui l’avait attaqué chez lui, en train de marcher un cahier à la main et entrer dans la Salle Arc, celle où Martin et Adrien devaient se rendre.

— Je veux me le faire ! chuchota-t-il au Vierge.

— Je couvre tes arrières, lui assura Adrien.

Il n’en fallait pas plus au Lion. Toute la rage et la colère qu’il avait gardées pour lui jusqu’à présent ne demandaient qu’à s’exprimer. Il en avait enfin l’occasion. Surtout qu’Adrien ne cherchait pas à l’arrêter.

Ils avancèrent dans le couloir et regardèrent par le petit hublot de la pièce. Eric était bien là et il était seul. C’était leur chance de l’arrêter lui tout en accédant à cette partie du laboratoire. Ils pouvaient faire d’une pierre deux coups.

Au moment où il s’apprêtait à abaisser la poignée, deux hommes arrivèrent au bout du couloir et les virent.

— Vas-y, je m’occupe d’eux ! le poussa Adrien à entrer.

— Tu es sûr ? lui demanda-t-il peu certain.

Ils étaient deux hommes face à lui et d’ici ils n’avaient aucune idée d’à quelle famille, ils appartenaient. Il pouvait être très dangereux de le laisser seul face à eux.

— Fonce ! lui ordonna-t-il alors qu’il se préparât à affronter les deux Zodiaques.

Martin hésita une seconde de plus puis finit par écouter le Vierge. Après tout Adrien était également policier, il devait savoir analyser une situation. S’il lui disait qu’il pouvait gérer, il devait lui faire confiance. Il ouvrit la porte de la Salle Arc et pénétra à l’intérieur.

Eric se retourna et fit les gros yeux en découvrant son neveu derrière lui.

— Martin ? Mais qu’est-ce que…

— Étonné de me voir ? Comme ça, on est deux à l’être. Je ne pensais pas que tu étais prêt à sacrifier ta propre famille pour obtenir plus de pouvoir !

Martin était hors de lui. Il en voulait énormément à son oncle de tout ce qu’il avait. De tout ce qu’il avait fait subir à son propre frère, à son père à lui.

— Tu as trahi papa ! cria-t-il. Tu l’as transformé en démon ! Tu l’as tué !

À ces mots, il tendit le bras en avant et envoya une flèche de lumière en direction de son oncle. Celui-ci eut tout juste le temps de l’esquiver. Le trait atteignit un bocal juste derrière Eric qui explosa sous la puissance du tir éclaboussant les murs et le sol d’une substance verdâtre.

— Tu n’aurais pas dû faire ça, ni même venir ici. Quand je t’aurai calmé, tu serviras de cobaye à ton tour.

Eric leva à son tour sa main. Chacun de ses doigts s’illumina d’une petite boule de lumière jusqu’à ce que cinq filaments ne filent droit vers Martin. Ce dernier attrapa le rebord de la table devant lui et la fit basculer d’un coup grâce à l’adrénaline et se cacha derrière.

— Tu oublies que je suis plus vieux que toi. Je maîtrise mon don depuis plus longtemps.

Martin savait qu’il avait raison. Jamais il n’avait appris un tel tour, sûrement ne l'apprendra-t-il même jamais, mais il avait une chose qu’Eric n’avait pas et n’aurait jamais à présent.

— Sauf que moi, je suis une réussite.

Tout en restant caché derrière son bouclier de fortune. Il appela toute la puissance de son don à lui. Il laissa son pouvoir l’envahir des pieds à la tête. Il le sentait fourmiller du bout de ses orteils jusqu’à la pointe de ses cheveux. Son corps commença à luire. Petit à petit, la lumière s’intensifia et la chaleur dans la salle grimpa en flèche.

Il se laissa aller à son don. Il leva toutes les barrières. Il était prêt à tout. Pour la mémoire de son père, il donnerait tout ce qu’il avait.

— Qu’est-ce que…

Martin n’attendit pas que son oncle termine sa question. Il se leva de sa cachette. Sa lumière engloba alors toute la salle. Il vit son oncle tenter d’invoquer sa propre lumière, mais il était inoffensif. Devant la puissance de Martin et l’éclat qu’il créait, le pouvoir de son oncle devenait nul.

— Tu ne peux pas rivaliser. Tu ne m’arriveras jamais à la cheville. Tu n’arrivais même pas à la cheville de papa !

Lorsqu’il sentit que sa magie était arrivée à son maximum de puissance, quand même lui commença à ne plus pouvoir soutenir son propre pouvoir, il le laissa déferler hors de lui. Une explosion de lumière et de chaleur envahit la pièce. Les fioles explosèrent toutes les unes après les autres dans un fracas immense, tandis que la salle Arc devenait un véritable arc-en-ciel. Chacune des substances s’était répandue sur le sol, les murs et les meubles créant un véritable mélange de couleurs, mais aussi d’odeur toutes plus étranges les unes que les autres.

Épuisé, par toute la puissance qu’il venait de libérer, Martin éteignit entièrement son pouvoir. Il se rendit alors compte du chaos qu’il venait de créer. Des fragments de verre se trouvaient un peu partout dans la pièce. Même la fenêtre avait volé en éclats. Il tourna sa tête et vit qu’Eric était assis sur le sol. Il tremblait alors que ses yeux avaient légèrement tourné au blanc opaque. Ses bras tout comme ses jambes étaient recouverts de débris de verre. Il saignait à plusieurs endroits.

Martin, encore mû par sa rage, attrapa un morceau de fenêtre dans sa main et s’approcha de son oncle jusqu’à s’accroupir à quelques centimètres de lui. Il pleurait.

— Je ne vois plus rien, sanglotait-il.

— Ne t’inquiète pas, bientôt tu ne sentiras plus rien, lui répondit Martin.

Il serra le débris dans sa main à se couper lui-même la peau et l’approcha de la gorge de son oncle.

— Ne fais pas ça !

Adrien venait d’arriver dans son dos.

— On vaut mieux qu’eux. Tu vaux mieux que lui, continua-t-il.

— Mais il a tué mon père !

Martin sentit les larmes lui monter aux yeux. Sa main trembla alors que des gouttes de sang perlaient autour du morceau de verre qu’il tenait toujours.

— Et il paiera pour ça, mais pas de cette manière.

Le Lion sentit une main se poser sur son épaule. Adrien s’agenouilla à côté de lui et récupéra délicatement son arme. Martin la lui donna et laissa retomber sa main.

— Tu as assuré le ménage ici, changea de sujet Adrien. On devrait y aller et rejoindre les autres. Ils auront peut-être besoin de nous.

Martin se releva et tourna son regard vers Adrien. Il se rendit alors compte que le Vierge était dans un sale état lui aussi. Un hématome sur sa pommette tournait déjà au bleu, tandis qu’il était complètement trempé.

— Je vais bien, lui assura-t-il en le voyant le dévisager.

— Et les deux hommes dehors ?

— Je m’en suis occupé, ils devraient faire une petite sieste pendant un moment encore.

Si le pouvoir des Vierges était puissant contre les démons, il s’agissait surtout d’un don défensif contre d’autres personnes. Martin était impressionné par ce que venait de faire Adrien. Il le fut encore plus en voyant la tête de ses deux agresseurs dans le couloir.

Ils décidèrent de rebrousser chemin et d’aller retrouver Maxime et Dorian au rez-de-chaussée. L’électricité tournait encore dans le bâtiment donc ils n’avaient pas encore fini avec cette partie du plan.

Pour les rejoindre, les deux Zodiaques restèrent sur leurs gardes. Ils n’avaient aucune idée du nombre qu’ils pouvaient être ici. Ils s’étaient déjà occupés de trois, mais d’autres pouvaient encore se présenter.

Lorsqu’ils arrivèrent non loin du local de maintenance électrique, ils découvrirent deux hommes à terre. L’un d’entre eux était assommé tandis que l’autre se tordait de douleur. Le poison des Scorpions était toujours aussi puissant, remarqua Martin.

Ils pénétrèrent dans la salle au moment où toutes les lumières s’éteignirent. Martin attrapa son téléphone et activa la fonction lampe dessus.

— Vous avez tout détruit ? demanda Adrien faisant sursauter Maxime et Dorian.

— Oui. Retournons à l’entrée pour attendre Mélanie et Enzo, indiqua Maxime.

— Vous aussi vous avez croisé du monde à ce que je vois, remarqua Dorian en passant à côté d’Adrien.

Les quatre hommes rejoignirent la porte principale du laboratoire et ils furent rapidement rattrapés par Mélanie et Enzo.

— Tous les démons sont enfermés dans leurs cellules. On peut y aller, assura Mélanie.

— Et j’ai récupéré ce que je voulais, annonça Enzo.

Le Serpentaire tenait un petit carnet dans sa main.

— Et nous aussi.

Dorian lui tendit une clef USB qu’il s’empressa de prendre et de glisser dans sa poche.

— Il ne nous reste plus qu’une chose à faire dans ce cas, conclut Martin.

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