25. Attraction

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Nous continuâmes notre bonhomme de chemin sans nuage pendant quelques semaines.
Et bien sûr comme dans toute vie de couple, il y a des disputes...
J'avoue, qu'avec la dernière année d'études je me mettais la pression, je commençais à être... très chiante. Chiante de nervosité, d'impatience... mais lui ne donnait pas sa part aux chiens non plus...
c'est ainsi qu'un soir, comme un temps lourd et orageux, ça a fini par péter.
- Tu me casses les rouleaux avec tout ça...
- Tu pourrais y mettre du tien...au moins en ce moment tu ne fais aucun effort !
- Putain, j'ai mon rapport de stage et toi tu me saoules avec cette histoire.
- Je te saoule ? Moi je te saoule ? Tu n'avais qu'à t'y prendre avant ! Ça c'est comme les révisions, tu fais toujours tout à la dernière minute !

De fil en aiguille, la dispute a pris de l'ampleur, toute la tension accumulée ces dernières semaines.. j'étais tendue, j'avais pris sur moi, lui aussi... c'est lui qui avait démarré le premier.
Tous les reproches y sont passés, nous sommes allés très loin...
On s'était rarement engueulé comme cela.
Je n'en pouvais plus. Lui non plus.
Dans cette escalade, on en était presque au point de s'insulter... à un moment, il m'a dit :
- J'en ai marre de ces conneries, je me casse, je vais aller dormir chez mes parents ça me fera des vacances !
Je lui hurle :

- C'est ça casse-toi retourne chez ta mère !
J'étais furieuse, et cette histoire qui était partie d'une simple idiotie s'est emballée comme une trainée de poudre...
Il se fait un sac et effectivement, quitte l'appartement.
Voyant la porte se claquer, je craque en pleurs, assise dans le couloir et entre les sanglots je lâche :

- C'est ça casse-toi !

Après quelques instants, je me suis relevée, j'ai jeté un coup d'oeil par la fenêtre, sa voiture n'était plus là...j'ai encore laissé éclater de la colère, en faisant voler quelques affaires... en pleurant, en rugissant...
Ensuite, cette rage a fini par retomber, je me suis trouvée conne, alors pendant plusieurs minutes et en pleurs, j'ai rangé tout ce bazar qui ne m'avait pris que quelques secondes à faire...
Une fois le calme revenu, je me sentais désemparée.. et je me suis sentie seule... mais seule...
Assise dans le canapé, je pleurais doucement...
Je me sentais vide... je me sentais mal...
Perdue dans mes idées sombres, une idée s'est imposée à moi ou plutôt quelqu'un : Jean.
Je ne sais pas pourquoi, mais j'avais envie de le voir. Son image entêtante venait hanter mon esprit, mon corps..

Alors, Je me lève pour aller prendre mon agenda dans mon sac à mains et l'appelle en pleurs.
Il semble étonné de mon appel, car depuis notre fameuse après-midi, je n'ai pas donné de nouvelles.
Il me demande ce qu'il se passe puis :
- On s'est engueulé, il est parti chez ses parents...vous vous croyez que je peux venir ? J'ai envie de vous voir...
- Écoute, là je ne suis pas disponible mais viens vers 21h. Ça te va ?
- Oui. Je serais là à 21h.
- Par contre, j'ai une condition.

- Laquelle ?
- Tu sais ce que tu dois mettre comme tenue...
- Ou-oui d'accord.
- Très bien. Je t'attends alors... A tout à l'heure.
- A tout à l'heure.
Je raccrochai le combiné... puis regardai l'heure : 19h30...
Ok, je ne pourrais pas expliquer cette sensation ressentie quand j'ai entendu sa voix.
J'étais comme hypnotisée, comme s'il avait une emprise sur moi.
Il fallait que je le vois.

Si cela ne tenait qu'à moi je crois que je serais partie de suite le retrouver... mais il n'était pas disponible... alors, je suis allée prendre une bonne douche pour me détendre.
L'esprit un peu vide, je quitte la salle de bains enroulée dans ma serviette. Je m'assois sur le lit en soufflant doucement... je m'allume une cigarette puis mets en route la chaine hi-fi. Je lance une cassette des Levellers.
Au bout de quelques instants, j'écrase ma cigarette et me lève pour aller dans le placard du couloir.
Je monte sur mon petit escabeau et comme un pirate devant sa cachette aux trésors, je sors les boîtes de lingerie qu'il m'avait offerte.
Une fois dans la chambre, j'ouvre presque religieusement les petits emballages.
Pourquoi tout cela : Je suis encore énervée après mon homme et je crois que cet appel téléphonique est aussi une façon de lui donner une gifle à distance, un affront pour le punir d'avoir été aussi con.
Alors je me lève et passe la guêpière sur moi... j'accroche les agrafes par devant puis la tourne et l'ajuste sur ma poitrine passe les bretelles, et finis d'attacher les dernières attaches.
Je me regarde dans la glace du couloir, satisfaite...
je continue, en enfilant les bas, puis le string.
Je ne suis pas très à l'aise, je n'aime pas trop cette sensation du tissu entre les fesses.. mais je vais m'y habituer.

J'ai enfilé cet ensemble comme un soldat enfilerait son uniforme pour aller au combat... concentrée, déterminée.

Après avoir réfléchi quelques minutes, je prends le parti de ne pas me prendre la tête pour m'habiller... je... je suis plutôt pressée de le voir... peut-être sera-t-il déçu mais tant pis j'aurais déjà mis la guêpière c'est déjà ça... je me suis convaincue que le principal etait le contenu... moi... plutôt que le contenant.

Bref, je décide alors d'enfiler mon gros pull large et un jean. Pas de prise de tête, ça fait longtemps que l'on ne s'est pas vus...
j'ai encore du temps, alors je me maquille un peu pour me redonner une meilleure mine après tous ces cris et ces pleurs.
Je mets mes doc martens, j'enfile mon manteau, prends mon sac à main et pars dans la nuit tombante rejoindre cet homme.
Dans la voiture je conduis comme si un aimant m'attirait vers cet arrondissement de Lyon... je pleure encore un peu dans la voiture mais je limite la casse.
Je tourne dans sa rue et cherche une place à proximité... ça va au bout de dix minutes à tourner dans le quartier je trouve une place à environ 200 m de son immeuble.
Je rentre dans l'immeuble, grimpe dans l'ascenseur et me voilà devant la porte. Je sonne, j'entends qu'il s'approche de la porte et le bruit du verrou. La porte s'ouvre. Je le vois, cet homme, un peu plus grand que moi, ses tempes grisonnantes. Même en ce début de soirée, il est bien habillé, il est en pantalon droit et chemise blanche.
Une petite lampe est allumée dans l'entrée, ça donne une ambiance tamisée..
Je dois avoir l'air misérable pour un homme comme lui, habillée comme une simple étudiante. En plus, avec mes petites rechutes dans la voiture, et bien le maquillage forcément...
Il dit : - Viens, rentre.
Je pose mon manteau et mon sac dans l'entrée et reste là timidement. Je me tourne vers lui, il se rapproche et pose sa main chaude sur ma joue, je ferme les yeux. Il essuie la larme qui coule avec son pouce puis le passe doucement sur mes lèvres.

Il rentre dans le salon et va vers un meuble : - Je te sers un verre ?
Je reste bras croisés dans l'encadrement de la double porte vitrée qui sépare entrée et salon.
- Oui je veux bien.
- Whisky c'est ça ?
- Oui.
Il remplit mon verre et me le tend. Je le bois doucement. Ça me réchauffe un peu le cœur.
Il sirote également son verre en me regardant de son regard pénétrant.
C'est fou ce qu'il dégage, Il me trouble... je crois même que je ressens une part d'intimidation inconsciente venant de cet homme.
Après avoir porté le verre à sa bouche :
- Tu en as mis du temps pour revenir. Je pensais que tu allais me téléphoner plus rapidement..
Je baissais un peu les yeux.
- Oui, je sais. Mais...
- L'important est que tu sois là. Ça me fait plaisir de te voir. Je suis content que tu me sois revenue.
Et il approche ses lèvres des miennes. Je me laisse embrasser...
- Je t'en ressers un ?
- Oui volontiers... merci. Je peux fumer une cigarette ?
- Oui bien sûr, attends je vais te chercher un cendrier...
Pendant ce temps là, je sors mon paquet de cigarettes j'en profite pour me rapprocher de la baie vitrée, et me perds dans le reflet de celle-ci...
Il m'invite à m'asseoir. Je m'installe dans le canapé et lui dans le fauteuil. Nous avons ensuite discuté des raisons de ma venue ou plutôt de l'engueulade. Il m'a réconfortée en me disant, notamment, que ce sont des choses qui arrivaient et que ce n'était certainement qu'une tempête passagère... puis de fil en aiguille nous avons discuté de choses et d'autres...
Ainsi, au bout de quelques temps, et de ces quelques verres, mon stress est raisonnablement redescendu.
Je me sens un peu plus légère. il me sourit puis :
- Bon. Ça va quand même un peu mieux ?

- Oui.
Il se rapproche, et s'assied à côté de moi, plante ses yeux dans les miens.
Il se rapproche encore et m'embrasse... je me laisse transporter. Je me cale contre son épaule et me détend encore un peu...
- Tu veux encore un verre ?
- On va croire que vous cherchez à me saouler ! Mais...oui je veux bien... ça me détend quand même...
Il me resservit donc un verre. Il me caresse l'épaule.
Au bout de quelques minutes, je sais, ce n'est pas très glamour mais j'avais un petit besoin naturel qui devenait pressant..
- Excusez moi, où, où sont les toilettes ?
- La première porte dans le couloir, et ensuite c'est la salle de bains...
Quand je me suis levée, c'est là que je me suis rendue compte que j'avais peut-être un peu trop bu, accepter des verres comme cela, alors que j'étais à jeun cela n'avait pas été raisonnable.
Je suis quand même arrivée jusqu'aux toilettes.
Je passe ensuite par la salle de bains, elle est à la hauteur de ce que j'ai vu de l'appartement. Une immense salle d'eau avec un meuble double vasques et une douche à l'italienne dans laquelle on pourrait facilement tenir à trois.
Impressionnée, je me lave les mains puis je me rafraîchis en me passant de l'eau sur la nuque pour essayer en vain de faire passer ce petit trouble éthylique qui pointait le bout de son nez.

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