39. La lettre

8 minutes de lecture

" Carole,

Voilà, c'est la fin. Je prends mon courage à deux mains et t'écris cette lettre... cette lettre d'adieu. Il en fallait bien une, tu sais... Elle est donc là, sous tes yeux.

J'aurais tant aimé te dire tout cela de vive voix mais comme souvent dans notre existence commune, tu en as décidé autrement. Ne le prends pas mal, surtout pas, j'en suis rendu à un point, tu le reconnaitras où je ne m'emmerde plus avec les chichis... Donc il ne faut pas le prendre mal, c'est comme ça, moi je l'ai accepté ne t'inquiètes pas. Je me garderais bien de te faire des reproches, surtout après toutes ces années de silence depuis ce fameux Noël où tout est parti en couilles.

Alors, voilà. Je t'écris. Faire le point, tirer les choses au clair, et... te demander pardon.

Oui je te demande pardon, tout en espérant que tu le fasses comme moi après toutes ces merdes que tu m'as fait subir ( si,si reconnaissons-le, et je te le répète, n'y vois aucun reproche, ce ne sont que les faits, la vérité crûe).

Je te demande pardon pour mon manque de tact lors de ce jour de Noël où je ne t'ai pas répondu, ni rappelée. Je te dois la vérité, le plus simplement, la plus directe. Oui j'ai manqué de tact et.. tu vas sourire, j'ai aussi manqué de forfait... je ne pouvais plus te rappeler. Après, tu as rappelé pour m'insulter. Bref.

En fait, comment te dire ? Ma vie était particulière car, c'était comme si deux trajectoires, deux destinées venaient se télescoper sur mon chemin.

Je te retrouve, je te revois et en même temps je rencontre quelqu'un... Et là gros dilemme. Je sais, je sais ce n'est pas bien, mais je vous ai comparées toutes les deux au fil des semaines, sans rien vous promettre ni à l'une ni à l'autre... éviter la catastrophe de Bordeaux même si cela y ressemble. Oui vous comparer, car je flippais, ne savais pas quoi faire, donc je n'ai pas pu m'empêcher. Comprends moi. Voilà, le choix s'est joué entre toi que je connaissais par coeur et elle que je découvrais. Choix entre ce passé récent, ces années passées avec toi, et tout cela que comporte de bon et de mauvais (prendre le risque de revivre tout cela ?).

n'était-ce pas plus courageux de ne pas vivre sur ces acquis, et quoi de plus courageux que d'aller vers l'inconnu... (l'inconnue !), l'avenir ?

Voilà, j'ai commencé à faire mon choix, du moins, il s'est lentement imposé à moi. Je dois te l'avouer, nos échanges me faisaient un peu peur, et de plus en plus je ne percevais pas de réel changement en toi et tes mauvais côtés se sont agités devant mes yeux , et je ne voyais plus qu'eux.

Et puis, est arrivé ce Noël, ce fameux jour où tu m'as copieusement insulté... ce jour là, tu m'as conforté, tu as confirmé mes craintes et convaincu de ne pas aller vers toi. Je ne voulais plus de ton orgueil, de ton égoïsme et tout ce pan de toi qui m'avait fait tant de mal. Toute cette agressivité, cet orgueil, non...je n'en voulais plus. Alors oui, j'ai fait mon choix. Choix assumé... Pardon.

Pourquoi ce pardon ? Parce que je t'ai manqué de respect par mon silence, et pardon parce que... tu as été la femme de ma vie...

Et pourquoi t'écrire maintenant ?

Ben, clore l'histoire, en quelques sortes.

Je voulais juste que tu saches que c'est avec toi que j'ai vécu le meilleur, le pire aussi mais tous les meilleurs moments, l'ont été avec toi.

Je ne sais pas où tu en es, peu importe. Sache que je pars en paix, tout le mal a été pardonné, j'espère que tu en feras autant. Tout simplement. Tu as été la femme de ma vie. Toute ma vie s'est construite autour de toi... J'aurais connu un avant et un après toi.

Cet après a été du grand nawak. J'ai passé le plus clair de mon temps à soit te fuir, toi et tout ce qui pouvait te ressembler de près ou de loin, soit te chercher, et cela au travers de toutes les rencontres que j'ai pu faire.Toute cette aventure avec toi a été si forte, que j'en étais comme marqué au fer blanc... toute ma vie ensuite n'en a été que plus fade.

Et puis, il ya eu cette rencontre : Marie

J'ai vécu ce que j'avais à vivre, je pense avoir été enfin un peu heureux, je crois, j'avais enfin accepté de lâcher prise et de ne plus, enfin, vivre dans la comparaison avec toi. Nous avons vécu notre bonhomme de chemin, même si la vie a fait que ça s'est lentement dégradé, refroidi. Et là, j'ai fait le con, plutôt que de me battre pour ce couple, j'ai été chercher le piment ailleurs... oui je l'ai trompée, enfin j'ai plutôt flirtouillé (pas de passage à l'acte du point de vue charnel !), c'était.... euh, ressentir cette petite adrénaline qu'il y a dans le petit jeu de drague et séduction. Oui, j'ai vécu une vie parallèle, entre ma vie réelle et une vie plus virtuelle.

Voilà, c'est là aussi que j'ai commencé à mettre par écrit mes fantasmes, et des histoires érotiques. Je me suis, alors, mis en tête d'écrire, de nous écrire. Mettre sur papier nos instants « caliente » qui, ne nous voilons pas la face, le méritaient et ... me hantaient de plus en plus. Donc oui je les ai écrit, et je les ai romancés pour les rendre plus lisibles.

J'avais commencé à arpenter un forum de récits érotiques, et j'ai décidé de diffuser un épisode de notre vie, celui où nous avons fait notre premier plan à trois avec Alex, tu te souviens, chez mes vieux.

Alors j'ai commencé à le diffuser par petits bouts...

C'est là que tout est parti en live. Toute cette vie parallèle... c'était trop. Je me suis fait choper.

Et là, c'est comme si tout devenait clair en moi, j'ai tout stoppé, tout supprimé.

Je me suis senti tellement mal, tellement coupable.

Elle était cocue... son salaud de mec qui, en plus écrit des histoires de cul sur internet ! Je ne t'explique pas toute la merde que cela a causé...

Alors je me suis rangé. Si tu savais comme je m'en voulais.

D'ailleurs, hier je lui ai écris pour lui demander pardon... je sais facile pour un mourant de demander pardon quand c'est la fin, comme pour se donner bonne conscience et partir en paix... oui c'est un peu ça.

Oui je m'en voulais de tout ce mal que je lui ai causé. Quel connard. Alors que je la connaissais cette douleur, comment ai-je pu lui faire subir ? Je l'avais vécue avec toi... et là, je lui fais la même chose... Dégueulasse.

Dès lors, j'ai tout fait pour me racheter en espérant recoller les morceaux, me faire pardonner en pensant que peut-être mon histoire avec elle allait rebondir... Tu l'auras deviné, au bout de quelques années, cela n'a pas vraiment redémarré...Alors nous nous sommes séparés.

Cette séparation s'est montrée inéluctable.

Fin.

Voilà...

Quand j'y pense, c'est tellement bizarre de se dire que quand tu liras ces mots, je ne serai plus là, clamsé. En fait... je dois bien l'avouer, là je flippe à mort, j'ai tellement peur, tu sais... ne pas le montrer. Être fort... c'est dur, alors que parfois je suis pressé que cela se termine, tu vas trouver ça con, mais oui je suis, des fois, pressé d'en finir. Il faut que tu sache que tout ça, c'est usant. Toutes ces douleurs, toute cette fatigue, ces saignements... et puis ce putain de traitement... il me défonce tellement, c'est horrible... mais il faut se battre, c'est une réalité même si c'est dur...

Heureusement, Corinne est apparue, elle était là du début à la fin. J'ai rarement connu quelqu'un d'aussi doux, même si elle sait me remettre en place. Je crois que si je m'en étais sorti, j'aurais bien tenté de faire un bout de chemin avec elle...

Oui je te vois venir, tu vas me dire, que c'est juste le fantasme de l'infirmière... c'est pas faux non plus ! Elle est super sexy dans sa tenue de travail... Mais tu sais, dans l'état où je suis, on se raccroche à tout ce que l'on peut... tout ce qui peut être positif ( en tout cas c'est maintenant mon cas, car j'ai fait l'inverse, et d'autres le font et s'enfoncent dans le bad... moi, Corinne m'a mis des coups de pied au cul pour ne pas que je sombre...)

Elle est tellement positive pour moi.

Tu sais, j'ai tellement à te dire, mais, c'est dur. Ces médocs m'empeguent, c'est la galère, je suis tellement... bordel c'est tellement le flou...

...

Je zappe volontairement cette partie de la lettre qui, relativement longue, m'explique encore ses douleurs, les traitements, ses nausées, ses doutes, ses regrets sur différents sujets qui sont relativement personnels. Et puis, certaines parties sont maintenant illisibles.

Voilà, tout ça pour te dire, je t'en prie pardonnes moi... j'espère que tu ne m'en veux plus. J'aimerais aussi que tu ne m'en veux pas d'avoir écrit notre histoire, mais, tu as été ma muse érotique je n'y peux rien... j'aimerais que, que tu la termines, que tu te remettes à écrire si tu le ne fais plus, j'ai tellement adoré te lire, mais, oui, s'il te plaît, pour moi, finis-la, diffuse là, je suis certain que cela peut faire un beau roman (ou plutôt une belle nouvelle)..; érotique certes, mais de haute facture, j'en suis sûr, et... il faut le reconnaître, le sexe a été tellement important dans notre histoire, pourquoi ne pas en faire profiter ?

Voilà, c'est comme tu veux...

Je m'en vais tu sais, je n'ai plus le choix, c'est difficile à admettre, à dire mais, mais j'aurais tellement aimé avoir une vie un peu plus heureuse... tu sais avoir le sentiment de l'avoir trouvé, serein, plutôt que cette putain de frustration de courir après quelque chose d'inatteignable...

C'est fini... Y a t il quelque chose après ? Je n'en sais rien... bordel... j'avais tellement de trucs à faire, pourquoi ?

Carole, vis.Je t'en prie, c'est tellement court, j'ai tellement de regrets, ne fais pas les même conneries que moi, mon quotidien dans cette chambre... fais chier, je suis tellement désolé...

Vivre...

Je... je te dis adieu, sois heureuse, je te le souhaite... je te l'ordonne même (m'en fous, j'ai le droit.

Je t'embrasse, toi que j'ai tant aimé, et sache que je referme cette page, ce livre avec toi, je le referme apaisé.

Christophe"

Dans l’enveloppe, il y a des photos de nous. Des premiers instants, jusqu’aux dernières photos prises dans ce pub bordelais...

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