Chapitre 12 : Steack tartare

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Barbara rejoignit rapidement Marc et Mathéo. Ce Luigi lui faisait froid dans le dos.
- Les clients ont terminé ? lui demanda le chef.

- Oui, l'un d'eux a demandé à voir Rosa. J'étais bien contente qu'elle arrive. Il fait froid dans le dos ce type.

Marc haussa un sourcil interrogateur.

- Il a des petits yeux vicieux et laisse un peu trop ses mains traîner à mon goût. Il avait l'air de connaître Rosa.

Sans vraiment réfléchir, Marc fit le tour du comptoir et se dirigea directement vers la jeune cheffe. Il ne savait pas vraiment ce qui guidait ses pas, la curiosité, l'instinct de protection, la jalousie peut être... Il chassa rapidement cette idée. Il était le patron du restaurant, il était normal de garder un œil sur ses employés tout simplement et la description du client lui soufflait qu'il devait y aller.

-... Toujours aussi belle. Dommage que l'on ait pas fait affaire avant. Mais je ne doute pas que l'on pourrait s'arranger. Quelle fille ingrate ! Tu ne t'es même pas occupée de ta mère. J'ai dû la prendre sous mon aile. La disparition de Seb et ton abandon lui ont brisé le cœur. Tu ne dis rien ? Vraiment quelle mauvaise fille...

Marc entendit les mots odieux sortir de la bouche de l'individu qui se tenait bien trop près de sa cheffe. Il voyait ses mains vicieuses caresser les bras de Rosa. Il ne comprenait pas que personne ne voit et n'entende les propos de cet homme. Sans plus attendre il intervint coupant la parole au petit gros :

- Bonsoir monsieur. Je suis le chef Marc. Y a-t-il un souci ?

S'étant suffisamment approché il jeta un œil à la jeune femme. Son visage fermé n'était trahi que par la brillance anormale de ses yeux et la rougeur de ses joues. Elle se retenait.

- Non, non ! Tout va bien.

L'homme dut reculer lorsque Marc se plaça aux côtés de Rosa. La stature du chef obligea Luigi à lever les yeux. Marc accentua la pression sur l'homme en avançant encore un peu, se plaçant au dessus de l'homme et devant Rosa. Celle-ci fut soulagée de ne plus être seule face à cette pourriture. Il avait osé lui dire qu'elle avait une dette envers lui. Elle n'était pas trop inquiète de cette partie, mais un peu plus pour sa mère. Bien que ce ne fut pas la mère du siècle, elle ne pouvait s'empêcher de penser à elle de temps à autre. La pique que venait de lui lancer Luigi alimenta ses regrets.

-... J'étais ravi de te revoir Rosa. A très bientôt.

Elle n'avait pas suivi l'échange entre les deux hommes, perdue dans ses pensées. L'au revoir de cet homme lui donna des frissons dans le dos. Elle grommela un vague bonne journée avant de s'enfuir dans les vestiaires n'y tenant plus. Après les regrets, des souvenirs lui revinrent en mémoire. Elle avait besoin de se laver. Ses sales pattes sur elle et ses oeillades vicieuses lui collaient à la peau. Elle commença à se dévêtir sans vraiment faire attention à ce qui l'entourait, machinalement et avec empressement.

Marc surpris de sa réaction s'assura que les clients était bien répartis, donna quelques ordres en cuisine et suivit la jeune femme. Au fond de lui, il se sentait incapable de ne pas réagir. Il voulait s'assurer qu'elle aille bien. Il se demanda s'il s'inquiétait pour elle ou pour le restaurant. Sa raison lui dictait qu'il le faisait pour son restaurant, il allait lui laisser son établissement six mois il voulait être sûr qu'il n'y aurait pas de problème. Son cœur voulait s'assurer que Rosa allait bien. Elle semblait si bouleversée. Il voulait savoir de quoi lui avait parler ce mec. Il frappa à la porte du vestiaire mais il n'eut aucune réponse. Il entra et la trouva prostrée au sol, sanglotant sa veste de cheffe au sol, un débardeur presque transparent qui ne cachait rien de la cicatrice qui zébrait son dos. Il s'approcha comme s'il s'avançait vers un petit animal apeuré. Il ne savait pas ce qu'elle avait vécu, mais il était certain que cet homme en faisait partie. Il s'assit près d'elle, il aurait voulu la prendre dans ses bras, mais il ne savait pas si elle l'aurait accepté.

- Tu veux en parler ?

Comme si elle se rendait juste compte de sa présence. Elle tenta de se reprendre. Elle inspira un peu plus fort par la bouche et s'essuya les yeux.

- Je suis désolée. Je n'aurais jamais imaginé revoir cet homme. Je pensais être débarrassée de cette partie de mon passé. Il est vraiment tenace.

Marc entendit toute l'amertume qu'elle venait de mettre dans cette dernière phrase.

- Tu es en danger ? Il te harcèle ?

Elle bougea sa tête de gauche à droite.

- Non, enfin... Je pensais avoir réglé le problème... Je ne sais pas finalement...

- Tu as besoin d'aide ?

Rosa haussa les épaules. Elle savait que Luigi était vicieux et pouvait faire en sorte de lui pourrir la vie. Elle avait pu souffler un peu, après la disparition de Seb. Mais il fallait croire que rien n'était vraiment acquis.

- Je veux que tu me le dises Rosa. Dès que tu auras besoin d'aide.

- Pourquoi ?

- Pourquoi quoi ?

- Pourquoi es-tu là ? Pourquoi voudrais-tu m'aider ?

S'il était honnête avec lui-même Marc lui répondrait qu'il tenait à elle et qu'il voulait la protéger. Mais il n'était pas prêt.

- Tu travailles pour moi, c'est mon rôle de soutenir mon équipe.

Rosa soupira. Elle ne put s'empêcher de ressentir une légère déception. Pourtant, elle le comprenait. Il s'inquiétait pour elle comme il s'était inquiété pour Mathéo et comme il le ferait pour chacun de ses employés. Elle hocha alors la tête et se releva.

- Je... Je vais rentrer pour me rafraîchir, j'ai besoin de prendre une douche et de me changer.

- Vas-y, je m'occupe de superviser le nettoyage et la mise en place pour ce soir.

Il ne lui proposa pas de la libérer ce soir. Elle lui en fut reconnaissante. Elle ne pouvait pas laisser tout tomber car elle craignait les représailles de Luigi. Jamais elle s'écraserait devant ce vieux porc.

- Marc ?

Il se retourna alors qu'il allait sortir.

- Merci.

Elle lui fit un sourire timide mais qui éclaira son visage triste. Marc en fut secoué mais il ne le montra pas acquiesçant simplement pour accepter ses remerciements. Il retourna ensuite en cuisine prenant le temps de souffler un coup pour calmer son cœur qui battait fort dans sa poitrine avant de passer la porte de l'office.

Il constata que l'équipe nettoyait et rangeait avec entrain inconscient de ce qui s'était joué pour leur cheffe. Robert vint même lui faire le compliment pour le choix de sa remplaçante. Rosa avait gagné. Elle avait la brigade dans sa poche, elle pourrait alors les mener loin. Il prit alors son cuistot un peu à part :

- Robert je peux te demander de veiller sur Rosa lorsque je ne serais pas là.

- Un souci chef ?

- Je ne sais pas, mais un sale type lui a mal parlé et il semblerait qu'il n'en resterait pas là. Je me fais peut-être des idées, mais...

- J'ai compris chef. Je m'assurerai que personne ne vienne ennuyer Rosa.

Il avait dit cela avec tant de conviction que Marc en fut aussitôt soulagé. Ses épaules s'affaissèrent et il respira mieux. Il pouvait partir tranquille. On pouvait dire ce qu'on voulait de Robert, il était macho et parfois brutal, mais sa loyauté était sans faille. Rosa avait acquis le respect du cuisinier ce midi. Marc hocha la tête et le laissa finir son travail. Il alla lui-même dans son bureau finir les formalités pour son départ.

Rosa ne se souvenait pas d'avoir été aussi rapide pour rentrer. Elle avait fait le trajet en scrutant les personnes qu'elle avait croisées s'imaginant que Luigi pouvait être tapi dans chaque coin de rue. Elle était ridicule. Même si elle était surveillée, il était peu probable que ce soit lui en personne qui le fasse. Plutôt l'un de ses sbires, elle trouvait alors tout le monde suspect. Épuisée nerveusement elle ferma son verrou à double tour et fonça dans sa salle de bain. Il lui fallait une douche. L'eau chaude apaisa ses peurs et lui permit de retrouver son sang froid. Elle n'avait pas craqué lorsque la situation était bien pire, elle n'avait pas de raison de se faire du mouron pour une chose qui n'aurait pas lieu. Elle ne céderait pas, jamais elle ne se livrerait à Luigi. Même pas pour sa mère. Elle avait fait ce qu'elle devait faire. Elle n'en ferait pas davantage.
Elle espérait que Marc ne lui demanderait pas plus d'explication. Elle ne savait pas si elle serait capable de mettre des mots sur ce qu'elle avait subi.

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