23. La boutique

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J'ai accepté.


Nous voilà partis, côte à côte sur le trottoir en direction d'une boutique de qualité et tout en discrétion selon ses dires...
Sur le chemin, ma confiance en lui grandissait, ou plutôt son charme troublant agissait, une attraction involontaire et inéluctable...
J'ai alors glissé ma main pour lui donner le bras, et nous avons marché comme cela jusqu'à la fameuse boutique...
J'étais sur un espèce de nuage, je me foutais du qu'en dira-t-on...
Nous nous retrouvons face à une devanture sans équivoque. Je suis plutôt impressionnée, mes moyens ne permettent généralement pas de venir dans des endroits de ce standing.
Mon homme fait quelques commandes sur son catalogue de vente par correspondance, et, pour l'avoir parcouru... je sais que ça reste accessible. De mon côté J'ai fait de bonnes affaires dans des magasins dirons nous plus populaires et, enfin, certaines pièces m'ont été offertes par ma mère.
Mais là, dans une boutique aussi raffinée, jusqu'à aujourd'hui, jamais.
Il me tient la porte, et je franchis le seuil pas très sereine. l'accueil est haut de gamme, très chaleureux mais tout en discrétion.
Jean à l'air d'avoir l'habitude de ce genre d'endroit. Il semble nager comme un poisson dans l'eau.
Après nous avoir reçus, la gérante, je crois, une dame blonde d'un certain âge, très bien apprêtée, nous invite dans le fond de la boutique.
Là, il y a un espace fermé par un rideau en velours rouge. Dans cette arrière salle, il y a des fauteuils d'un côté, des cabines d'essayage de l'autre et entre les deux et un psyché de taille imposante... c'est très cosy..
Elle installe monsieur sur un fauteuil. Et nous demande ce que nous recherchons.
Je ne sais trop quoi dire, un peu gênée mais Jean, lui n'hésite pas un seul instant :
- Nous voudrions voir des ensembles avec guepiere ou bustier, qui fasse un peu fille de maison close.
Je ne savais pas trop où me mettre.. J'étais soufflée : il savait vraiment ce qu'il voulait... à moins qu'il n'ait déjà tout prévu...

- Très bien. Veuillez me suivre dans la cabine, mademoiselle...

La dame me prend à part, dans une petite cabine d'essayage faite de velours rouge avec un miroir.
Elle m'invite à me dévêtir : je retire donc mes bottes et ma robe pour me retrouver en dessous devant la dame. Celle-ci me regarde sous toutes les coutures, me demande confirmation sur mes tailles, mon bonnet.
En bonne professionnelle, elle avait vu juste.
- Attendez-moi je reviens.
Je l'entends proposer un café à mon accompagnateur qui accepte. Je les entends discuter un peu.
Au bout de quelques minutes , elle revient avec des pièces de lingerie magnifiques sur le bras.
Elle me chuchote : - Vous en avez de la chance, mademoiselle, votre bienfaiteur est peu regardant sur la dépense...
Quoi ? Elle m'a bien dit bienfaiteur ? Elle entend quoi par là ? Le mot me choque un peu, j'étais déjà un peu chamboulée mais là !
On me prend pour une poule de luxe...
Les choses prennent effectivement une drôle de tournure.. c'est très bizarre... car au-delà de tout ça, c'est quand même un tantinet excitant...j'ai un peu honte de le reconnaître mais... c'est ce que je ressentais.
Je dégrafe mon soutien-gorge, puis l'accroche sur la petite patère devant moi.
Débute alors la séance d'essayages.
Je commence par un corset en satin noir et ivoire. Des petites fleurs noires dont brodées. Les baleines sont aussi recouvertes de satin. Avec un nœud au milieu.
Le bas se finit sur des jaretelles.
La vendeuse m'aide en fermant d'une main de maître les agrafes dans le dos. J'enfile le petit string assorti par dessus ma culotte.

- Allez-y montrez lui.
Elle ouvre le rideau. Et j'avance devant cet homme que je ne connaissais pas ne serait-ce que quelques heures auparavant... suis-je folle ?
Je marche doucement, timidement dans ce petit espace, je ne maîtrise plus rien, ni les événements, ni mes émotions...
Il me demande de tourner. Il me passe en revue...
Pièce suivante : un corset rouge et noir. Le laçage est sur le devant sert de fermeture au décolleté.
Petit string rouge et noir assorti et je ressors. Même regard, tournez, etc...
Au fur et à mesure des essayages, je prends confiance en moi, je marche en le regardant dans les yeux... ou bien je me permets de dire mon ressenti devant lui, etc..
Troisième pièce, une guêpière qui faisait un peu plus moderne, plus sophistiquée : sur les côtés une fine résille brodée de fleurs noires et ivoires. Sur les bonnets et le ventre un similicuir très doux et fin les baleines sont relevées par un léger froufrou en satin. Une fine dentelle imitation laçage remonte au milieu du buste. Et de fines jaretelles noires pour couronner le tout.
Quand elle accroche les agrafes dans mon dos elle me dit :
- Celle-ci va faire son effet ça met vraiment en valeur votre buste assez longiligne, elle a quelque chose de chic mais elle donne également ce petit côté putain que monsieur recherche.

Elle aussi, elle était directe.
Je crois qu'ils se comprenaient parfaitement tous les deux.
Je vivais donc l'inverse du film pretty woman sorti en salles 4-5 ans auparavant. Oui je le vivais à l'inverse, car nous étions en train de transformer la jeune étudiante que j'étais en putain de luxe...
Quand je suis sortie de la cabine, j'ai vu tout de suite que cela plaisait à monsieur. On pouvait lire le désir naître dans ses yeux. La vendeuse avait donc vu juste.
Après un petit instant où, silencieux, il écoutait les commentaires de notre conseillère. Il ouvrit la bouche :
- Parfait. C'est exactement ce que je cherchais.
Je me regardais dans le psyché, c'est vrai que j'étais mise en valeur, je me sentais très sexy.
J'étais en lingerie fine devant ce presque inconnue avec cette vendeuse qui ça et là réajustait le vêtement sur ma peau, en faisant de petits commentaires ou donnant de petits conseils comme :
- Voyez, vous pouvez mettre le string soit par dessous les jaretelles soit par dessus c'est comme vous le souhaitez.. visuellement c'est mieux par dessous mais c'est plus pratique par dessus comme cela vous pouvez le retirer à votre guise sans défaire les jaretelles...
Ou en me faisant tourner :

- Voyez Monsieur a l'arrière le bas tombe bien et met en valeur le galbe de la fesse et accentue l'effet du string...
Après cette séance d'essayage, je me rhabillai dans un état second.
Je venais de vivre ce que je n'avais jamais vécu avec mon homme et ça, ça me troublait énormément.
Quand je suis sortie, la vendeuse avait tout rangé dans un grand sac. Il venait de m'acheter une parure magnifique : guêpière, string, et bas.

Nous quittâmes la boutique, je tenais le bras de mon bienfaiteur, donc, je lui dis doucement :
- Je ne sais comment vous remercier.
- On va dire que c'est parce que vous êtes venue... et puis la journée n'est pas finie...
Nous avons marché un petit moment en discutant très peu, je me laissais porter... ou plutôt transporter par le trouble qui brûlait au fond de moi.

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