L'ASC

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Assise sur les marches de l'autel d'une petite église, je laisse Noëmie examiner mes blessures. Je repense encore à cette flamme qui a causé la perte de maman. Elle était du même rouge que les iris de l'inconnu qui contemplait son corps. Qui pouvait-il bien être ?

La douce voix de la jeune femme interrompt ma réflexion :

- Par la puissance et la miséricorde du Seigneur, je te guéris.

Les brûlures et les plaies parsemant mon corps disparaissent aussitôt. Surprise, je l'interroge :

- Comment as-tu. . .

- J'ai reçu de Dieu le don de thaumaturgie.

- Rares sont ceux dotés de tels pouvoirs, commente leur chef. Cela fait de Noëmie un membre indispensable de notre armée.

J'observe les trois individus me faisant face. L'une a des cheveux bruns mi-longs relevés en une queue de cheval. Sous sa frange se trouvent des sourcils fins et des yeux marrons. Une apparence banale dégageant pourtant un charisme impressionnant. Peut-être est-ce dû à sa posture parfaitement droite et à son calme qui traduisent une grande assurance.

Un autre a des cheveux châtain clair tirés en un petit chignon et des iris d'un bleu pâle, contrastant avec la luminosité émanant de son sourire.

La thaumaturge a de longs cheveux blonds dont elle n'attache que ceux qui pourraient la déranger en tombant sur son visage. Elle est d'ailleurs la seule qui s'autorise une marque de coquetterie avec son ruban bleu. Ses yeux sont les plus grands et les plus lumineux du trio.

Malgré ces apparences bien distinctes, ils revêtent tous le même uniforme : un pantalon et des bottes blancs recouvrent leurs jambes, surmontés d'une chemise claire et d'une longue cape frappée d'une croix bleue. Un crucifix en argent pend au cou de chacun d'entre eux. La capitaine est la seule à porter un accessoire unique : une médaille portant les couleurs du drapeau français sur laquelle est gravée une croix.

Je lis à voix haute ce qui est inscrit dessus :

- Capitaine de l'ASC en France. Qu'est-ce que l'ASC ?

- C'est l'Armée Sainte Catholique, me répond-elle.

- C'est nous, ajoute Enzo. Nous sommes chargés de combattre les démons afin de protéger les catholiques de leur mal.

- Je n'avais jamais entendu parler de vous. . .

- Nous devons rester les plus discrets possibles pour le bien de notre mission et afin de ne pas tomber dans le péché de vantardise, m'explique Gwenn. Voici pourquoi le public n'est pas au courant de notre existence.

- À toi, nous pouvons en parler, poursuit Noëmie, puisque tu es désormais sous notre responsabilité.

- Hein ? Pourquoi ?

- Tu viens d'échapper à un puissant démon, reprend leur supérieure. Si nous voulons êtres sûrs qu'il ne t'atteigne jamais, nous devons te conduire à Rome.

- En Italie ! ? Je ne connais personne là-bas. . . protesté-je, confuse.

- Connais-tu encore quelqu'un ici ? rétorque-t-elle.

Sa phrase me fait l'impression d'une balle en plein coeur. Je prends donc une grande inspiration pour conserver mon calme, puis lui réponds :

- Non, mais je sais que j'ai encore de la famille à Paris. Nous étions justement en route pour le rejoindre lorsque. . .

Ma voix se brise. Je revois le corps ensanglanté de maman.

- Qui ? Qui a bien pu lui faire ça ? ! m'écrié-je, les larmes aux yeux.

- Je viens de te dire que tu as échappé à un puissant démon, me répond Gwenn.

Mes poings se serrent. L'image de l'inconnu penché sur le corps de maman me revient en tête. C'est donc lui. . . C'est lui le responsable de ma souffrance. . .

- Je vais le tuer. . . déclaré-je en souriant déjà à l'idée de la douleur que je lui infligerai. Je vais lui faire regretter d'avoir ne serait-ce que pensé à nous faire du mal. . .

Je vois les trois regards qui me font face s'arrondir. La peur se lit dans leurs expressions pendant une fraction de seconde. Une peur qui me procure un sentiment de satisfaction, mais le poing de la capitaine me calme rapidement.

- Aïe ! m'exclamé-je en massant mon crâne.

- Cesse de dire des bêtises. Il est dangereux. Contente-toi de nous suivre et tout se passera bien, tu verras.

- Pourquoi dois-je vous suivre ? Ne serait-ce pas plus logique que j'aille retrouver le membre de ma famille que je vous ai évoqué ?

- Seule l'Église peut te sauver. Je t'ai déjà expliqué que la seule façon pour que ce démon ne t'atteigne jamais est de venir avec nous à Rome.

- Ce n'est pas juste ! Ça fait des années que j'attends le jour où je pourrai enfin retrouver. . .

- Silence, m'ordonne-t-elle sur un ton calme, mais froid et puissant. Ce n'est pas une proposition, mais un ordre. Nous partons à l'aube. Je m'occupe du premier tour de garde.

Sur ces mots, elle tourne les talons et s'éloigne. Enzo m'adresse un sourire compatissant :

- Je comprends que tu veuilles retrouver ta famille, mais pour ton bien et celui de tous, tu devrais renoncer à cette idée. C'est pour cette même raison que notre capitaine t'impose cette décision, alors quand bien même elle peut paraître dure et cruelle, ne lui en veux pas. Tout ce qu'elle fait, elle le fait pour notre bien. Telle est la mission de notre armée.

La mission de leur armée. . . Elle passe par le combat des démons.

Je rends son sourire au jeune homme en décidant :

- C'est d'accord. J'accepte de vous suivre.

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