Nous marchons tranquillement dans les rues de Mitras, la capitale royale, en direction de la toute nouvelle ambassade.

- Il s'agit d'un ancien domaine dont le propriétaire est décédé depuis quelques années, sans laisser aucun héritier. Le bâtiment a donc été réaménagé en ce qui sera désormais notre lieu de travail, nous explique Armin.

- Quand je pense que c'est la toute première ambassade de l'ile de Paradis . . . dis-je.

- C'est un symbole important, déclare Pieck, car ce bâtiment représente maintenant les liens diplomatiques que votre pays entretiendra avec les autres nations.

- Oui, reprend Armin. Nous avons pu les convaincre que nous n'avons toujours agi que dans le bien de l'île et que ce qu'ils considéraient comme une trahison faisait en réalité partie du plan d'Eren pour sauver Eldia, ce qui a permis notre retour à tous ici, mais nous devons encore leur faire comprendre qu'entretenir des relations amicales ou tout du moins cordiales avec les autres nations est dans notre intérêt à tous. Les 20% de l'Humanité à avoir survécu au grand terrassement doivent absolument s'entraider pour bâtir un avenir commun radieux. Tout le monde l'a compris et le fait, sauf Eldia. . . pour l'instant.

- Notre mission diplomatique ne cessera que lorsque ce sera chose faite, lui prometté-je en posant une main sur son épaule.

- Est-ce que le fait que cette propiété soit vacante depuis plusieurs années est la seule chose qui vous a poussé à en faire notre ambassade ? demande Livaï.

- Non, nous aurions pu installer l'ambassade dans une autre ville, avoue le blond, mais nous nous sommes dit qu'il valait mieux qu'elle se situe dans la capitale, comme toutes les autres institutions de notre ile.

- Hé ! Salut, les ambassadeurs ! nous interpelle une voix féminine.

En regardant devant nous, nous voyons arriver une jeune femme aux cheveux châtain clair coupés au carré et aux yeux noisette quelque peu bridés.

- Hitch ! s'exclame Armin en la reconnaissant.

- Où est-ce que vous allez d'un si bon pas ? nous interroge-t-elle.

- On comptait se rendre à l'ambassade pour la montrer à Livaï et Éléonore . . .

- Ah, vous êtes de retour ! Cela faisait un bail ! Je suis vraiment contente de vous revoir ! déclare-t-elle en posant amicalement sa main sur mon épaule.

- Je suis tout aussi content de te retrouver en un morceau, dit à son tour l'ex caporal-chef du bataillon d'exploration, mais dis-moi, tu n'es pas sensée être à Stohess, là où se trouve ton poste ?

- Rectification : là où se trouvait mon poste. Suite à la disparition du gratin de l'ancienne armée, j'ai été affectée à Mitras au moment de la formation de la nouvelle. Ils ont besoin de soldats expérimentés pour assurer la sécurité de la capitale.

- Félicitations pour ta promotion, même si elle n'est pas le résultat de joyeux événements, lui dis-je.

- C'est toujours ainsi. On ne monte de grade que lorsque le supérieur que l'on remplace est décédé ou prend sa retraite, mais c'est le premier cas qui se présente le plus souvent, n'est-ce pas Armin ?

- Oui . . . confirme l'ex-major du bataillon d'exploration, ce dernier n'existant plus.

- Bon, est-ce que de votre côté, vous avez de plus heureuses nouvelles à m'annoncer ?

- Oui, mais ça va te surprendre . . . la prévient Jean.

- J'ai vu trop de choses dans ma vie pour être surprise par quoi que ce soit, maintenant, rétorque-t-elle.

- Éléonore et le caporal vont se marier, lui annonce Conny.

La jeune femme éclate aussitôt de rire et se plie en deux, avant de se laisser tomber à genoux et de frapper le sol pavé de sa main, en s'exclamant :

- Si un jour on m'avait dit que le caporal-chef Livaï se marierait ! Ha ha ha !

- Je t'avais prévenue, lui dit simplement le grand brun.

Elle finit par se relever et essuie une larme qui perle au coin de son oeil en déclarant :

- Ah, ça ! Pour être une heureuse nouvelle, c'est une heureuse nouvelle !

- Merci . . . lui adressé-je sur un ton hésitant.

- Tu me remercieras plus tard, rétorque-t-elle en m'attrapant par la main pour m'entrainer derrière elle.

- Où est-ce que tu t'emmènes ?

- La chose la plus importante dans l'organisation d'un mariage, c'est la tenue, affirme-t-elle. Je vais t'emmener dans la meilleure boutique de mode de toute l'ile ! Ils vont te confectionner une robe dont tu te souviendras longtemps !

- Je te reconnais bien là . . .

J'entends Conny demander :

- On était pas sensés aller à l'ambassade ?

- Ce n'est pas bien grave, le rassure Reiner. Laissons-les s'amuser entre filles, on ira là où on était sensés aller tout à l'heure.

- Je les accompagne, décide Mikasa en pressant le pas pour nous rejoindre.

- On vient aussi ! dit Pieck en tirant Annie par la manche.

C'est ainsi que toutes les filles de notre groupe se retrouvent dans la boutique de mode la plus réputée de la capitale et de toute l'ile de Paradis quelques minutes plus tard.

Il s'agit d'un élégant bâtiment aux dimensions moyennes. L'intérieur est luxueusement décoré : le sol est recouvert d'un tapis rouge brodé de fils d'or, des rideaux blancs sont accrochés aux fenêtres et un joli vase empli de fleurs au délicieux parfum trône sur une petite table.

L'endroit est aussi plein de mannequins sur lesquels sont exposés des robes et autres vêtements en tous genres. Je dois avouer qu'ils sont vraiment beaux.

Une femme d'âge moyen aux cheveux blonds relevés en un chignon et vêtue d'une élégante robe violette vient nous accueillir :

- Bienvenue à vous, mesdames. Comment puis-je vous aider ?

- Notre amie va bientôt se marier, lui explique Hitch. Il lui faut une robe adaptée pour l'occasion.

- Toutes mes félicitations, mademoiselle ! Vous pouvez compter sur nous pour vous confectionner la robe de vos rêves ! Est-ce que vous avez une idée précise de ce que vous voulez ?

- Et bien . . . J'aimerai quelque chose de simple, mais de joli.

- C'est un excellent choix ! La simplicité est le secret de l'élégance. Est-ce que vous avez une couleur en tête ?

- Le blanc me semble parfaitement convenir.

Elle approuve mon choix d'un hochement de tête :

- Je vais vous proposer quelques modèles et vous me direz lequel vous préférez. Une fois que ce sera fait, nous commencerons la confection de votre robe.

Elle fouille dans un tiroir et en sort un carnet à croquis. Elle l'ouvre et tourne les pages pour nous montrer quelques dessins représentant des robes de mariée. Nous les examinons toutes attentivement.

Finalement, j'opte pour une longue robe à étages sans manches, serrée à la taille par un ruban.

La femme prend ensuite mes mesures, puis déclare :

- Nous avons tout ce qu'il nous faut pour travailler. Nous vous préviendrons aussitôt que votre commande sera prête. Je vous conseille de ne pas tarder pour vous procurer des chaussures et des bijoux assortis. Bien sûr, nous nous chargerons aussi de la confection du voile, qui est inclus dans la préparation de la robe.

- Je vous remercie. Bonne journée et à bientôt !

- Bonne journée à vous aussi, au revoir !

Nous quittons la boutique et Pieck remarque :

- Que c'est agréable de faire tranquillement les boutiques et vaquer à des occupations ordinaires !

- Oui et c'est pour cela que je vous propose d'aller boire queque chose ensemble pour nous détendre autour d'un bon verre en discutant de sujets plaisants, dit Hitch en passant un bras autour de mes épaules et l'autre autour de celles de la jeune femme aux longs cheveux noirs.

- On ne devrait pas plutôt rejoindre les garçons ? demande Mikasa. Ils doivent être en train de nous attendre.

- Laissons-les attendre encore, dit Annie. Cela me fera du bien de prendre congé d'eux pendant un moment, encore. Ils sont gentils, mais parfois un peu fatiguants.

Nous gloussons et entrons dans un café, où nous passons les quelques heures suivantes.