Chapitre 13 : Croque-madame

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Rosa était revenue pour le service du soir comme si de rien n'était. Elle avait remercié la brigade d'avoir géré la fin du service. Ils n'en firent pas de cas et l'écoutèrent plutôt pour les recommandations du service du soir. Finalement la transition entre les deux chefs se fit simplement. Rosa avait fait ses preuves auprès de l'équipe et lui faisait confiance. Elle apprécia d'ailleurs de plus en plus Robert qui sans le montrer veillait sur la jeune femme.

Marc attendait avec impatience la fin du service. Il aimait de plus en plus leur débriefe de fin de journée. Il observait les assiettes quitter la cuisine et les sourires et commentaires satisfaits des clients. L'incident de l'après-midi en fut vite oublié. Enfin, les employés partirent les uns après les autres, il ne resta que Rosa et Marc, l'un avec un café, l'autre avec son verre d'eau à échanger sur le service de la journée. Marc devint plus sérieux :

- Je vais te laisser le restaurant à partir de demain. Je dois prendre des dispositions pour mon voyage et comme cela se passe très bien, je voudrais en profiter.

Rosa fut flattée de sa confiance. Elle lui prit la main et le remercia chaleureusement pour tout. Les mots s'éteignirent doucement sur ses lèvres alors qu'ils venaient encore une fois de se perdre dans les yeux de l'autre. Cette fois-ci au lieu de ne rien faire, Marc céda à l'envie qui le taraudait depuis longtemps. Il l'embrassa. Ce fut d'abord qu'une simple pression de ses lèvres sur celles de Rosa. Puis, la jeune femme ne le repoussant pas, il approfondit son baiser, s'appuyant largement sur le bar pour s'approcher au plus près de la belle. Ils s'éloignèrent pour se regarder de nouveau, mais Rosa n'arriva pas à soutenir le regard de cet homme qui lui plaisait depuis si longtemps. Il sourit en voyant l'attitude réservée de Rosa. Elle était charmante avec ses lèvres légèrement gonflées et ses joues rougies. Il avait envie de la prendre dans ses bras, la protéger. Il n'avait jamais ressenti ça pour ses anciennes compagnes. Bien souvent, c'était le sexe qui l'avait lancé dans une relation. Rosa l'avait séduit avec son talent, son humour et son charme. Bien sûr, il avait envie d'elle, mais ce n'était pas urgent.

Ses pensées le frappèrent. Il recula sous le choc. Que se passait-il ? Il refusait de mélanger le travail et l'amour. Il allait partir six mois et l'attrait disparaîtrait. Il devait se faire une raison. Il était séduit par sa fraîcheur, sa jeunesse. Il ne pouvait pas s'attacher davantage à elle. Elle serait sa partenaire de travail, point. Il se racla la gorge et se reprit.

- Je... je suis désolé Rosa. Je... je regrette. Je n'aurais pas dû t'embrasser.

Ce fut la douche froide pour la jeune cheffe. Elle n'y connaissait pas grand chose en amour, mais les battements de son cœur et les frissons qu'elle avait ressenti lorsqu'il l'avait embrassée ne pouvait mentir. Son béguin adolescent était plus que jamais présent et s'était même renforcé au contact du chef. Elle devait reprendre la parole, ne pas montrer qu'il l'avait blessée.

- Je... Ok pas de souci. Je vais y aller. Tu passeras avant de partir à Los Angeles ?

Il acquiesça.

- Très bien, alors bon courage. Et à bientôt.

Elle s'éclipsa en un instant, laissant Marc seul derrière le zinc. Il ne comprit pas pourquoi son cœur lui faisait mal quand il l'avait vue disparaître. Il avala cul-sec son café et finit de ranger avant de filer dans son bureau. Il devait se concentrer sur son voyage.

L'heure le lui permettant il appela le chef Sanders.

- Hi ! Franck ! Comment vas-tu ?

- Bonjour Marc, ou plutôt bonsoir ! Tu es prêt à me rejoindre ?

- Oui, je laisse ma cuisine entre de bonnes mains.

- Ne t'inquiète pas, ce n'est que pour quelques semaines, lorsque je viendrais prendre ta place, je remettrais les choses en ordre si nécessaire.

- Je n'en doute pas. Mais tu verras Rosa est une jeune cheffe vraiment compétente et talentueuse.

- J'ai hâte de travailler avec elle alors.

Marc ne doutait pas que le chef Sanders tomberait lui aussi sous le charme de Rosa. Une pointe de jalousie lui pinça le cœur. Le chef américain passerait plus de temps avec que lui n'avait pu en passer jusque là. Il ne craignait pas tellement que le chef et Rosa aient une relation. Ce dernier avait presque cinquante ans et adorait sa femme. Il ne voyagerait d'ailleurs pas seul, embarquant avec lui toute la petite famille.

Après avoir discuter des dernières formalités, ils se quittèrent en sachant qu'ils se verraient dans quelques jours.

Les jours qui suivirent furent un peu étranges pour Rosa. Elle était comme anesthésiée au niveau du cœur. Elle s'était alors jetée corps et âme dans la cuisine. Elle se retenait de chercher Marc du regard, elle savait qu'il n'était pas là, mais bizarrement il lui manquait. Dire que cela de faisait pas trois mois qu'ils se connaissaient. Pour ce qui était du service, tout allait pour le mieux. L'équipe appréciait de pouvoir donner son avis sur les plats du jour qu'inventait la cheffe. Elle passa aussi du temps avec Mia pour imaginer de nouveaux desserts. La jeune pâtissière avait déjà des idées dans son escarcelle, elles travaillèrent donc à les développer. Elles préparèrent d'ailleurs tout un assortiment des pâtisseries pour fêter le départ du chef. Il devait passer peu après le service, pour saluer tout le monde. Il décollerait le lendemain midi pour Los Angeles, ne revenant pas avant six mois.

Marc entra directement dans son bureau. Il s'était retenu de jeter un œil par le hublot de la porte de service. Il n'arrivait pas à oublier ce qu'il s'était passé la dernière fois qu'il était en tête à tête avec Rosa. Il se sentait mal. Il récupéra les documents qui lui manquaient et rangea un peu. Rosa pourrait y travailler ainsi, il lui avait dit qu'elle y aurait accès notamment en attendant que le chef Sanders ne vienne prendre sa place. Il imagina la jeune femme prendre des notes, le crayon entre les dents les yeux perdus, comme il avait pu l'observer quelques fois. Barbara vint toquer à la porte et entra.

- Vous êtes prêt chef ?

- Je n'ai jamais été aussi près de l'être !

- Alors venez les autres souhaiteraient vous saluer avant votre départ.

Il fut accueilli par ses employés comme s'il s'agissait de son anniversaire. Il prit la parole pour les remercier :

- Je ne sais pas comment je dois prendre tout cet enthousiasme ! Il semblerait que vous soyez ravis de me voir partir !

Tout le monde éclata de rire à la blague de Marc. Il donna ses derniers petits conseils et réitéra son discours sur la confiance en son équipe. Il chercha des yeux Rosa mais celle-ci ne semblait pas présente dans l'assemblée. Il fut un peu déçu. Sa déception fut de courte durée, lorsqu'il la vit apporter avec Robert une montagne de petits gâteaux colorés et que Steeve débouchait les bouteilles de champagne. Rosa prit alors la parole. Elle était superbe les joues rougies et les cheveux un peu défaits. Il se disait à quel point elle devait être magnifique lorsqu'elle jouissait.

- Chef, pour vous rappeler qu'on fera de notre mieux durant votre absence, voilà des petites douceurs, qui, on l'espère, vous donneront envie de vite nous revenir.

Marc sourit et se perdit dans les beaux yeux de Rosa. Il devait se faire violence pour ne pas se ruer sur elle et l'embrasser. Ce besoin devenait de plus en plus difficile à contenir. Il était temps qu'il parte.

Ils burent tous un peu et alors qu'ils partaient tous, il ne resta que Rosa et Marc encore une fois.

- On a une drôle d'habitude de partir toujours les derniers, songea Marc à haute voix.

- Nous sommes les chefs, c'est normal.

Il acquiesça sans la regarder. Il savait que les deux coupes de champagne avaient affaibli sa résistance. Il était à deux doigts de céder. Ils finirent de ranger ensemble et sans le faire exprès ils se heurtèrent. Ils tombèrent dans les yeux l'un de l'autre. Marc oublia pourquoi il ne devait pas craquer, Rosa oublia qu'elle ne devait pas l'aimer. Comme aimantées, leurs bouches se scellèrent dans un baiser ardent et passionné. Marc plaqua la jeune femme contre lui, s'imprégnant de son odeur sous les parfums de cuisine. Quand Rosa sentit le sexe gonflé du chef contre son ventre, elle ne put retenir un gémissement. Elle n'avait jamais désiré autant un homme. Elle avait oublié tous ceux qui avaient essayé de la mettre dans leur lit. Elle voulait Marc, ce serait le premier. Elle se rendit compte qu'elle l'avait choisi depuis longtemps et bien qu'il parte ensuite pour plusieurs mois, cela était parfait, il lui ôterait la honte de ne pas avoir été à la hauteur. Elle était si inexpérimentée. Elle se laissa porter par ses sensations.

Marc agrippa les cuisses de la jeune femme, passa ses jambes autour de sa taille et la mena dans son bureau. Il la voulait, cette nuit elle serait sienne.

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