Retour à Shiganshina

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À la fin de la semaine, ma soeur adoptive nous annonce, à l'heure du souper :

- Je rentrerai à Shiganshina demain matin. Je dois retourner veiller sur Eren.

- Je t'accompagnerai si cela ne te dérange pas, lui dis-je. J'aimerai rendre visite à mes frères.

Elle hoche la tête.

- Si tu y vas, je viens aussi, déclare Livaï.

Je lui adresse un sourire.

Le lendemain matin, donc, nous quittons le palais royal et la capitale, en direction du district le plus au sud de l'ile. La ville est comme nous l'avons laissée, si ce n'est l'absence des murs qui l'ont protégée pendant plus de cent ans. Je reconnais même le lac qui se situe au centre des lieux depuis la bataille de Shiganshina.

Nous gravissons une petite colline, située un peu à l'écart des habitations. Je me remémore alors la course que nous nous sommes livrés, en une fin de journée d'automne. C'est Eren qui a atteint l'arbre en premier, mais c'est parce que la jeune aisiatique et moi l'avons laissé gagner. Quand nous arrivons au sommet de la colline, je me souviens du visage endormi de mon cadet, qui aimait tant faire la sieste sous ces branches. Il y repose pour l'éternité, désormais . . .

J'observe les deux pierres tombales en silence pendant de longues secondes. Elles portent les noms suivants : "Eren Jäger" et "Sieg Jäger".

Je m'agenouille sur l'herbe verte et murmure calmement :

- Je suis rentrée.

La seule réponse que je reçois est le souffle d'une brise. Elle vient agiter nos cheveux et les pans de nos vêtements. Je ferme les yeux et, aussitôt, les terribles images de la façon dont j'ai brutalement perdu mes frères me reviennent en tête. Je rouvre soudainement mes yeux, qui s'embuent de larmes. Je sens mon coeur se serrer, mon corps trembler et ma respiration s'accélérer. Les perles d'eau salée coulent sur mes joues avant de se briser au contact du sol.

Les mains des deux Ackerman viennent se poser sur mes épaules, m'apportant soutien et réconfort. J'échange un regard avec eux. Les leurs sont calmes et rassurants. J'essuie promptement mes larmes à l'aide de mon mouchoir blanc, qui ne me quitte jamais, puis pousse un soupir.

Nous restons assis devant les pierres tombales en silence pendant de longues secondes. Au bout d'un moment, je leur avoue :

- Je me demande comment ils auraient réagi à l'annonce de mes fiançailles.

- Je pense qu'Eren aurait été un peu surpris, comme nous tous, au début, mais qu'il serait tout de même heureux pour toi, tout comme je le suis, déclare Mikasa en posant une main sur la mienne.

Je lui souris, puis confirme :

- C'est vrai, il m'a souhaité de mener une existence longue et heureuse avec Livaï, quand je lui ai confié mes sentiments à son égard, même si j'ai bien vu la surprise se peindre sur son visage à cette annonce, mais je crois que Sieg, en revanche, aurait été beaucoup moins enthousiaste à cette idée. . .

- On se fiche pas mal de son avis, rétorque Livaï. Cette affaire ne concerne que toi et moi.

Je glousse, puis tourne mon regard vers les branches feuillues de l'arbre, où je remarque un oiseau qui semble nous observer. Je le fixe en silence pendant de longues secondes, intriguée par ce volatile pour une raison que je ne saurai expliquer . . .

L'animal finit par déployer ses ailes pour prendre son envol, s'éloignant grâcieusement dans le ciel bleu jusqu'à disparaitre à l'horizon. Je constate que la jeune femme aux yeux gris l'observe avec un petit sourire.

- Eren aimait tant les oiseaux . . . Il rêvait d'être aussi libre qu'eux et de parcourir le monde . . . dit-elle.

- Oui, c'est vrai, admetté-je.

- On devrait rentrer, maintenant, si on veut arriver au palais royal avant la nuit, dit Livaï.

- Vous pouvez venir dormir dans ma maison, nous propose Mikasa. J'habite seule alors cela ne me pose pas de souci.

- On devrait surtout trouver notre propre maison, déclaré-je, mais en attendant, c'est avec joie que nous acceptons ton hospitalité, n'est-ce pas, Livaï ? demandé-je à ce dernier en prenant sa main dans la mienne.

- Oui, merci à toi, Mikasa.

Elle nous répond par un simple hochement de tête, avant de se lever et de nous dire :

- Suivez-moi. Je vais vous montrer où j'habite.

Nous nous levons à notre tour et lui emboitons le pas, toujours main dans la main.

En chemin, je dis à ma soeur adoptive :

- En fait, je voulais te remercier d'avoir pris bien soin de mes frères pendant mon séjour à Mahr. Je savais que je pouvais compter sur toi.

- Je t'en prie, cela me fait plaisir de te rendre ce service. Et puis, j'aurai veillé sur Eren dans tous les cas alors ce n'est absolument pas un souci pour moi de garder un oeil sur ton aîné par la même occasion, vu qu'ils reposent côte-à-côte. En plus, tu m'as déjà remercié il y a un peu plus de trois ans lorsque je t'ai fait cette promesse de veiller sur eux, ajoute-t-elle sur un ton amusé.

- Je sais, mais vous faites tant pour moi qu'aucun mot, ni aucune parole ne seraient suffisants pour vous exprimer ma gratitude.

- Tu en fais tout autant pour nous, si ce n'est plus. Nous sommes donc quittes, dit-elle en posant une main sur mon épaule.

En discutant ainsi, nous arrivons devant une jolie petite maison en pierre et en bois. Les rebords des fenêtres sont décorés de pots de fleurs colorées. La jeune femme ouvre la porte en bois en nous expliquant :

- Je me suis installée ici, à Shiganshina, pour pouvoir rendre visite à Eren et à votre aîné quotidiennement et ainsi garder un oeil sur eux.

- Je pense que j'aimerai bien m'installer aussi dans cette ville, où j'ai grandi et où j'ai vécu la majeure partie de ma vie, déclaré-je.

Nous entrons à l'intérieur, nous retrouvant ainsi dans la salle principale, équipée d'une cuisine, d'une table en bois entourée de chaises, d'un coffre et d'un petit canapé.

L'arrangement des lieux me rappelle notre maison de Shiganshina où j'ai passé la moitié de mon enfance et toute mon adolescence, en compagnie de papa, belle-maman, Eren et Mikasa.

La jeune asiatique pose d'ailleurs une casserole pleine d'eau sur le feu pour préparer le thé, puis se dirige vers l'escalier menant à l'étage, en nous demandant :

- En fait, est-ce que vous avez pour habitude de dormir ensemble ou dois-je vous loger séparément ?

- Nous faisons encore chambre à part, lui répondé-je.

- D'accord, dit-elle en montant pour préparer nos chambres.

Je profite de son absence pour murmurer à mon fiancé, sur un ton taquin :

- D'ailleurs, tu as bien fait d'accepter de m'épouser, sinon, ce serait resté ainsi pour toujours . . .

Il roule des yeux et pousse un léger soupir en secouant la tête, mais le petit sourire qu'il esquisse ensuite ne m'échappe pas.

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